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Une rentrée scolaire à l’ombre
du coronavirus

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Les 5 774 élèves de la principauté ont fait leur rentrée, ce lundi 7 septembre 2020. Un retour en classe entre enthousiasme et appréhension face à l’épidémie de Covid-19, qui continue de sévir à Monaco.

«Cette rentrée n’est évidemment pas comme les autres. La Covid-19 a bouleversé la vie de chacun, et notamment l’école », a reconnu la directrice de l’éducation nationale, Isabelle Bonnal, lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée mardi 1er septembre 2020. Avant d’insister sur la nécessité de retrouver le chemin de l’école « dans de bonnes conditions » après une longue période de confinement qui aura mis en lumière « l’importance du lien entre professeurs et élèves ». « Le retour en classe est indispensable non seulement pour l’apprentissage des élèves mais aussi pour leur bien-être, la construction de leur personnalité et donc leur avenir », estime la directrice de l’éducation nationale qui est ensuite revenue sur les mesures sanitaires mises en place dans les établissements de la principauté.

Rentrée masquée

Parmi celles-ci, figure notamment le port du masque obligatoire pour tous (personnels, enseignants et élèves) « dès le cours préparatoire (CP) » précise l’éducation nationale. La principauté se démarque ainsi de son voisin français, qui impose lui le port du masque dès l’âge de 11 ans, ce qui correspond au collège. Reste à savoir si des enfants de cet âge seront en mesure de garder leur masque toute la journée en classe alors qu’il est déjà compliqué pour des adultes de le porter sur leur lieu de travail. Et pour celles et ceux qui n’en disposeraient pas, des masques seront distribués gratuitement a par ailleurs indiqué Isabelle Bonnal en conférence de presse. Le respect des gestes barrières (distanciation en classe et lors des déplacements, lavage des mains réguliers, entrées et sorties des élèves sur plusieurs lieux…) est également de rigueur pour prévenir toute contamination au sein des établissements. À la cantine, les conditions sont similaires à celles établies dans les restaurants. À savoir : tables de 10 personnes maximum espacées de 50 cm minimum, port du masque dans les files d’attente, service et portion individualisés, plateau-repas sous film d’emballage… Si la pratique du sport scolaire est de nouveau autorisée, certaines activités de contact restent toutefois toujours interdites. Les récréations sont aussi rétablies, avec une répartition des élèves dans différents espaces « ou à défaut le port du masque sera obligatoire ». Enfin, toute personne présentant des symptômes du Covid (fièvre, fatigue, toux, maux de gorge…) est invitée à rester à la maison et à prendre contact avec son médecin dans les plus brefs délais. « Je veux assurer les élèves, les parents, les personnels du souci constant du gouvernement princier de garantir une sécurité sanitaire absolue », a déclaré Isabelle Bonnal, soucieuse de dissiper les appréhensions et inquiétudes face à un virus qui continue de circuler activement dans la région.

© Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

« Le retour en classe est indispensable non seulement pour l’apprentissage des élèves mais aussi pour leur bien-être, la construction de leur personnalité et donc leur avenir » Isabelle Bonnal, directrice de l’éducation nationale

Pas de dépistage systématique

L’éducation nationale, en accord avec les autorités sanitaires de Monaco, a, en revanche, écarté l’idée d’un dépistage de tous les personnels et élèves de la principauté. Sa directrice, Isabelle Bonnal, estime en effet qu’une telle campagne de dépistage « n’a pas vraiment de sens, car vous pouvez à un instant T être négatif et le lendemain être positif. […] Dans la mesure où nous respectons toutes les préconisations sanitaires, on ne pourra pas contaminer qui que ce soit. C’est impossible de contaminer quelqu’un si on porte le masque ». « Je pense qu’on a moins de risque d’attraper la Covid-19 à l’école plutôt qu’à l’extérieur », insiste la directrice de l’éducation nationale. Ce dépistage systématique des élèves et personnels était pourtant attendu par le Conseil national. Dans un communiqué de presse en date du 1er septembre 2020, les élus appelaient en effet l’État à procéder à une vaste campagne de dépistage avant la rentrée : « De nombreux parents d’élèves ainsi que la communauté éducative, expriment leur préoccupation sur les conditions du retour en classe, à ce jour imprécises. Il apparaît nécessaire que l’ensemble des personnels et des élèves, puissent faire l’objet d’une vaste campagne de dépistage ». Les élus n’auront donc finalement pas été entendus, l’éducation nationale préférant miser sur le port du masque obligatoire dès le cours préparatoire. « Vous pouvez compter sur nous : pas un élève n’ira à l’école sans le masque, promet Isabelle Bonnal, même s’il l’oublie, toutes les écoles ont des masques chirurgicaux. Il n’y aura donc pas de problème à ce niveau-là. Les enfants, les enseignants… porteront des masques donc ce n’est pas possible qu’ils (les élèves) soient contaminés ». Et si un cas de Covid venait malgré tout à être enregistré, « toute la classe sera isolée, confinée et tous les élèves et professeurs seront testés », indique la directrice de l’éducation nationale.

Trois scénarios envisagés

Pour appréhender au mieux l’année à venir, l’éducation nationale, en collaboration avec les autorités sanitaires du pays, a élaboré trois scénarios possibles. Une circulation modérée du virus, cadre de cette rentrée 2020, qui assure un fonctionnement des établissements scolaires normal avec la mise en œuvre des mesures sanitaires règlementaires. Deuxième scénario, si un cas avéré de Covid-19 est détecté parmi les élèves ou les professeurs, ce sont les autorités sanitaires qui fixeront la marche à suivre. Cela pouvant aller jusqu’à la mise en quatorzaine d’une classe entière avec cours à distance dans l’intervalle. « Cette organisation permettra de ne pas perturber le rythme des élèves, tout en leur donnant la possibilité de continuer à suivre les cours depuis leur domicile », assure l’éducation nationale. Enfin, en cas de très forte circulation du virus, le gouvernement pourrait être amené à prononcer la fermeture des établissements scolaires. « Dans ce cas, les élèves suivront l’enseignement à distance qui sera alors dispensé par leurs professeurs. Des micro-garderies seront également réactivées pour les jeunes élèves que les parents ne pourront pas garder, à l’instar de ce qui a été fait avant l’été 2020 », précise l’éducation nationale qui en appelle à la vigilance et à la responsabilité de chacun.

© Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

« Je pense qu’on a moins de risque d’attraper la Covid-19 à l’école plutôt qu’à l’extérieur » Isabelle Bonnal, directrice de l’éducation nationale

La rentrée scolaire 2020 en chiffres*

  • 5 774 : C’est le nombre total d’élèves inscrits dans les établissements d’enseignement publics et privés à Monaco pour l’année 2020-2021. Ils étaient 5 749 en 2019-2020.
  • 4 458 : Parmi ces 5 774 élèves, 4 458 sont inscrits dans le secteur public. Et 1 316 le sont dans le secteur privé, ce qui représente 23 % de l’ensemble des élèves scolarisés en principauté (+ 1 % par rapport à l’année dernière).
  • 518 : C’est le nombre total d’enseignants en poste à la rentrée scolaire 2020-2021. 176 d’entre eux enseignent dans le primaire et 342 dans le secondaire.
  • 329 : C’est le nombre total de personnes (hors personnels de direction) employées au titre de personnel non-enseignant pour cette rentrée 2020-2021 (175 dans l’enseignement primaire et 154 dans l’enseignement secondaire). 97 % d’entre eux travaillent dans le public.
  • 18 : C’est le nombre total de personnes qui occupent des postes de personnels de direction dans les établissements de la principauté.
  • 865 : Comme le nombre de personnes employées dans les établissements scolaires de Monaco pour l’année 2020-2021. Soit 7 de plus par rapport à l’année 2019-2020.
  • 13 : C’est le nombre total d’établissements scolaires en principauté (10 sont publics et 3 sont privés).

*Source : chiffres 2020-2021 communiqués par l’éducation nationale.

Année scolaire 2020-2021 les principales nouveautés

Cette année scolaire 2020-2021 s’accompagne d’un certain nombre de changements et de nouveautés dans le contenu des programmes. En voici les principales :

Réforme du baccalauréat

En 2021, les élèves de Terminale passeront pour la première fois le baccalauréat « nouvelle formule ». Il se caractérise par une plus grande place donnée au contrôle continu qui compte désormais pour 40 % de la note finale.

Les épreuves ponctuelles de fin d’année représentent, elles, les 60 % restants. Chaque élève passera quatre épreuves en juin 2021 : les deux enseignements de spécialité choisis, la philosophie et le « grand oral ».

Trois nouvelles options pour les Terminales

De nouvelles options sont proposées depuis cette rentrée 2020. Il s’agit de l’option « Mathématiques complémentaires », de l’option « Mathématiques expertes » et de l’option « Droit et grands enjeux du monde contemporain ».

Le bac professionnel poursuit sa mutation

La rentrée 2020 est marquée par l’entrée en vigueur en classe de Seconde, de la famille des métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Le chef d’œuvre fait aussi son apparition cette année. Ce projet associe matières générales et professionnelles et permet à l’élève de développer les compétences recherchées dans le monde du travail, notamment celui en équipe.

L’identité monégasque à l’honneur

Le deuxième tome de Monaco, mon histoire, préfacé par le prince Albert II, est édité cette année pour les élèves de CM1. Il s’agit d’un cahier d’activités consacré à l’enseignement de l’histoire de Monaco. L’enseignement de la langue et de la culture monégasque sera quant à lui renforcé par la création d’un enseignement pratique interdisciplinaire obligatoire baptisé « Culture, traditions et identité monégasques » pour le niveau 4ème.

Des évolutions dans la prise en charge personnalisée des élèves

Une deuxième classe d’adaptation primaire a été créée à l’école Saint-Charles. Elle accueille les élèves souffrant de troubles sévères des apprentissages (troubles « dys » : dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie…). Autre nouveauté cette année, chaque classe de CP bénéficie de deux enseignants pour permettre un enseignement individualisé et intensif destiné à accompagner efficacement chaque élève dans son entrée dans la lecture. Enfin, l’éducation nationale propose gratuitement depuis la rentrée une application baptisée Parkours, pour permettre aux élèves de combler quelques lacunes en français, mathématiques et anglais.

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