samedi 20 avril 2024
AccueilActualitésSociétéUnité de préservation du cadre de vie : trois ans après sa...

Unité de préservation du cadre de vie : trois ans après sa création, quel bilan ?

Publié le

Créée en février 2020 pour veiller à la préservation et à l’amélioration du cadre de vie des résidents de la principauté, l’unité de préservation du cadre de vie (UPCV) n’a cessé de voir ses prérogatives et ses missions évoluer au fil du temps. Quel bilan peut-on dresser de son action trois ans après son lancement ? Pour le savoir, Monaco   Hebdo donne cette semaine la parole à celles et ceux qui font cette brigade, mais aussi à des acteurs politiques locaux.

Équipés de vélos à assistance électrique et d’un gilet bleu qui les rend facilement identifiables, les agents de l’unité de préservation du cadre de vie (UPCV) sillonnent depuis trois ans les rues de la principauté pour veiller à la préservation et à l’amélioration du cadre de vie des résidents. Fluidification du trafic routier, lutte contre les nuisances sonores et les incivilités… Aussi diverses que variées, leurs missions n’ont cessé de progresser au gré des évolutions sociétales. Avec toujours le même leitmotiv : la prévention et le dialogue, avant la répression.

De la « brigade de la circulation » à l’« unité de préservation du cadre de vie »

Si l’UPCV est opérationnelle depuis février 2020, les origines de cette police de proximité remontent en réalité à 2018. À l’époque, les élus du Conseil national, déjà mécontents des difficultés de circulation sur le territoire national, avaient réclamé au gouvernement princier des mesures afin d’améliorer l’état du trafic. « Pour fluidifier un trafic complètement bloqué par la multiplication des travaux, nous demandons la création urgente d’une brigade de la circulation, une unité spécialisée de la sûreté publique avec des agents dédiés recrutés à cet effet. Celle-ci pourra intervenir au quotidien sur les zones de bouchons lors des pics de circulation en lien avec le Centre Intégré de Gestion de la Mobilité (CIGM). La technologie ne fait pas tout, il faut une présence humaine près des carrefours chargés, pour garantir un trafic plus fluide », estimait en mars 2018, Stéphane Valeri, alors président de la Haute Assemblée. Pas forcément convaincu au départ, l’exécutif avait finalement accédé à la demande de la représentation nationale, et lancé quelques mois plus tard l’expérimentation d’un dispositif spécialement dédié à la circulation. Celui-ci prendra la forme d’une brigade d’une quinzaine de policiers, positionnés à des points névralgiques du territoire pour éviter les engorgements aux heures de pointe. L’objectif est alors d’accumuler toute une série de données et de recueillir le ressenti des équipes sur le terrain pour définir les futurs plans d’action. Cette opération-pilote, qui durera de septembre à décembre 2018, se soldera finalement par un succès, ce qui conduira l’exécutif à pérenniser ladite brigade. Rebaptisée « unité de préservation du cadre de vie », elle est aujourd’hui rattachée à la division de l’évènementiel et de la préservation du cadre de vie au sein de la sûreté publique.

Unité de préservation du cadre de vie Monaco
© Photo Manuel Vitali / Direction de la Communication

Si l’UPCV est opérationnelle depuis février 2020, les origines de cette police de proximité remontent en réalité à 2018

Missions élargies

Initialement dévolue à la fluidification du trafic routier, l’UPCV a vu ses missions et ses compétences évoluer au fil du temps. Désormais, cette brigade cycliste de la police lutte également contre toutes formes de nuisances sonores et d’incivilités. Du stationnement gênant aux dépôts sauvages sur la voie publique, en passant par les mégots de cigarettes ou les déjections canines, elle est chargée de veiller au respect de l’ordre public afin d’assurer la qualité de vie des habitants et une atmosphère de sécurité. Et ce, en privilégiant toujours la sensibilisation à la répression. « Avant tout le mot d’ordre, c’est prévenir, communiquer, apaiser des situations qui peuvent éventuellement devenir conflictuelles, tenir le terrain, et de par notre présence et le maillage qui s’opère sur le territoire, faire en sorte que les gens ne s’aventurent pas sur des comportements qui peuvent être préjudiciables pour l’ensemble des habitants et le bien-être en principauté », explique le chef de division Fabien Vachetta [à ce sujet, lire son interview dans ce dossier spécial — NDLR].

En 2022, les agents de l’UPCV ont ainsi répondu à plus de 40 doléances (1) touchant au cadre de vie, formulées par des particuliers, et effectué près de 9 000 passages sur les sites concernés

En 2022, les agents de l’UPCV ont ainsi répondu à plus de 40 doléances (1) touchant au cadre de vie, formulées par des particuliers, et effectué près de 9 000 passages sur les sites concernés. Des interventions qui s’ajoutent à leur participation quotidienne aux dispositifs de sécurisation générale du pays, d’assistance aux personnes et de lutte contre toute forme de délinquance. Sans oublier les rondes d’initiative effectuées en tous lieux de la principauté. « L’UPCV est aussi force de propositions », ajoute le département de l’intérieur, qui en veut pour preuve sa participation à « divers ateliers de travail touchant à la mobilité et à la gestion des espaces publics » ou encore ses rapports réguliers « en matière d’amélioration des conditions de déplacement des véhicules et des personnes ».

Initialement dévolue à la fluidification du trafic routier, l’UPCV a vu ses missions et ses compétences évoluer au fil du temps. Désormais, cette brigade cycliste de la police lutte également contre toutes formes de nuisances sonores et d’incivilités

Des renforts attendus en 2023

À ce jour [Monaco Hebdo bouclait ce numéro mardi 7 mars 2023 — NDLR], l’ensemble de ces missions est assuré au quotidien par 10 fonctionnaires, dont 3 femmes, placés sous le commandement d’un gradé. Un effectif qui devrait bientôt enregistrer du renfort, puisque le gouvernement princier a d’ores et déjà acté le recrutement de cinq agents supplémentaires en 2023. « Ils permettront d’avoir une attention toujours plus soutenue en matière de respect du savoir-vivre ensemble, de fluidité de la circulation ou bien encore d’accompagnement du développement substantiel du nombre d’utilisateurs d’engins de déplacement personnel, dont il convient de garantir la sécurité », indique le département de l’intérieur. Ces renforts sont naturellement appréciés par les conseillers nationaux, à l’image de la nouvelle présidente de la commission environnement et qualité de vie Nathalie Amoratti-Blanc et de sa vice-présidente en charge des mobilités Karen Aliprendi qui y voient « une prise en compte de la problématique par les pouvoirs publics. […] Il est important de faire un bilan annuel sur les difficultés rencontrées dans leurs fonctions, pour voir si à l’avenir il sera encore nécessaire d’augmenter leurs effectifs ». Pour autant, ces élues estiment que l’UPCV ne peut, à elle seule, limiter l’impact de toutes les nuisances sur la qualité de vie en principauté et attendent donc d’autres mesures fortes : « Nous avons toujours indiqué au gouvernement que, pour pouvoir constater de réelles améliorations à ce sujet, il faut mettre en place de nombreuses mesures variées et complémentaires. Il n’y a pas de solution miracle unique », expliquent-elles. Et d’insister : « L’UPCV n’est qu’une partie de la solution. Tant qu’elle ne sera pas accompagnée d’autres mesures, son effet sur l’amélioration du trafic restera assez faible » [à ce sujet, lire leur interview dans ce numéro spécial — NDLR]. L’enjeu est d’ailleurs de taille pour Monaco, qui a toujours fait de sa police un élément d’attractivité touristique et économique, permettant notamment d’attirer de nouveaux résidents. « Si vous continuez à bien vivre en principauté, elle continue à être attractive. Et sur un plan économique, c’est très important pour la principauté de maintenir cette attractivité. La police y participe grandement », estime le chef de division Fabien Vachetta.

Qualité de vie : l’UPCV a établi près de 7 000 PV en 2022

Si l’unité de préservation du cadre de vie (UPCV) privilégie toujours la prévention et la communication plutôt que la répression, elle peut, dans certains cas, être amenée à sévir. « En toute situation, leur intervention doit être conduite avec le discernement qui caractérise la sûreté publique. Aussi, leur action peut parfois conduire à de simples observations ou rappels à la loi », explique dans un premier temps le département de l’intérieur. Avant d’ajouter que « l’inobservation des règles a engendré, dans d’autres cas, l’établissement de près de 7 000 procès-verbaux [en 2022 – NDLR] ». Parmi eux, 5 700 ont sanctionné des infractions au code de la route et 400 des nuisances et incivilités, « dont plus de 260 pour des faits de bruits causés sans nécessité et dépôts d’ordures non autorisés et près de 140 pour non-respect de la législation sur les chiens », précisent les autorités. Et la note est bien souvent salée pour les contrevenants, puisque les amendes peuvent s’élever à plusieurs centaines d’euros, selon les faits reprochés.

1) Source : chiffres officiels communiqués par le département de l’intérieur du gouvernement monégasque.

Pour lire la suite de notre dossier « Qualité de vie à Monaco premier bilan », cliquez ici.