vendredi 24 mars 2023
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La canicule de l’été 2022 a-t-elle causé un pic de mortalité à Monaco ?

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Il n’y a pas eu de sur-mortalité à Monaco pendant l’été 2022. Mais le nombre de résidents décédés entre juin et août, période marquée par la canicule, est au-dessus de la moyenne publiée par l’institut monégasque des statistiques et des études économiques (IMSEE). Les huit premiers mois de l’année 2022 sont même les plus meurtriers pour les résidents depuis 2005, si l’on met de côté 2021, fortement touchée par l’épidémie de Covid-19.

Dire que la canicule a tué pendant l’été 2022 à Monaco, serait aller vite en besogne. Ce serait même faux, puisque rien ne le prouve : les données de l’institut monégasque des statistiques et des études économiques (IMSEE) n’indiquent pas, en effet, les origines d’un décès en principauté. Mais la question mérite d’être posée, alors que la région a connu des épisodes de chaleur particulièrement longs et intenses, et que la courbe des décès recensés en principauté était plutôt à la hausse entre juin et août 2022, comparée à la moyenne de référence, située entre 2010 et 2019. Selon l’IMSEE, 121 personnes sont décédées à Monaco entre juin et août 2022, et 63 de ces personnes résidaient en principauté.

« Le niveau élevé des décès toutes causes confondues en juillet 2022 s’explique vraisemblablement par la vague de chaleur survenue à la mi-juillet, après un premier épisode de canicule dès la mi-juin »

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE)

L’une des années les plus meurtrières depuis 2005

Dans le détail, voici comment les chiffres se présentent : au mois de juin 2022, 39 décès ont été enregistrés à Monaco, contre 38 en moyenne entre 2010 et 2019. Parmi ces 39 décès, 19 concernaient des résidents, contre 17, en moyenne, entre 2010 et 2019. En juillet 2022, 42 décès ont été comptabilisés à Monaco, lorsque la moyenne se situe entre 34 et 50 décès. Parmi ces 42 décès, 22 étaient des résidents de la principauté. La moyenne des décès des résidents se situe entre 14 et 25. Ce chiffre est donc légèrement au-dessus de la moyenne, sans atteindre le cap de la sur-mortalité. Enfin, en août 2022, 40 décès ont été enregistrés à Monaco, alors que le seuil de mortalité moyen se situe entre 33 et 46 décès. Parmi eux, 22 concernaient des résidents enregistrés à Monaco, contre 18 en moyenne entre 2010 et 2019. La « norme » se situant entre 12 et 23 décès sur cette période, le seuil des décès des résidents est donc juste à la limite de la sur-mortalité. Globalement, rien d’inquiétant. Mais, au cours des huit premiers mois de l’année 2022, 191 décès de résidents ont été comptabilisés, soit 36 de plus que la moyenne 2010-2019. Et, si l’on met de côté l’année 2021, dont les résultats sont biaisés par les décès liés à la pandémie de Covid-19, ces huit premiers mois de 2022 sont les plus meurtriers depuis 2005 selon l’IMSEE, qui est le point de départ de la période d’observation de la mortalité en principauté. Il faut toutefois tempérer ce chiffre avec celui des décès globaux à Monaco. De janvier à août 2022, 350 décès ont été enregistrés en principauté au total, résidents et non résidents compris, ce qui reste dans la moyenne de 2010 à 2019. L’IMSEE note d’ailleurs que le nombre de décès a diminué de 16,1 % par rapport à la même période en 2021, pendant laquelle 417 avaient perdu la vie. Reste que l’année 2021 a été particulièrement marquée par l’épidémie de Covid-19. Ce virus n’a d’ailleurs pas disparu, et 54 nouveaux cas étaient encore enregistrés entre le 19 et le 25 septembre 2022. Mais qu’en est-il de la chaleur ?

Au cours des huit premiers mois de l’année 2022, 191 décès de résidents ont été comptabilisés, soit 36 de plus que la moyenne 2010-2019. Et, si l’on met de côté l’année 2021 […] ces huit premiers mois de l’année sont les plus meurtriers depuis 2005, selon l’IMSEE.

Lien « vraisemblable », selon la France

En France, le lien avec la canicule ressentie pendant l’été 2022 est fait plus volontiers. Selon un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), plus de 11 000 personnes supplémentaires seraient décédées par rapport à la même période en 2019, entre le 1er juin et le 22 août, soit avant le début de la pandémie de Covid-19. Et l’INSEE, d’habitude très prudent, n’a pas hésité, cette fois, à faire le rapprochement dans son rapport avec les épisodes de canicule subis pendant l’été 2022 : « Le niveau élevé des décès toutes causes confondues en juillet 2022 s’explique vraisemblablement par la vague de chaleur survenue à la mi-juillet, après un premier épisode de canicule dès la mi-juin », peut-on lire. La France, à l’instar de Monaco, a en effet connu trois épisodes de canicule pendant l’été 2022 : du 15 au 22 juin, du 12 au 25 juillet, puis du 31 juillet à la mi-août. Ce que prend en considération l’INSEE : « La chronique des décès toutes causes confondues laisse entrevoir un premier pic de décès, autour du 19 juin. En juin 2022, les décès sont supérieurs de 4 % aux décès survenus en juin 2019. En juillet, les décès, toutes causes confondues, atteignent un pic très net le 19 juillet, après un pic moins marqué le 13 juillet, et les décès totaux du mois de juillet 2022 sont supérieurs de 13 % à ceux de juillet 2019. » Et pour cause : de l’autre côté de la frontière, on se rappelle encore de la canicule de 2003, qui avait été à l’origine de 15 000 décès. Pour éviter un drame similaire, des mesures de prévention ont rapidement été engagées par les autorités françaises. Mais la durée étendue des épisodes de chaleur rencontrés, ainsi que leur intensité, semblent avoir laissé des traces. Y compris à Monaco, ne serait-ce que dans les esprits.

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