vendredi 29 mars 2024
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Grotte de l’Observatoire
350 000 ans d’histoire

Publié le

Juchée à 100 mètres d’altitude, la grotte de l’Observatoire comporte de nombreuses cavités descendant jusqu’au niveau de la mer. Des fouilles sont menées par le musée d’anthropologie préhistorique pour révéler ses derniers secrets.

Le point de vue à quelques mètres de la grotte est idyllique. Pourtant, les hommes qui l’ont successivement habités il y a au moins 350 000 ans ont pris de grands risques pour l’atteindre. En effet, à l’époque, le seul point d’accès pour la grotte de l’Observatoire se fait par une falaise abrupte. C’est pourtant ici qu’homo erectus, homme de Néandertal et homo sapiens se sont succédés pour trouver refuge. « La zone de vie se trouvait dès l’entrée sous le porche, raconte Patrick Simon, directeur du musée d’anthropologie préhistorique. A cette époque, Monaco constitue un corridor favorable à la vie de l’homme, interface entre la Méditerranée et les Alpes. » Les groupes d’humains sont alors très liés à la faune. Pour une question de survie, ils suivent les déplacements de certains animaux. « Des restes de rênes ont par exemple été retrouvés dans la grotte. Ce qui veut dire que cet animal est descendu très bas durant l’ère glaciaire. Pendant la période froide, la circulation se fait selon un axe est-ouest. »

100 ans

C’est un pan de l’histoire monégasque qui se joue au cœur du Jardin exotique. En 1916, le Prince Albert 1er l’avait bien pressenti en lançant la première fouille d’urgence sur le site. Des tonnes de sédiments sont retirés pour dégager l’accès et mettre à l’abri toutes les traces du passé. A la fin des années 80, Suzanne Simone, la conservatrice du musée, relance quelques fouilles. Mais depuis presque 30 ans, plus aucune exploration n’avait été engagée. C’est en écho à la première étude du début du XXème siècle que le musée d’anthropologie a souhaité relancer des recherches 100 ans plus tard. « L’essentiel a déjà été trouvé. Ce qu’on cherche à faire maintenant, c’est à affiner les dates et les âges » explique Patrick Simon, géologue de formation. Il s’agira d’analyser de nombreux fragments pour tenter de mieux cerner qui étaient les premiers habitants de la Principauté.

Grotte de l’Observatoire
© Photo Monaco Hebdo.
Grotte de l’Observatoire
© Photo Monaco Hebdo.
Grotte de l’Observatoire
© Photo Monaco Hebdo.

3D

Dans un premier temps, c’est une numérisation laser 3D de la quasi intégralité de la grotte de l’Observatoire qui est en train d’être réalisée. Ce document pourrait constituer une référence pour les scientifiques grâce à sa précision. Même si toutes les cavités n’ont pas encore pu être atteintes… L’an prochain, grâce à une collaboration avec le Centre de Recherche et d’Enseignement de Géosciences de l’Environnement (CEREGE) d’Aix-en-Provence, une innovation sera utilisée. Il s’agit de la datation isotopes cosmogéniques, une méthode mise au point par Didier Bourlès, directeur adjoint de la structure. Elle permet de dater avec plus de précision une trouvaille jusqu’à – 10 millions d’années.

Prédateurs

En attendant, en creusant, les archéologues ont déjà mis à jour des silex taillés, des cendres et des ossements d’animaux. « Pas de reste humain ici. Le matériel le plus ancien retrouvé date de l’homo erectus entre – 200 000 et – 350 000 ans. On sait que c’était un site privilégié grâce à son exposition plein sud. La roche escarpée en faisait aussi un bon endroit pour se protéger des prédateurs comme les ours, les loups ou les hyènes » détaille le directeur du musée monégasque. Les futures trouvailles et leurs explications trouveront ensuite leur place dans le musée. En permettant de mieux appréhender les passages des hommes, ces données seront également précieuses pour les chercheurs de la région aussi bien en France qu’en Italie.