Patrice Woolley réagit aux déclarations récentes des dirigeants de la Société des bains de mer qui annonçaient que leur projet immobilier, à l’emplacement du Sporting d’hiver, semblait bien parti. Un billet d’humeur de cet auteur de BD monégasque qui s’est toujours prononcé contre la démolition du bâtiment Art Déco place du casino.
J’apprends que le Sporting d’Hiver, place du Casino, va être rasé. Après une loi sur le patrimoine, une pétition et plusieurs avis argumentés contre sa destruction, voilà que les aigrefins du CAC40 ont encore frappé. J’ai comme l’impression que nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis.
Après une digue déjà obsolète, envahie par les eaux, non finie, aussi attrayante qu’un mur de Treblinka?; une future bouse « Odéonesque » hors de propos?; voilà qu’on s’enfonce dans la médiocrité « Bling-Bling ». On nous parle de glamour, de faste, de spécificités, mais il va falloir que l’on comprenne que ce n’est pas en détruisant ce qui fait le charme de la Principauté que nous allons garder une attractivité touristique. A ce rythme, dans vingt ans, qu’aurons-nous à proposer de Monaco?? D’ici là, peut-être qu’un cravaté aux idées courtes aura décidé de refaire l’opéra de Mr Garnier, pas assez « Fashion », ni tendance ; voire même de relooker le Palais, au mépris de l’histoire.
« Génocide mémoriel »
Je n’ai rien contre le modernisme, l’adaptation d’un pays « à la marche du monde », mais à quel prix?? Que voulons-nous faire de ce pays?? Un parc d’attractions pour nantis en villégiature, une principauté style « Sénioriales » pour retraités boursiers?? Ou voulons-nous effectivement garder notre spécificité, notre singularité, notre patrimoine?? Notre identité culturelle, notre identité monégasque passe aussi par nos quartiers, nos architectures, nos vieilles demeures, ceux-là même qui ont forgés nos souvenirs, ce que nous sommes. Détruire notre patrimoine architectural, c’est détruire notre identité. C’est un génocide mémoriel voulu de plus par des gens de passage ou non monégasques…
Alea jacta est, mais de grâce, qu’on ne vienne plus nous parler d’identité nationale, d’éthique ou d’excellence monégasque?; qu’on ait la franchise de parler de braderie financière, d’inculture ou d’incompétence. »
