vendredi 19 avril 2024
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Pédopornographie :
la traque sur la Toile

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Depuis un an, l’opérateur monégasque Monaco Télécom traque les sites pédophiles sur Internet grâce à un système de filtrage. Plus de 5200 tentatives d’accès à ces sites ont été enregistrées depuis avril 2009.

L’opérateur monégasque mué en gendarme de la Toile ? Depuis avril 2009, Monaco Télécom s’est engagé dans la lutte contre la pédophilie sur Internet, avec la mise en place d’un système de filtrage visant à bloquer l’accès aux sites à contenu pédopornographique. Un an après, l’heure est au bilan. Plutôt alarmant. « Depuis le mois d’avril 2009, nous avons enregistré en moyenne 403 interceptions par mois. Ce qui représente au total 5 249 tentatives d’accès à ces sites sur une année », explique Agnès Ségala, chez Monaco Télécom (1). Preuve que la pornographie enfantine est un phénomène qui est loin d’épargner la Principauté. Ce dispositif est d’ailleurs devenu un véritable outil pour la police monégasque.

5 condamnations en 2009

« Quand l’appareil détecte un fichier avec un contenu illicite, une identification est faite à l’aide des informations communiquées par le logiciel. Sur instruction du procureur, nous diligentons alors une enquête pour identifier le titulaire de la ligne et ensuite recueillir ses justifications afin de savoir si c’est lui ou une tierce personne qui a réalisé ces connexions, explique Christophe Andronaco, commandant de police et chef de la section des mineurs et de la protection sociale. Sur les 3 dernières années, une dizaine de procédures par an ont été engagées. » Des investigations et des perquisitions informatiques sont alors effectuées au domicile de la personne. Le dossier est ensuite transmis au procureur général qui décidera ou non de renvoyer la personne devant un tribunal. Au total, 5 condamnations en 2009 ont été prononcées à Monaco. Alors que 4 dossiers sont actuellement en cours d’instruction. « Les condamnations prononcées sur ces affaires vont de 6 à 12 mois de prison avec sursis selon le volume des fichiers téléchargés. On a pu également observer des cas où des individus utilisent les réseaux sociaux pour entrer en contact avec des mineurs. Soit pour des rendez-vous soit pour des incitations de mineurs à la débauche », ajoute le commandant. La cible essentiellement touchée : des jeunes âgés entre 12 et 13 ans et 16 et 17 ans. Cette traque contre les pédophiles, il faut la mener à chaque instant. Grâce à une veille technologique. « Le logiciel cherche à n’importe quel moment du jour et de la nuit et de manière automatique, des traces de détection de pédopornographie. Alors qu’auparavant tout était effectué manuellement », précise Jean-Philippe Noat, directeur technique de l’association. Une avancée technologique salutaire car de nouveaux vecteurs de diffusion ne cessent d’apparaître. « Pour l’instant, on parle des réseaux peer-to-peer. Mais l’on sait que la pédophilie peut se déployer à travers d’autres moyens. On travaille donc en partenariat avec une association anglaise Internet Watch Foundation qui effectue des mises à jour quotidiennes des nouveaux sites recensés. Un site pédophile a une durée de vie très faible, de quelques jours à un mois maximum », souligne le directeur technique, pour qui la vigilance parentale reste la meilleure des protections.

Images chocs

Et sur ce point, l’association monégasque regrette d’avoir peu d’écho au sein de la population. « A Monaco, on a énormément de mal à mobiliser les parents aux dangers d’Internet. Cette année, on va les sensibiliser à travers des images chocs, et des reportages. Leur parler également des nouveaux risques comme le sexting ou encore le chatroolette (2) ». En attendant, la prévention en milieu scolaire se poursuit. Primaire ou secondaire, cette année près de 1900 enfants ont été sensibilisés à Monaco. Et plus de 2000 dans les villes voisines françaises.

1) Le 28 avril dernier, Monaco a obtenu le Prix Francopol 2010 pour sa la lutte contre la cybercriminalité.

2) Echange de photos sexuellement explicites, envoyées surtout par texto.

3) Visiochat mettant en contact des internautes de manière aléatoire.