samedi 20 avril 2024
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Covoiturage?: Vite, ça bouchonne?!

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Bouchons à la sortie du tunnel-A8
© Photo Christophe Giraudeau / Monaco Hebdo.

Lancé en 2006 par le gouvernement, le site monacovoiturage. mc peine à faire des émules.

Par Carine Julia.

Les « covoitureurs », une espèce rare. Malgré des bouchons quotidiens étouffants pour les usagers et l’environnement, la pratique n’a que peu de succès à Monaco. Seules 21,5 % des voitures entrant en principauté contiennent au moins deux personnes. C’est à peine mieux que la moyenne nationale française qui représente 20 % de covoiturage par an sur le trafic global. Et ce alors que le contexte routier est bien plus bouché sur les deux kilomètres carrés monégasques… Pourtant, ce n’est pas faute d’efforts de la part des pouvoirs publics, qui promeuvent le covoiturage à grands renforts d’un site Internet gratuit, de tarifs privilégiés dans les parkings, d’un centre d’appel et d’une campagne de publicité pendant tout ce mois de novembre.
Mais, si sur le papier, le nombre d’inscrits augmente régulièrement, en passant de 550 en 2007, à 950 en 2009 et à 1?220 en 2011, dans les faits, il reste difficile de trouver un trajet qui sied à chacun. Car ces 1?220 personnes se rendent à des endroits différents, à des horaires différents. C’est là que le covoiturage coince, comme le souligne une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en juin 2010?: « Le principal frein semble être l’offre d’appariement. Or le nombre d’appariements s’accroît avec le nombre d’inscrits. »

De nombreux avantages

D’où la volonté de Bernard Fautrier, chargé de mission auprès du ministre d’Etat, de « sensibiliser encore plus de personnes. » Pour lui, « la motivation principale n’est pas l’environnement » mais plutôt un ensemble d’avantages induits par la pratique. Le gouvernement estime que si chaque salarié ou étudiant monégasque utilisait ne serait-ce qu’une fois par semaine le covoiturage, cela supprimerait 20 % du trafic. Certes, il y aurait une diminution des gaz d’échappement, mais la campagne vise surtout cette diminution du nombre de voitures, bienheureuse dans le contexte de circulation engorgée que connaît la Principauté. Bernard Fautrier souligne aussi la dimension sociale du covoiturage – « les gens font connaissance pendant le trajet » -, ainsi que l’économie d’environ 2?000 euros par an que réaliserait un covoituré niçois venant à Monaco.
Les entreprises sont aussi incitées à promouvoir la pratique en leur sein. En effet, l’étude de l’ADEME conclut que les offres tout public toucheraient 0,5 % de la population et seulement 4 % des inscrits seraient des usagers effectifs (sur 10?000 personnes, 50 inscrits et 2 usagers). Tandis que les offres dans les entreprises touchent 8 % de leurs effectifs, avec 10 % d’usagers réels (sur 10?000 personnes, 800 inscrits et 80 usagers). En somme, il vaut mieux concentrer les efforts en interne, comme c’est déjà le cas au CHPG ou dans l’entreprise E-call à Fontvieille.
Selon l’enquête « Ménages déplacements » de septembre 2011 réalisée dans les Alpes-Maritimes, les échanges entre Nice et Monaco ont augmenté de 40 % entre 1998 et 2009. A ce rythme-là, le covoiturage va devenir nécessaire pour éviter deux heures de bouchons aller-retour quotidiens et ce, malgré toutes les réticences qui lui sont opposées.