samedi 20 avril 2024
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Deux résidentes monégasques
en promotion du végétarisme

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Dans le cadre de la Semaine européenne de réduction des déchets (SERD), Fanny Rigaud et Carla Locchi, fondatrices de l’association monégasque de naturopathie,

des médecines douces et préventives, en ont profité pour sensibiliser à la réduction de la viande dans nos assiettes. Cette semaine, une quinzaine de restaurants de la principauté proposent une journée, ou plus, avec un menu sans protéine carnée.

Fanny Rigaud l’admet d’entrée : « Cela a été dur de convaincre les restaurateurs. » Elle, praticienne de médecine chinoise à Beausoleil et Carla Locchi, son binôme naturopathe lorsqu’elle n’est pas employée de banque, ont fait le tour de la principauté pour persuader les restaurateurs de proposer une carte sans viande pendant la Semaine européenne de réduction des déchets (SERD), du 16 au 24 novembre 2019. Ou alors au moins une journée. Ou juste une partie du menu. Bon, sans enlever le poisson. Voilà, en somme, à quoi elles se sont confrontées pour préparer cette action. Car il n’est pas simple de faire changer des habitudes culturelles, économiques ou culinaires aux individus ou groupements collectifs. Certains, comme les restaurateurs de la Société des bains de mer (SBM) « ont accepté tout de suite pour toute la semaine ». Même chose du côté du Castelroc, du Teashop, de l’Inattendu-E et du Eat Me. D’autres ont accepté avec plus de restrictions. « Deux restaurants au rocher proposent une ardoise supplémentaire, vegan, toute la semaine. Ce qui est bien. Sinon c’est une journée choisie sur la semaine », détaille Carla Locchi. « Notre but premier était que ce soit une fois par semaine dans chaque restaurant », s’expriment-elles en chœur, conscientes de la difficulté du projet, pourtant pas si irréaliste. Fanny Rigaud rappelle les enjeux : « Les années sont comptées. Ce qu’on fait à l’échelle personnelle, ce n’est plus suffisant. Il faut que les gens comprennent rapidement ce qu’ils peuvent faire. Manger un steak, de la charcuterie, du poisson, cela a un impact. Moins ils en consommeront, plus ils feront quelque chose de bien pour leur santé, pour le bien-être animal et le bien de la planète. Ce sont trois spectres énormes tout de même. »

Changer les pratiques à Monaco

Aujourd’hui, un végétarien ou végétalien en sortie au restaurant se voit offrir un choix très restreint, voire nul, en respect de son régime alimentaire. C’est cela que les deux résidentes monégasques aimeraient changer. « Nous sommes parties du constat qu’il y a du poisson ou de la viande dans chaque plat. A Nice, il y a des établissements qui proposent des choix végétariens et vegans. Ici, malheureusement, c’est difficile. Enfin, jusqu’à maintenant… », constate Carla Locchi. « C’est un souci de bien-être de la planète en général. Cela va très mal. Pour reprendre les mots d’Edgar Morin : « Je suis dans l’enthousiasme résistant. » Je n’ai pas envie de me laisser submerger par la morosité ou la déception. Du coup, c’est l’action qui me guérit », corrobore sa collègue, optimiste. C’est en tout cas ce qui transparaît de leur discours. Elles veulent garder espoir et « résister ». Et chaque petit pas est motif de satisfaction. « La fondation Albert II est ravie que des personnes aient pris à bras le corps le sujet. Ils veulent nous suivre là-dessus ». Dans le programme des évènements relatifs à la SERD, diffusé par la direction de l’environnement, leur Association monégasque de naturopathie, médecines douces et préventives est citée. Une reconnaissance qui donne une certaine légitimité à leur action.

Incitatif, coercitif ou les deux ?

Mais compte tenu de l’urgence, faut-il devenir dès demain, tous végétariens ? « C’est difficile. Si on dit : « Oui, il y a urgence, allons tous dans ce sens-là », on va nous dire qu’on est extrémiste et activiste. Ce n’est pas ce qu’on est. On a commencé chacune à son niveau à informer et sensibiliser. On ne dit pas : « Arrêtez tout ce qui vous fait plaisir ». Même si, au fond de nous, on se dit que ça peut être une solution dans l’urgence », concède Carla Locchi. Alors, comment changer des habitudes ? Des lois sont votées en permanence pour réduire, contraindre, limiter. Alors pourquoi pas sur l’alimentation, si l’intérêt général l’invoque ? « Économie de marché, avance Fanny Rigaud. On est tous impuissants par rapport à ça. En revanche, on peut agir sur certaines petites choses. » Sa camarade ajoute que « ça ne peut être qu’incitatif dans ce sens-là. Pour le plastique, en revanche, il y a des lois. » Elles qui militent, bien qu’elles récusent ce terme, pour une alimentation plus saine et respectueuse du vivant, ont d’autres projets à venir. « Nous aimerions le faire de manière régulière à Monaco. Pour qu’il y ait un effet boule de neige », souhaite Carla Locchi, en référence à la journée sans viande. « Arriver à faire quelque chose dans l’éducation nationale, également. Visiblement, c’est en bonne voie. Il faudrait amener un vrai chef vegan au lycée hôtelier pour former les sortants », ajoute Fanny Rigaud. Il reste donc un chemin encore long à parcourir pour convaincre une majorité. En attendant une semaine européenne de réduction des déchets qui précède le Black Friday, ou vendredi noir, comme pour atténuer quelque peu, par anticipation, la virulence d’un évènement devenant petit à petit une journée de consommation planétaire, synonyme d’amas de déchets massifs.