jeudi 25 avril 2024
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L’USM à l’offensive

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32ème congrès de l'Union des syndicats de Monaco
© Photo Monaco Hebdo.

Près de 160 responsables syndicaux se sont réunis au Centre de rencontres internationales (CRI) du 2 au 4 avril pour le 32ème congrès de l’Union des syndicats de Monaco. Retraite, salaires, industrie ou fonction publique… Retour sur les principales interventions.

«Ne pas accepter la compromission, défendre l’intérêt des salariés » et poursuivre « un syndicalisme de lutte, même si ce n’est pas du goût de tous. » Face au patronat et au gouvernement, pas question pour l’USM de courber l’échine. Tel a été le message lancé haut et fort par Monique Ferreté, secrétaire générale de l’USM, devant près de 160 responsables syndicaux, réunis pendant 3 jours pour le 32ème congrès de l’Union des syndicats de Monaco. Sur 40 syndicats affiliés, 29 au total ont répondu présent selon les organisateurs. Objectif de ce marathon syndical?: mettre sur table toutes les revendications et préparer l’avenir dans chaque secteur. « Malgré les attaques répétées que nous subissons et qui se sont amplifiées ces deux dernières années, nous pouvons être fiers de la résistance de notre organisation et de ses 2?500 adhérents. Dans cette période où la relève de la direction de l’USM se met en place, nos détracteurs ont certainement pensé que le moment était venu pour tenter une opération d’affaiblissement », a expliqué dans le rapport d’ouverture Monique Ferreté. Avant d’appeler l’USM à toujours « faire bloc » face à un patronat et un gouvernement qui « cassent les droits acquis » et « préparent et imposent de nouveaux sacrifices. » Résumé des interventions secteur par secteur.

Industrie?: « Des plans sociaux en prévision »
2008 et 2009 ont été des années noires pour l’industrie monégasque. Avec, on se souvient, des vagues de licenciement et des salariés qui n’ont pas hésité à battre le pavé à plusieurs reprises pour sauver leur emplois. Depuis, qu’en est-il?? « Nous ne faisons plus la Une des quotidiens mais nous ne sommes pas en sommeil pour autant, annonce Jean-François Guidi, secrétaire général du syndicat des chimiques plastiques. Ce n’est pas parce que l’on parle peu du secteur industriel qu’il est hors de danger. Il y a encore des plans sociaux en prévision. La recherche de la productivité va continuer et faire sa casse des emplois. » Le responsable syndical rappelle d’ailleurs que le secteur industriel a toujours été en progression. Alors que le nombre de salariés a, lui, chuté de façon vertigineuse. « Il paraît que nous avons traversé une crise. Or selon les chiffres de la direction de l’expansion économique, le chiffre d’affaires industriel en 2008 s’élevait à 838 millions d’euros. En 2009, en pleine crise, il était de 839 millions d’euros. Tandis que les emplois dans l’industrie sont passés de 3?351 salariés en 2008 à 2?956 en 2009. » En 2011, le chiffre d’affaires dans le secteur industriel serait également d’environ 1 milliard d’euros (en progression de 18,7 % par rapport à 2010) pour 2?668 salariés. Soit une baisse d’environ 5,6 % par rapport à 2010. « Quel est le secteur qui peut se vanter d’avoir une telle progression?? Pourtant, depuis 2008, nous avons à déplorer la perte de 683 emplois. »

Fonction publique?: « Discrimination »
« Tout est loin d’être rose dans la fonction publique monégasque. Contrairement aux idées reçues, les salariés ne sont pas des nantis. » Evelyne Trefoloni, secrétaire générale du syndicat des agents de l’Etat et de la commune (SAEC), s’est fait le porte-voix des revendications des employés de l’administration lors de ce 32ème congrès de l’USM. « La rigueur budgétaire touche également notre secteur avec notamment des coupes dans le budget de fonctionnement, et des baisses significatives des avancements », a-t-elle indiqué. Avant de revenir sur un tournant phare de l’administration?: le projet de loi sur le statut des fonctionnaires de l’Etat. Ce texte — déposé en décembre 2011 au conseil national — prévoit de réserver le statut de fonctionnaire aux seuls Monégasques, à l’exception des agents de la sûreté publique et de la direction des services judiciaires. Quant aux agents de l’Etat, c’est une ordonnance souveraine qui devrait leur accorder un « vrai » statut. Car à l’heure actuelle, après 6 ans de renouvellement de contrats, cette catégorie de personnel passe en effet en « tacite reconduction ». En clair, une sorte de pseudo CDI non écrit et non codifié. Ils n’ont ainsi aucune véritable existence juridique. Les syndicats réclament eux un statut unique pour tout le personnel de la fonction publique et dénoncent une administration à deux vitesses. « Il n’est pas juste que des salariés relevant d’un même employeur ne soient pas traités sur un pied d’égalité », estime Evelyne Trefoloni. « Le gouvernement grave un peu plus dans le marbre, la discrimination entre nationaux et non-nationaux, a lancé de son côté Monique Ferreté. Quant aux autres 2?500 agents contractuels, ils devront patienter au moins 9 ans pour avoir une pseudo sécurité de l’emploi. » Le gouvernement leur aurait en effet annoncé que la qualité d’auxiliaire, c’est-à-dire l’équivalent du CDI, sera conditionnée — après avis favorable du chef de service — à une continuité de services successifs d’une durée totale de 9 ans. « 9 années de contrats précaires, c’est un scandale. Nous ne l’accepterons jamais », lance Evelyne Trefoloni avant de dénoncer « l’extrême précarité » d’une catégorie particulière?: les suppléants. « Ce sont les bouche-trous de la fonction publique. »

« Tromperie sur les salaires »
« Est-ce que vous savez que vous avez un salaire beaucoup trop élevé à Monaco par rapport à vos collègues français?? lance à la tribune Monique Ferreté. C’est ce qu’affirment patronat et gouvernement. 30 % en plus sur le SMIC net nous annonce-t-on?! Quel est le salarié au SMIC à Monaco qui touche 1?630 euros nets par mois?? Et quelle est donc cette incongruité qui consiste à comparer des salaires nets?? La rémunération du travail ne s’est jamais mesurée en salaire net mais en salaire brut. » Or selon, les syndicats, le Smic brut monégasque serait inférieur de 2,55 % pour 39 heures par semaine par rapport à la France. « Alors la tromperie, ça suffit », dénonce la secrétaire générale. Avant d’ajouter?: « Depuis maintenant près de 14 ans, le patronat monégasque vole les salariés. Ce sont au minimum 26?000 euros en 14 ans par salarié que le patronat s’est mis dans la poche parce qu’il aurait dû vous payer 4 heures de plus par semaine depuis le passage aux 35 heures en France et qu’il ne l’a pas fait. Un vol manifeste, inadmissible. » La secrétaire générale a encore dénoncé la non-publication des grilles des salaires donnant « toute liberté au patronat de faire du salaire un élément de négociation à l’embauche sans aucun plancher minimum obligatoire. »

Retraites?: « Passage en force »
Sans surprise, l’épineux dossier des retraites s’est rapidement invité dans les débats. L’annonce par le gouvernement d’une réforme dès septembre prochain a mis le feu aux poudres. Avec des syndicats affirmant toujours qu’il n’y a pas « péril en la demeure. » Pendant que le gouvernement parle, lui, d’une catastrophe annoncée si rien n’est fait. « Lors d’une rencontre, le conseiller Stéphane Valeri a même osé dire que le gouvernement aurait pu faire un effort pour régler la question de la motivation du licenciement si nous avions accepté des mesures de réforme du système des retraites. C’est une conception particulière de la négociation », a lancé la secrétaire générale de l’USM. Avant de laisser la parole à Angèle Braquetti?: « Il ne faut pas se faire d’illusion, le patronat et le gouvernement veulent faire passer en force ces réformes. Le conseiller nous a d’ailleurs confirmé une mesure qui sera lourde de conséquence pour les salariés et la jeune génération?: la dissociation de la valeur du point du salaire de base ». Avant d’ajouter?: « Ces mesures, si elles sont votées, programment la pauvreté des générations futures. A l’Union des syndicats, nous ne voulons pas en porter la responsabilité. »