mercredi 24 avril 2024
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« On est tous d’accord
pour rester raisonnables »

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L’association Ida, un collectif d’une cinquantaine de propriétaires privés dans le quartier Plati, se veut force de proposition pour la restructuration de ce quartier. Les adhérents espèrent une meilleure communication du gouvernement pour aboutir à un remembrement réussi de leur quartier.

 

Ils habitent le quartier depuis des dizaines d’années. Certains ont hérité d’appartements dans cette partie de Monaco édifiée dès 1870. « Ce quartier est habité par de vieilles familles, des gens qui souhaitent améliorer leur habitat et pas profiter de la situation. On est tous d’accord pour rester raisonnables », souligne d’entrée Christophe Spiliotis, vice-président de l’association Ida. Lorsqu’en 2009, l’Etat monégasque rachète la Villa Ida en plein cœur du quartier Plati pour environ 15 millions d’euros, les propriétaires privés se regroupent rapidement en collectif. L’objectif initial du gouvernement est la création de 32 appartements à destination des Enfants du pays. « Le projet originel aurait été une verrue au milieu du quartier », pense Eric Muller, président de cette association. Une cinquantaine de propriétaires, Monégasques et enfants du pays, signent une charte en juin 2013 pour une autre vision urbanistique et un chantier plus ambitieux, appelé Grand Ida. « C’est la première fois que des propriétaires privés sont prêts à se mettre en partenariat pour un projet d’envergure. C’est assez étonnant de réussir à fédérer 50 personnes toutes d’accord pour aller dans le bon sens », signale encore Eric Muller.

Remembré

En sept ans, le projet immobilier a changé de moutures maintes fois avec des scénarii allant jusqu’à 640 appartements. Une satisfaction pour l’association qui souhaite être associée aux réflexions en cours. « Notre action a porté ses fruits », se réjouit Christophe Spiliotis. « On sait qu’à Monaco, si on veut évoluer, on doit en passer par là », observe quand à lui Eric Muller, pour qui ce remembrement fera office de modèle pour les années à venir. Le 23 juin, un courrier du gouvernement les avertis de la nouvelle évolution du dossier. Une étude d’urbanisme sur le réaménagement le plus large du quartier va être lancée « sans délai ». Quatre cabinets d’architectes-urbanistes, associés chacun à un architecte monégasque, ont été sélectionnés. En conférence de presse, le 30 juin, c’est Serge Telle, ministre d’Etat, qui valide le projet Très Grand Ida. L’opération intègrera la villa où loge le FAR (l’association catholique Foi action renaissance déménageant au boulevard du Jardin exotique, à la villa Thérèse), la villa Les Platanes (dont l’acquisition par l’Etat est toujours en cours de négociations), ainsi que les immeubles domaniaux Les Cèdres et Les Mélèzes. Incluant globalement les secteurs compris entre l’avenue Crovetto Frères et le boulevard Rainier III, le quartier Plati va donc être complètement remembré. « C’était la meilleure option. Une opération à 500 millions d’euros sur 10 ans, qui permettra un gain net de plus de 150 appartements, et de rénover en profondeur les accès dans ce secteur de la Principauté », expliquaient les conseillers-ministre Jean Castellini, aux Finances, et Marie-Pierre Gramaglia, à l’Equipement.

Spéculation

Qu’est-ce qui pourrait alors réellement entacher les discussions ? « Qu’on soit spoliés de nos biens… Ce serait clairement le problème », réagit le vice-président Spiliotis. « Les habitants du quartier ne font pas de spéculation immobilière. Ce sont des gens normaux, pas des gens riches. Comme ce sont des biens acquis par des familles, on veut savoir ce qu’il va se passer, tout en restant ouverts à la discussion, poursuit Eric Muller. Notre rôle est d’être force de proposition et pas force de blocage. » L’association se veut partenaire du projet. « Notre position, c’est d’être à l’écoute, et dans l’attente d’un projet arrêté et retenu sur la base duquel on aura des propositions », résume le vice-président. L’étude d’urbanisme devrait leur permettre d’y voir plus clair. Elle cherchera à définir la volumétrie d’ensemble « acceptable et intégrée dans son environnement », mais aussi à proposer des phasages « adaptés » pour tenir compte de l’impact des travaux à venir sur les résidents du quartier « et en particulier sur ceux des immeubles des Cèdres et des Mélèzes », a indiqué Marie-Pierre Gramaglia en conférence de presse. En l’état actuel du projet, 462 logements devraient être construits. La répartition entre domaniaux et logements réservés aux Enfants du pays n’est par contre pas encore connue. « Les enfants du pays, ce n’est pas la problématique de notre association. Ce que l’Etat fera avec les bâtiments ne regarde que l’Etat. C’est une décision qui ne nous appartient pas », rappelle Eric Muller. Tout en précisant tout de même qu’il verrait beaucoup plus facilement un quartier mixte : « On ne veut pas se retrouver dans un ghetto. »