samedi 20 avril 2024
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Un statut unique pour Noël??

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Manif du Syndicat-des-Jeux
Jeudi dernier, la centaine d'employés a défilé – pacifiquement – du local de l'union des syndicats, basé à la gare, jusqu'au casino, sous les vrombissements des F1. © Photo D.R.

Si les employés de jeux européens ont bien fait grève pendant le week-end du Grand Prix, une lueur d’espoir pointe à l’horizon?: les négociations autour du statut unique pourraient redémarrer en septembre. Avec pour objectif?: la conclusion d’un accord pour Noël.

C’est en plein essais libres du Grand Prix de F1 que les employés de jeux européens ont confirmé, le 26 mai, qu’ils feraient bien grève pendant ce week-end décisif pour la Société des bains de mer. Et ce après un vote en AG où seuls 28 croupiers se sont prononcés contre un mouvement social, sur 117 votants… Jeudi dans la matinée, le syndicat des jeux européens avait fait une dernière tentative auprès de la direction des jeux « pour éviter la grève ». Après avoir obtenu un ultime rendez-vous auprès de leur direction bicéphale, assurée par Eric Schroeter et Patrice Solamito, la centaine d’employés avait ainsi défilé – pacifiquement – du local de l’union des syndicats, basé à la gare, jusqu’au casino, sous les vrombissements des F1… Mais comme on pouvait s’en douter, il n’est rien ressorti de cette rencontre inopinée. Tout comme il n’est rien ressorti du rendez-vous, qui s’était déroulé la veille, au ministère d’Etat. Pour le ministre d’Etat Michel Roger, accompagné des conseillers pour les finances et les affaires sociales, Marco Piccinini et Stéphane Valeri, logiquement, il n’était pas question de céder à la pression d’un éventuel mouvement social?: « Le Ministre d’Etat a fait part de sa désapprobation devant la méthode qui consiste à accompagner systématiquement la demande d’ouverture de négociations par des menaces de conflits sociaux et ce d’autant plus à la veille de week-ends où la Principauté organise des évènements exceptionnels et déploie tous ses efforts pour attirer une clientèle de haut niveau », a ainsi souligné un communiqué officiel mercredi dernier.

« L’arbre qui cache la forêt des revendications?! »

Au-delà du refus de « céder au chantage », il semble de plus évident que le gouvernement ne compte pas accepter une augmentation du minimum garanti des employés de jeux européens à 10?000 euros, chiffre révélé par la Société des bains de mer. Un chiffre d’ailleurs contesté par le syndicat des jeux européens, qui « ne s’abaissera pas à rentrer dans une polémique des chiffres ». « Cette fixation autour du minimum garanti est l’arbre qui cache la forêt des revendications?! » tonnent les syndicalistes qui rappellent au passage leur système de rémunération?: « Les revenus des employés de jeux européens sont exclusivement issus des pourboires donnés par la clientèle et de 7 % sur les recettes des jeux de tables. En contrepartie, 30 % de ces pourboires sont utilisés par l’employeur pour participer aux salaires des employés non jeux de la SBM. »

Pour les employés de jeux, les revendications vont bien au-delà de la hausse du minimum garanti?: « délabrement et manque d’entretien de certains salons de jeux – lors de fortes pluies, il pleut dans les salons et il a fallu parfois, durant l’hiver, fermer les salons privés à cause du froid de la poussière, du bruit de marteau piqueur ainsi que des odeurs de solvant –, gestion incohérente et défaillance de la politique d’approche et de fidélisation de la clientèle, investissements colossaux tout azimut opérés par la SBM à l’étranger, ainsi que dans les jeux virtuels (jeux en ligne), qui, à ce jour, n’ont toujours pas porté leur fruit… » Les syndicalistes sont tombés à bras raccourcis sur la direction du fleuron de l’économie monégasque.

Rencontre avec Biamonti

C’est finalement au lendemain du Grand Prix, le 30 mai, que les esprits échaudés se sont calmés. Et qu’on reparle enfin de retourner à la table des négociations. Lors d’une rencontre avec Jean-Luc Biamonti, les représentants du syndicat des jeux européens seraient tombés d’accord avec le président du conseil d’administration de la SBM, pour « trouver une solution pour un nouveau statut unique », indique le secrétaire général Eric Elena. « Nous étions prêts à nous y mettre sur le champ mais les négociations devraient reprendre en septembre dans l’objectif de signer un accord d’ici à la fin de l’année », souffle le syndicaliste. Rappelons que le projet de statut unique avait achoppé en début d’année, le baccarat et les jeux européens l’ayant refusé respectivement à 100 % et 82 %. « Ce statut était techniquement inapplicable et avait pour conséquence immédiate le sacrifice des futures générations d’employés de jeux à fort taux de nationaux, ce qui ne correspond pas aux attentes de la majorité des employés des jeux tous secteurs confondus. En revanche, ce projet permettait à la SBM par anticipation et en cas de condamnation (puisqu’un procès est en cours), de faire supporter la masse salariale supplémentaire du Sun Casino par les jeux européens », justifie le syndicat des jeux européens, dans un communiqué.

Relance DU statut unique

Reste donc désormais – et c’est le plus difficile – à trouver un terrain d’entente entre les différents secteurs de jeux. Mais sur quelle base?? « La nouvelle discussion sur un statut unique doit tenir à la fois compte des intérêts légitimes des employés de jeux mais également de la conjoncture économique difficile et de la concurrence toujours plus vive dans le domaine des jeux, prévient de son côté le gouvernement. De vraies avancées sociales ne pourront être assurées que par une entreprise ayant retrouvé une réelle compétitivité. C’est à cette seule condition que l’avenir tant de la société que du personnel sera garanti. » En attendant la « réanimation » du dialogue social, le conflit entre syndicat et direction de la SBM se jouera entre les mains des avocats. Mercredi 8 juin, c’est en effet devant la justice monégasque que les employés de jeux européens réclameront l’application de leur convention de travail, prévoyant qu’ils ont le monopole de la roulette européenne. Ambiance…

Pas de grève pour les caissiers
Ils ont choisi de se démarquer des employés de jeux européens. Les caissiers du casino ont renoncé, suite à une assemblée générale le 26 mai, à faire grève pendant le Grand Prix. Objectif?: montrer un signe d’ouverture vis-à-vis de la direction de la SBM. Bien que les négociations soient actuellement au point mort. En effet, les précédents mouvements sociaux de ces caissiers, durant le Grand Prix 2010 et en décembre dernier, ne semblent pas avoir porté leurs fruits. S’ils avaient obtenu la garantie d’un intéressement l’an passé, équivalent à celui des caissiers des appareils automatiques, c’est sur le montant de cet intéressement que caissiers et direction s’opposent. Selon leurs calculs, « les caissiers du casino pouvaient prétendre à un intéressement de 1,34 % là où la direction ne nous propose aujourd’hui que 0,57 %. En chiffres, la différence sur le salaire, en brut, équivaut à 2000 euros, sur des postes où les hommes exercent le même métier », expliquent les représentants syndicaux. Un désaccord qui pourrait très bien finir devant les tribunaux. « Nous avons consulté un avocat. Nos revendications lui semblent légitimes et fondées juridiquement… », rappelle un syndicaliste. Une action en justice, fondée, on peut le supposer, sur la discrimination de statuts entre les différents salariés de la société. Une action qui ne ferait que se rajouter au contentieux, de plus en plus lourd, opposant employés et direction de la SBM.