jeudi 25 avril 2024
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Bus, cars, trains, tramways… Pénuries de conducteurs : pourquoi ça coince

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Depuis des mois, le manque de conducteurs se fait sentir, et c’est toute la filière du transport qui se retrouve dans la difficulté. Transdev, qui gère les lignes de bus 607 et 608 qui desservent quotidiennement Monaco, est aussi touché. Des campagnes de recrutement ont été lancées dans ce secteur qui cherche à séduire à nouveau les salariés.

Le problème est général. Un peu partout, on manque de conducteurs de bus, de cars, mais aussi de trains, ou de tramways. Du coup, la SNCF et sa filiale Keolis, la RATP, essaient de trouver des parades pour faire face. La situation est identique chez Transdev, qui gère la ligne de bus n° 100, qui dessert Nice, Monaco, et Menton, et qui est divisée en ligne 607 et 608 jusqu’en avril 2024. Mais, désormais, ces acteurs de la mobilité travaillent tous sans filet. La preuve, le 30 septembre 2022, au premier départ du bus n° 100 à Nice, à 5 h 35, le chauffeur ne s’est pas présenté pour cause de maladie. Pas plus que le conducteur du deuxième bus, prévu à 5 h 55. Résultat, lorsque le bus suivant, à 6 h 10, est arrivé, plus d’une centaine de personnes attendait. Excédés, les usagers ont alors échangé quelques invectives, au milieu d’une grande bousculade, afin de tenter de pénétrer dans ce bus qui les amène chaque jour travailler à Monaco. La tension était maximale, et la moindre étincelle supplémentaire aurait pu entraîner d’éventuelles violences. Heureusement, le pire a pu être évité. « Deux chauffeurs, dont celui du premier départ, ne se sont pas présentés pour des motifs de santé, ce qui a entraîné des retards, et des surcharges, tout le début de matinée. L’aléa est par nature imprévisible, mais Transdev mène une campagne de recrutement pour tenter d’en réduire l’impact », assure la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni (1). Autre problème récurrent le matin, relevé par les usagers de la ligne 100 : l’utilisation de bus simples, et non pas systématiquement articulés, pour les premiers départs de Nice, alors que l’affluence est forte. La capacité étant réduite, cela provoque, là encore, des scènes de désordre, comme cela a été le cas le 21 octobre 2022 pour le bus au départ à 5 h 55. Seule parade pour éviter le pire, dans une ambiance électrique : l’ouverture de toutes les portes du bus par le chauffeur, qui subit les remontrances, et parfois même les insultes de certains usagers à bout de patience.

Impossible de compenser les absences de conducteurs. La conséquence est à la fois simple et immédiate : un ou plusieurs bus ne circule(nt) plus, obligeant les usagers à s’entasser dans les véhicules qui restent. Le tout dans un contexte tendu, au risque de bousculades

Bousculades

Ce que traduit l’épisode du 30 septembre 2022, c’est que, comme les autres acteurs du secteur, Transdev ne dispose plus d’une réserve de conducteurs. Du coup, en cas de maladie par exemple, impossible de compenser les absences. La conséquence est à la fois simple et immédiate : un ou plusieurs bus ne circule(nt) plus, obligeant les usagers à s’entasser dans les véhicules qui restent. Le tout dans un contexte tendu, au risque de bousculades. Privées ou publiques, toutes les entreprises du secteur sont touchées par ce phénomène. Sur le rail, la SNCF peine aussi à séduire. Il manque 1 % des conducteurs de train au niveau national selon SNCF Voyageurs, soit environ 150, et le double pour les syndicats, selon des chiffres rapportés par Le Monde. La SNCF cherche donc à recruter 1 200 conducteurs d’ici fin 2022. Environ 450 auraient été embauchés, pour le moment.

Depuis que la pandémie de Covid-19 est passée par là, le rapport au travail a changé. Les jeunes ne sont plus vraiment attirés par ces métiers, car ils cherchent à donner du sens à leur activité professionnelle, tout en préservant leur vie personnelle

À Paris, la RATP est aussi en difficulté. Alors qu’un plan de recrutement de 1 500 conducteurs a été lancé, 700 ont été trouvés à ce jour [Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 25 octobre 2022 — NDLR]. Horaires contraignants, salaires pas suffisamment attractifs, métier difficile et trop peu motivant… Depuis que la pandémie de Covid-19 est passée par là, le rapport au travail a changé. Les jeunes ne sont plus vraiment attirés par ces métiers, car ils cherchent à donner du sens à leur activité professionnelle, tout en préservant leur vie personnelle. Résultat, en attendant que les campagnes de recrutement portent éventuellement leurs fruits, la pyramide des âges reste vieillissante dans les métiers du transport.

  1. A ce sujet, lire l’interview de la conseillère-ministre pour l’équipement, l’environnement, et l’urbanisme, Céline Caron-Dagioni : Ligne de bus 100 Nice – Monaco – Menton : « Pas de projet de renfort d’offre, mais un travail est fait pour améliorer la fiabilité des services », publiée dans Monaco Hebdo n°1260.