Les 36 000 abonnés mobiles de Monaco Telecom devraient voir la qualité de leur réseau s’améliorer. Notamment à l’intérieur des bâtiments.
Depuis des années, Monaco Telecom est la cible de toutes les critiques. Non seulement des usagers, mais aussi des élus du Conseil national qui ne ratent pas une occasion de pointer du doigt « les tarifs élevés », et la qualité des services jugée largement « insuffisante ». Peut-être vont-ils enfin changer d’avis… L’opérateur monégasque a en effet lancé depuis avril dernier des travaux d’infrastructures sur de nombreux points du territoire. Objectif : améliorer la couverture mobile des 36 000 abonnés, non seulement à l’extérieur (outdoor), mais surtout à l’intérieur des bâtiments, des tunnels et même des galeries piétonnes (indoor). Pour donner la possibilité aux abonnés de « pouvoir appeler partout et tout le temps », Monaco Telecom affirme investir un peu plus de 10 millions d’euros par an. « La grande majorité de ce budget est en effet destiné à améliorer la qualité du réseau », assure le directeur Martin Péronnet.
Pokemon
Mais l’opérateur monégasque le reconnaît. Avoir une qualité de réseau irréprochable à Monaco est un « challenge complexe ». Notamment en raison des caractéristiques topographiques inhérentes au pays : « La Principauté a des caractéristiques particulières : c’est un tout petit territoire, enserré par la France, dans lequel on ne peut pas jouer sur les règles normales du roaming. Il faut avoir des interactions avec les opérateurs français. Etre situé près des montages et face à la mer, le tout dans un territoire très dense, complique également les choses. Monaco et Hong Kong sont d’ailleurs cités parmi les deux endroits qui concentrent le plus difficultés », poursuit le directeur de Monaco Telecom. Autre difficulté : l’exigence toujours plus grande des usagers : « Il y a quelques années, on pouvait se contenter d’un réseau 2G. Mais les usages ont changé et changent perpétuellement. Ce qui impacte énormément le réseau, souligne Patrick Bouffel, directeur réseaux et systèmes. Par exemple, si on n’accompagne pas un jeu comme Pokémon Go, les usagers ne pourront pas en avoir une expérience parfaite. Il faut donc sans cesse s’adapter. Les utilisateurs consomment de plus en plus, et veulent que le réseau fonctionne partout et tout le temps. »
Ondes
Mais ce n’est pas tout. Si vous vous demandez pourquoi votre téléphone portable vous laisse sans réseau à l’intérieur de certains bâtiments à Monaco, c’est probablement parce qu’ils ont été construits dans des matériaux qui bloquent les ondes. C’est le cas notamment de nombreux immeubles neufs — domaniaux en particulier — construits avec la norme Haute qualité environnementales (HQE). Ces bâtiments, certes plus écolos, ont une particularité : ils possèdent des vitres très isolantes qui restreignent la diffusion des ondes au sein des immeubles. Résultat : de nombreux usagers se retrouvent sans réseau, ou face à des coupures de communication. « Tous ces nouveaux bâtiments, les HQE notamment, utilisent des vitrages thermiques. Ce sont des filtres qui sont posés sur les vitres et qui coupent les ondes mobiles », explique Martin Péronnet qui assure toutefois que « les solutions techniques » pour couvrir l’intérieur des bâtiments ont considérablement évolué ces deux dernières années. « Etant donné que cette problématique est particulièrement présente à Monaco, nous avons d’ailleurs été une source d’inspiration pour notre partenaire Huawei pour la mise au point d’un certain nombre de solutions. »
De 55 % à 79 % indoor
A l’avenir, ce gros couac ne devrait plus se reproduire à Monaco… Les futurs immeubles, et ceux en cours de construction, auront en effet, selon Christophe Pierre, directeur de la direction des communications électroniques (DCE), « des équipements spécifiques pour couvrir l’intérieur des appartements, les parties communes, et les parkings ». Monaco Telecom a déployé de son côté pendant des mois ses techniciens sur le terrain pour améliorer la couverture 3G indoor. « Tout l’été, toutes les équipes de Monaco Telecom ont travaillé d’arrache-pied. Nous avons utilisé des nouvelles technologies et des nouvelles bandes de fréquence qui nous permettent de mieux pénétrer l’intérieur des bâtiments. En avril, lorsque notre plan a débuté, nous étions à 55 % de couverture indoor en 3G. Aujourd’hui, nous sommes à un peu plus de 79 %. La qualité audio a été également améliorée. Et les taux de coupure en 2G et en 3G ont été supprimés à hauteur de 30 % », assure Patrick Bouffel. Mais pourrait-on espérer une couverture indoor assurée à 100 % ? « Technologiquement, nous savons le faire. Mais cela nécessite des investissements importants, qui devront donc être partagés avec les promoteurs immobiliers », répond Monaco Telecom.
Tunnels
Au-delà des bâtiments, l’opérateur monégasque a aussi décidé d’améliorer la couverture réseau à l’intérieur des tunnels : « Aujourd’hui, 70 % des tunnels sont couverts en 3G, ajoute Patrick Bouffel. Notre objectif final, c’est que tous soient équipés en 4G. Certains tunnels nécessitent des travaux de génie civil spécifiques qui seront échelonnés sur cette fin d’année et en début d’année 2017 ». Des interventions seront aussi effectuées l’année prochaine sur les quartiers de l’Hermitage, de Saint-Roman, des Fleurs, mais également au niveau de la zone de Fontvieille limitrophe à Cap d’Ail, ainsi que dans un certain nombre de galeries piétonnes où le réseau est mal couvert. En revanche, Monaco Telecom prévient déjà : certains travaux effectués notamment en novembre et en décembre entraîneront des perturbations ou des coupures mobile. Mais ce devrait être sur une durée limitée.
La DCE et les taxis monégasques veillent
Pour mesurer la qualité du réseau mobile en Principauté et évaluer s’il y a encore « des points noirs », la direction des communications électroniques (DCE) va opérer une campagne de mesure une fois par an. La prochaine devrait se dérouler au cours du premier trimestre 2017. Plus original : Monaco Telecom a décidé d’équiper les taxis monégasques d’appareils de mesures. Un moyen d’avoir un retour de terrain concret et « en temps réel » sur la qualité du réseau dans tous les coins de Monaco. S.B.
Le WiFi dans tout Monaco ?
Monaco Telecom réfléchit aussi à l’amélioration de la couverture WiFi sur le territoire monégasque avec l’installation de nouveaux “hot spots”. De nouvelles zones à couvrir ont déjà été définies. Principalement « le littoral ». Mais aussi « des grandes zones de passage », comme la place d’Armes ou encore le Carré d’or. S.B.
Cybercriminalité : Monaco Telecom, un acteur central
« On est tous vulnérables. Yahoo, Sony, Orange… Les meilleurs se sont faits avoir. On sait que l’on est aussi la cible des hackers. Il faut donc que l’on fasse le maximum pour se protéger. La sécurité numérique, c’est l’affaire de tous. » Alors que le Conseil national a adopté le 27 octobre une loi pour lutter contre la criminalité technologique (lire Monaco Hebdo n° 989), Monaco Telecom, en tant qu’opérateur d’importance vitale (OIV), est « bien conscient » d’en être un acteur central : « La loi nous concerne directement pour tout ce qui est conservation des données. Nous avons aussi un travail à faire en profondeur avec l’Agence monégasque de sécurité numérique (AMSN) pour améliorer la sécurité des infrastructures numériques globales à Monaco », explique Martin Péronnet. S.B.
