vendredi 26 avril 2024
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Qualité de vie à Monaco – UPCV : « Nous sommes une unité au service de la population »

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Respectivement chef de division et chef d’unité, Fabien Vachetta et Maxime Volto présentent à Monaco Hebdo les rôles et missions de l’unité de préservation du cadre de vie (UPCV).

Pourquoi l’unité de préservation du cadre de vie (UPCV) a-t-elle été créée et quelles sont ses missions ?

Fabien Vachetta : L’unité a été créée pour être encore plus près du quotidien des habitants en termes de lutte contre les incivilités parce que nous nous sommes aperçus que nous avions de plus en plus de doléances par rapport au bruit, à la pollution sonore et aux problèmes de circulation. Nos équipes participent donc activement à la fluidité du trafic. Elles s’occupent également de tout ce qui est pollution environnementale puisqu’à Monaco, on prône toujours l’excellence. Nos agents travaillent en concertation avec la Société monégasque d’assainissement (SMA) pour sensibiliser et prévenir les commerçants, et les verbaliser en cas de dépôts sauvages. Nous faisons donc en sorte que les rues de la principauté soient toujours les plus saines possibles et que l’ordre public soit respecté. Car une des composantes de l’ordre public, c’est la salubrité publique.

Unité de préservation du cadre de vie UPCV
© Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

« Nous faisons en sorte que les rues de la principauté soient toujours les plus saines possibles et que l’ordre public soit respecté. Car une des composantes de l’ordre public, c’est la salubrité publique »

Fabien Vachetta. Chef de division

L’UPCV intervient aussi sur les nouveaux moyens de mobilité urbaine ?

Fabien Vachetta : Oui, nous sommes avant tout dans la sensibilisation avant de passer à la répression. Car, à Monaco, vous pouvez être sanctionné si vous ne respectez pas la réglementation en vigueur en trottinette électrique. Les véhicules bruyants et ceux qui perturbent le trafic… font aussi partie des missions de nos agents. Leur mobilité fait qu’ils peuvent intervenir rapidement pour traiter des problèmes différents en lien avec leur domaine de compétence.

C’est le cas, par exemple, des nuisances sonores ?

Fabien Vachetta : Les nuisances sonores peuvent être très présentes sur certaines artères. La principauté attire beaucoup de passionnés de sport automobile qui pensent, lorsqu’ils se retrouvent sur le tracé du circuit, qu’ils peuvent mettre une petite accélération. Mais si la petite accélération est reproduite au même endroit par 100 ou 150 personnes tout au long de la journée, vous ne pouvez plus habiter, ni vivre sereinement dans certains quartiers. C’est la raison pour laquelle l’UPCV réprime ce genre de comportement, et fait en sorte que les propriétaires de voitures de sport roulent normalement, sans mettre de grandes accélérations ou leur moteur sur Race parce qu’ils sont en ville, et non sur un circuit.

À qui étaient dévolues ces missions auparavant ?

Fabien Vachetta : Ces missions étaient auparavant effectuées par la division de police urbaine. Nous avons décidé de créer cette unité pour être en phase avec une police de proximité qui veille aux préoccupations quotidiennes des habitants. À chaque fois que nous avons des doléances, l’UPCV intervient. Le domaine de compétence de nos agents peut paraître assez diversifié mais il y a toujours ce fil rouge de la qualité de vie.

La création de cette unité spécifique était devenue indispensable ?

Maxime Volto : Il y a eu une montée en gamme sur ces prérogatives et sur cette logique de cadre de vie. Au niveau de la loi, le code de l’environnement a, par exemple, été créé pour réguler tous ces types d’infractions en lien avec l’environnement et le cadre de vie. La création de l’UPCV n’a donc pas été discutée uniquement au sein de la police. C’était vraiment une logique verticale, jusqu’aux plus hautes instances.

Fabien Vachetta : Cette volonté de préserver l’environnement s’est traduite au niveau de la sûreté publique par la création de la division l’évènementiel et de la préservation du cadre de vie et par cette intégration de l’UPCV au sein de cette nouvelle division.

Comment sont recrutés les agents de l’UPCV ?

Fabien Vachetta : Ils sont recrutés au sein des agents de police, des gradés de la sûreté publique. Ce sont des fonctionnaires qui peuvent venir de la police urbaine, ou éventuellement de la police maritime.

Comment sont-ils formés ?

Fabien Vachetta : Il y a d’abord un recrutement puisque nous avons beaucoup de demandes pour intégrer cette unité. Nous essayons d’avoir des petits tests de recrutement et de sélectionner des fonctionnaires réellement motivés. Il faut aussi que la personne soit relativement sportive, dynamique et qu’elle puisse être polyvalente. Une fois recruté, il y a toujours une période d’essai de six mois pour voir si la recrue correspond bien à nos attentes. Comme il s’agit déjà de fonctionnaires aguerris, qui ont l’habitude de la voie publique avec la police urbaine, une formation spécifique, interne et continue est ensuite opérée par les cadres de l’unité. Pendant plusieurs semaines, ils tournent avec les nouvelles recrues pour les sensibiliser sur leur travail et leurs missions, sur la façon d’agir et d’interagir avec les usagers. Car nous leur demandons d’être très respectueux. Le salut est obligatoire, tout comme les marques de respect et de politesse. Le dialogue doit systématiquement s’engager de cette manière. Nous avons d’ailleurs un retour positif de la population concernant les rapports qu’ils peuvent avoir avec les membres de l’UPCV.

Pourquoi l’UPCV est-elle si attrayante ?

Fabien Vachetta : C’est une façon d’appréhender la police différemment. Vous avez des missions très diversifiées, vous êtes mobile et sur le terrain. À l’UPCV, on est en permanence dans l’opérationnel ce qui plaît beaucoup aux jeunes fonctionnaires. Nous avons bien quelques anciens au sein de l’unité mais nos agents ont entre 28 et 40 ans.

Maxime Volto : Il ne faut pas oublier que nous sommes policiers avant tout. Tout ce qui va être accident ou recherche d’une personne à l’origine d’un vol, par exemple, fait aussi partie de nos missions premières. Nous avons donc une palette très large de tout ce qui peut se faire dans la police, que ce soit en termes d’infraction et de police urbaine, associée au cadre de vie. Enfin, ce qui plaît en troisième lieu, c’est aussi la proximité avec la population.

Unité de préservation du cadre de vie UPVC
© Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

« La population a compris que nous avons été créés dans leur intérêt. Nous sommes au service de leur bien-être et de leur cadre de vie »

Maxime Volto. Chef d’unité

Quel accueil avez-vous de la population ?

Fabien Vachetta : Il est très bon. De par leur différenciation en termes d’uniforme, la population les identifie facilement. Le fait de circuler à vélo électrique, donc en préservant l’environnement, donne par ailleurs un facteur sympathie aux yeux de la population. Enfin, le fait que nous soyons de prime abord dans la communication, dans la compréhension, dans les explications, et non dans la répression, permet à la population de mieux appréhender le travail et l’utilité de l’UPCV.

Maxime Volto : La population a compris que nous avons été créés dans leur intérêt. Nous sommes au service de leur bien-être et de leur cadre de vie.

Quelle est l’organisation au sein de cette unité ?

Fabien Vachetta : Les agents de l’UPCV travaillent sur des créneaux qui peuvent être très étendus en journée, de 7 heures du matin à 20 heures, selon les opérations. Mais la nuit, ils passent la main à la section de nuit de la police urbaine.

Quelles sont les infractions les plus fréquentes ?

Maxime Volto : En termes de contravention, les plus fréquentes concernent les infractions au code de la route, notamment de stationnement, qui viennent perturber la fluidité du trafic. En ce qui concerne les incivilités, nous avons pas mal d’infractions en lien avec les chiens, qui sont non tenus en laisse, qui vont sur la plage déambuler ou des déjections canines qui ne sont pas ramassées. Il y a aussi les dépôts de cartons. Certains sites sont régulièrement visés par des dépôts anarchiques, sauvages.

Unité de préservation du cadre de vie UPVC
© Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

Combien de contrôles effectuez-vous au quotidien et combien de contraventions dressez-vous ?

Fabien Vachetta : On ne nous impose rien. Nous n’avons pas d’objectifs fixés, nous ne fonctionnons pas au quota. Nous fonctionnons sur des thématiques par rapport à des doléances qui nous sont signalées et que nous traitons systématiquement. Si les faits sont plus graves, nous prenons les doléances par écrit, et nous entrons ensuite dans ce que l’on appelle des campagnes. Nous sommes avant tout une unité au service de la population.

Maxime Volto : Un nombre de PV élevé, ce serait finalement un échec de notre travail préventif. Ce qu’on aimerait, c’est mettre zéro PV toute l’année.

Trois ans après la création de l’UPCV, quel bilan dressez-vous de son action ?

Fabien Vachetta : D’une manière générale, sur les cinq thèmes principaux [fluidification de la circulation, préservation environnementale, lutte contre les dépôts sauvages de déchets, lutte contre les incivilités et lutte contre les nuisances – NDLR], il y a du mieux. Au niveau des nuisances sonores sur lesquelles je suis assez inflexible, d’après les retours que j’ai, il y a une nette amélioration. Il y a une nette amélioration également au niveau des encombrants et des dépôts sauvages de déchets. De par leur présence sur le terrain et leur proximité avec la population, les incivilités ont complètement été gommées en principauté. Pour nous, le bilan est donc très positif. On lit aussi que l’UPCV est efficace et que son action est appréciée. Nos effectifs vont d’ailleurs être prochainement augmentés, ce qui signifie qu’il y a eu beaucoup de succès et que les résultats sur le terrain se sont concrétisés par des satisfécits. Car le recrutement de cinq éléments supplémentaires, ça représente beaucoup d’argent. Ça pousse notre gouvernement à aller dans ce sens et à accentuer l’effort sur le domaine de compétence de l’UPCV en lui donnant encore plus de moyens.

Que vont vous apporter ces renforts supplémentaires ?

Fabien Vachetta : Ces cinq éléments supplémentaires vont nous permettre de travailler différemment avec des équipes de cinq sur des créneaux horaires beaucoup plus étendus, tout au long de la journée, pour avoir des task-forces à différents endroits de la principauté. Nous serons ainsi encore plus mobiles, plus actifs et plus présents.

Avec une attention particulière sur la fluidification du trafic ?

Fabien Vachetta : Tout à fait, la fluidification du trafic fait vraiment partie de nos axes de travail majeurs. Il s’agit de l’une de nos priorités au quotidien. Les effets de l’UPCV sur la fluidification du trafic ont été positifs et salués par tous. En intensifiant le personnel, nous allons non seulement maintenir les résultats obtenus mais nous allons en plus les développer. Ces renforts vont nous permettre de nous déployer sur d’autres artères obstruées de la principauté. Bien sûr ce n’est pas la solution, ni l’arme absolue de fluidification du trafic mais ça y participe.

Maxime Volto : Dans la même logique de ce que nous avons mis en place avec la SMA, nous échangeons en permanence avec le Centre intégré de la gestion de la mobilité (CIGM) pour que la fluidification se fasse mieux.

Malgré l’action de l’UPCV, les conseillers nationaux continuent de pointer les problèmes de circulation et une dégradation de la qualité de vie en principauté : cela vous touche-t-il ?

Fabien Vachetta : Nous sommes toujours à l’écoute, d’autant plus quand cela concerne des élus de la représentation nationale. Nous lisons, nous nous informons, nous regardons, et nous essayons toujours de voir ce qui est perfectible. Je n’ai jamais la vanité de dire que ce que nous faisons est parfait. Non, ce que nous faisons est perfectible. Et nous sommes là pour voir ce que nous pouvons améliorer. Quand les élus du Conseil national mettent en avant des dégradations au niveau de la qualité de vie, nous essayons de voir les domaines touchés et d’orienter nos actions en fonction. Toujours dans le respect des prérogatives qui nous sont imparties. Mais nous devons rester ouverts sur ce qui se passe, sur ce qui se dit dans la presse, sur ce qui dit au niveau de la population et des élus. Ensuite, nous sommes évidemment soumis à notre autorité de tutelle qui est le département de l’intérieur, et à notre hiérarchie interne. Nous nous positionnons par rapport aux consignes que nous recevons.

Unité de préservation du cadre de vie Monaco
© Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

Quels sont les futurs projets de l’UPCV ?

Maxime Volto : Nous allons moderniser notre parc de vélos. Nous faisons 30 à 35 kilomètres par vacation. Nous avons donc maintenant des vélos qui ont dépassé les 10 000 kilomètres. Le constructeur s’intéresse à l’évolution de nos vélos car nous en avons un usage intensif. Nous sommes donc un peu pilotes. Par exemple, nous avons utilisé du carbone dans les cadres en première dotation car c’était le matériel de pointe le plus efficace. Mais nous nous sommes rendu compte que l’aluminium résistait mieux. Le caractère opérationnel nous a amenés à faire évoluer nos vélos en fonction de notre utilisation. Le cadre de nos nouveaux vélos sera en aluminium. Ils seront aussi dotés d’une suspension avant pour nous permettre d’être encore plus mobiles sur le territoire et d’atteindre des parties plus difficiles d’accès. Nous aurons enfin une courroie de transmission, qui est une partie mécanique du vélo très sollicitée au niveau des changements de vitesse. Nous avons donc une évolution du parc en rapport avec notre utilisation intensive du vélo électrique.

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