Impactée par la pandémie de Covid-19, la fête nationale 2020 a dû s’adapter aux restrictions sanitaires.
Si les Monégasques n’ont pas pu se rendre sur la place du palais pour communier avec la famille princière comme ils le font habituellement, les thématiques de la résilience et de la transmission ont servi de fil rouge à cette fête du prince pas comme les autres.
«Contrairement aux autres années, il ne nous est pas possible, en ce jour de fête nationale, de venir à vous sur la place du palais, en raison de la crise sanitaire qui affecte la principauté, comme nos voisins. Avec la princesse, nos enfants et ma famille, nous sommes cependant, vous le savez, en union avec vous tous. Nous formons des vœux ardents à l’intention de notre communauté et de chacune et chacun de vous, dans l’attente de nous retrouver tous dans des conditions normales et sereines. » Ce sont les mots prononcés par le prince Albert, lors d’une courte intervention télévisée, le 19 novembre 2020 à midi. Si la pandémie de Covid-19 a empêché les Monégasques de se rendre sur la place du palais, comme ils le font habituellement chaque 19 novembre, il n’était évidemment pas question de renoncer aux célébrations liées à la fête nationale. Le programme a été adapté et réduit à l’essentiel, afin de respecter au mieux les recommandations sanitaires.
« Transmettre »
L’essentiel s’est donc déroulé lors de la messe en la cathédrale de Monaco et de la prise d’armes dans la cour d’honneur du palais, devant la famille princière et un parterre de personnalités monégasques. Et puis, il y a eu ce chiffre et ce décompte, égrené par les carabiniers : 15, comme les 15 années qui se sont écoulées depuis le début de règne du prince Albert II, le 12 juillet 2005. Dans son homélie, sa toute première dans le cadre de la fête nationale monégasque, Monseigneur Dominique-Marie David (lire son interview publiée dans Monaco Hebdo n° 1167) a évoqué la thématique de la résilience. Face à un monde qui affronte le coronavirus et toutes ses conséquences, sociales et économiques notamment, l’archevêque de Monaco a estimé que, « dans une période aussi déroutante et troublée que la nôtre, il nous faut des racines pour tenir debout. Et il en faudra à nos enfants et petits-enfants pour affronter les défis de demain ». Et quoi de mieux pour résister plus efficacement que d’évoquer nos racines ? C’est de cela dont a parlé Monseigneur Dominique-Marie David, jugeant qu’il « faudra que nos racines soient profondément établies, au-delà même du Rocher visible sur lequel nous nous tenons. Si petit soit notre pays, il peut être grand de par l’héritage spirituel qui nous anime encore et que nous devrons transmettre. « Deo Juvante » [locution latine signifiant « avec l’aide de Dieu » — NDLR], voilà ce qui, à Monaco, nous rappelle que nous ne sommes pas orphelins ».
« Générations »
Dans ce monde devenu peu sûr, incertain, et sans visibilité, même à court terme, il n’y a pas d’autre choix que faire circuler les valeurs et le savoir de génération en génération. « Si petit soit notre pays, il est grand de par son histoire et sa culture, il est grand en tous ceux qui, génération après génération ont su transmettre avec courage et persévérance le trésor qui leur avait été confié et dont nous vivons avec joie aujourd’hui. Voilà pourquoi, en ce début de mon ministère épiscopal, j’ai souhaité porter mon attention pastorale sur les jeunes générations et sur la question de la transmission », a expliqué l’archevêque de Monaco. Si le moment était solennel et le contexte délicat, c’est par une anecdote plus souriante et légère que Monseigneur Dominique-Marie David a conclu, en s’adressant au prince Albert II pour évoquer son saint patron, Saint Albert : « On raconte que lorsqu’il se présenta la première fois, au pape Alexandre IV, qui ne l’avait jamais vu auparavant, celui-ci l’accueillit gentiment, en lui disant : « Maître Albert, levez-vous ! ». Et saint Albert de répondre : « Votre Sainteté, je suis déjà debout. » Saint Albert était petit, tellement petit que le pape pensait avoir devant lui un homme agenouillé. Sa petitesse corporelle, en revanche, n’avait pas pu empêcher ses contemporains d’appeler maître Albert « le Grand », tellement la renommée de l’ouverture et de l’universalité de son esprit était connue et admirée par tout l’Occident. Le titre d’Albert le Grand ayant déjà été attribué à votre saint patron, nous prierons simplement pour vous, en demandant, avec le roi Salomon, qu’il vous accorde le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, et tout ce dont vous avez besoin pour présider aux destinées de notre principauté. Comme la vraie grandeur ne se mesure ni à la taille, ni à la superficie, nous allons, avec vous, prier pour notre pays, afin qu’il rayonne du trésor spirituel qu’il porte et continuera de porter. »