jeudi 18 avril 2024
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Droits des retraités : les salariés monégasques poursuivent le combat

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A l’appel de l’Union des syndicats monégasques, les salariés du secteur public et privé se sont retrouvés jeudi 17 octobre dans les rues de Monaco. Avec pour mot d’ordre principal : le maintien des retraités dans le système social monégasque.

«Tous ensemble, tous ensemble hey, hey ! » Ils étaient 700 selon la sûreté publique et 1 000 selon les syndicats, dans la rue jeudi 17 octobre 2019. A l’appel de l’Union des syndicats de Monaco (USM), plusieurs cortèges ont quadrillé la ville de part en part au son des vuvuzelas, des sifflets, des mégaphones et des habituelles chansons de manifestations, comme Antisocial (1980) du groupe Trust. Les salariés monégasques poursuivent la lutte, après les mobilisations de février et juin 2019, toujours avec les mêmes mots d’ordre : un salaire minimum monégasque à 2 250 euros brut, l’abolition de l’article 6 du code du travail permettant le licenciement sans motif, et le maintien des retraités dans le système social monégasque. Mais c’est surtout ce dernier point qui est revenu avec le plus de régularité parmi les témoignages des manifestants. Selon les dispositions actuelles, les travailleurs, du public et du privé, après une vie de cotisation aux caisses sociales monégasques rebasculent dans le régime général français. Ce sera le cas de Nadège Patez si rien ne change, employée à Monaco depuis 38 ans, dans les services d’aide à la personne : « Monaco a les moyens de cette réforme. C’est une question de justice sociale. Ce n’est pas normal qu’on cotise toute notre vie et qu’on bascule dans un système moins avantageux. » Selon Christine Giolitti, secrétaire fédérale de l’USM, le conseiller-ministre aux affaires sociales Didier Gamerdinger avait trouvé la revendication « légitime et vertueuse », mais « d’un coût trop élevé » pour les finances.

« Tant qu’on n’est pas entendu, on manifestera »

Secrétaire général du syndicat des eaux, Karim Tabchiche, veut continuer d’interpeller le gouvernement : « Depuis le début de l’année, on avait dit qu’on appellerait à manifester tant qu’on n’ouvrirait pas de négociations sur nos revendications. Jusqu’à maintenant on est au point mort, on nous refuse toute forme de dialogue. Tant qu’on estime que la voix des salariés n’est pas entendue, on continuera à appeler à ce genre de manifestation ou à d’autres manifestations. Notre but ce n’est pas d’amener les gens dans la rue ou faire la grève pour faire la grève. On sait que la majorité des gens sont d’accord avec nos revendications notamment celle qui consiste à rester à la CCSS [Caisse de compensation des services sociaux — N.D.L.R.] à la retraite. Après, l’exercice d’aller manifester c’est compliqué pour les salariés. On comprend que tout le monde n’adhère pas à ce mode de fonctionnement. Mais on est convaincu que les salariés adhèrent à cette revendication. »

Modifier la convention franco-monégasque de sécurité sociale

Actuellement, le régime de la CCSS est financé entièrement par les cotisations patronales à hauteur d’une base maximale de 8 700 euros par mois. Les salariés cotisent eux à la Caisse autonome des retraites (CAR). Une fois à la retraite, les frais médicaux des non-résidents monégasques ne sont plus pris en charge par la CCSS ou le Services de prestations médicales de l’État (SPME), mais par la Caisse primaire d’assurance maladie française, bien moins généreuse en matière de remboursement et de prise en charge que les assurances sociales monégasques. De plus, les retraités français voient leurs pensions soumises à la Cotisation sociale généralisée (CSG) et à la Contribution du remboursement de la dette sociale (CRDS). Contacté pour répondre sur cette question, Didier Gamerdinger n’a pas souhaité apporter d’autres précisions que celles données à notre magazine en septembre 2019 sur ce sujet-là (lire Monaco Hebdo n° 1120). Il avait alors exprimé son écoute, et sa compréhension vis-à-vis des revendications, mais il avait également dit son refus d’y subvenir. Pour accéder aux requêtes de l’USM, il faudrait modifier la convention franco-monégasque sur la sécurité sociale signée en 1952. Ce qui n’est pas impossible, celle-ci ayant connu 6 avenants, dont le dernier remonte à 2016 concernant le télétravail.