jeudi 28 mars 2024
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“Une ère répressive”

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Michel Sosso president de la CCIN
« Sous l'impulsion d'une sorte d'effet de mode technologique, la biométrie a fait l'objet d'un développement sauvage en principauté », alerte Michel Sosso. © Photo Monaco Hebdo.

Dangers des réseaux sociaux, exploitation abusive de données personnelles ou risques liés à l’utilisation de la biométrie… La commission de protection des informations nominatives (CCIN) veut faire entendre sa voix. Et lance une campagne d’information auprès du grand public.

La CCIN tire la sonnette d’alarme. L’équivalent monégasque de la CNIL a décidé de mettre les bouchées doubles en matière de communication et d’information. Via une plaquette annuelle baptisée « Droit d’accès » distribuée à 12?000 exemplaires dans toutes les boîtes aux lettres de la ville, dans laquelle la commission monégasque dresse un inventaire de tous les dangers liés aux nouvelles technologies. « Des cambriolages facilités à cause de l’application Facebook Places, des salariés licenciés du fait de propos publiés sur Internet, ou encore un employeur qui surveille en toute illégalité les destinations extraprofessionnelles de ses salariés via la géolocalisation », cite en exemples Michel Sosso, son président. Une deuxième vague d’information, prévue fin février, viendra compléter la campagne avec la distribution d’une brochure baptisée « Protégez votre identité » dans laquelle la CCIN informera les résidents monégasques de leurs droits en matière d’accès à leur donnés personnelles contenues dans les fichiers publics et privés?(1). Tout en précisant leurs droits?: d’opposition, de rectification, de suppression et autre droit à l’oubli. Bref, l’objectif de la CCIN est clair?: « Veiller à ce que la collecte des informations soit faite de manière transparente et honnête et que les données collectées soient correctes et traitées à des fins légitimes et non abusives ».

Biométrie sauvage

L’occasion également pour la CCIN de mettre le doigt sur un problème peu connu?: celui de l’utilisation de la biométrie à Monaco et de ses dangers. « Sous l’impulsion d’une sorte d’effet de mode technologique, la biométrie a fait l’objet d’un développement sauvage en principauté », alerte Michel Sosso. L’arrêté ministériel fixant les normes de classement des hôtels de tourisme établit en effet que l’une des conditions pour être estampillé 4 ou 5 étoiles est d’avoir un accès aux chambres par clé magnétique ou identification biométrique. « Or c’est disproportionné d’ouvrir une chambre d’hôtel avec des empruntes digitales. Et il faut savoir que ces dispositifs sont soumis à l’autorisation préalable de la commission. » L’autre message global que la CCIN a souhaité faire passer concerne l’utilisation des données personnelles dans la police?: « Depuis 2001 et les attentats du 11 septembre, on observe au niveau mondial une dérive sécuritaire fâcheuse, où l’inquiétude sociétale devient un motif d’asservissement et d’établissement de mesures liberticides, explique le président. Le risque est donc de voir une collecte déloyale et extensive de données personnelles ou encore une conservation illimitée des données ». Un message indirect destiné à la sureté publique monégasque?? En tout cas, après avoir été longtemps discrète, la CCIN veut faire entendre sa voix et entrer dans « une ère plus répressive ».

(1) A noter qu’après une campagne de communication auprès des professionnels, les dépôts de dossier de déclaration à la CCIN sont passés de 58 en 2009 à 1?079 dossiers en 2010.