jeudi 28 mars 2024
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AVIP : un nouveau local
pour accueillir les victimes
de violences

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Le 17 février, le ministre d’État, Serge Telle, accompagné de la quasi-totalité des conseillers-ministres ont visité les nouveaux locaux de l’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (AVIP).

L’occasion de rappeler le rôle et les missions de cette association, qui œuvre au quotidien auprès des victimes de violences en tous genres.

Les conseillers de gouvernement – ministres étaient présents en nombre le 17 février 2020 au matin pour accompagner le ministre d’État, Serge Telle, en visite dans les nouveaux locaux de l’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (AVIP), inaugurés en début d’année par le prince Albert II. Visite de courtoisie ou opération de communication ? Pour le ministre d’État, « il est toujours utile de passer d’un dossier à la réalité. Ce n’est pas la même chose de traiter un dossier, de regarder les subventions, de regarder le nombre de cas traités… et d’aller voir les lieux, de rencontrer les personnes, d’écouter les témoignages des thérapeutes. Le sens de cette visite, c’est essayer de comprendre sur le terrain ce qui se passe ». Car sur le terrain, Monaco n’est pas épargnée par la violence : « Cette violence n’a pas de frontière. Ça se passe à Monaco aussi bien qu’ailleurs. Elle n’a pas de frontière sociale non plus puisque ça se passe dans tous les milieux », souligne Serge Telle, chiffres à l’appui. En 2019, 64 victimes ont été prises en charge par l’AVIP, dont 33 ont subi des violences conjugales [3 hommes ont été victimes de violences conjugales — N.D.L.R.]. Au total, 46 personnes sont suivies par les professionnels de santé au sein de l’association. « Avant de regarder les chiffres, je n’avais pas pris conscience de l’ampleur de ce phénomène », a reconnu le chef du gouvernement au cours de sa visite.

© Photo Iulian Giurca – Monaco Hebdo.

Un lieu confortable et rassurant pour les victimes

Créée en 2014, à la suite de la promulgation de la loi n° 1382 du 20 juillet 2011, relative à la prévention et à la répression des violences particulières, l’AVIP accueille et aide les victimes de violences en tous genres, mais pas seulement : « Le champ de l’AVIP est assez large, à la base. Une victime d’un accident de la route, d’un vol, d’un abus de confiance ou de faiblesse peut venir nous voir. Mais ce sont principalement des victimes de violences psychologiques, physiques, sexuelles qui viennent nous rencontrer. Et cela inclut les violences conjugales », explique Valérie Campora, directrice de cette association. Avant d’insister sur les missions de l’AVIP : « On accompagne ces victimes de manière juridique et psychologique, c’est-à-dire que nous avons des thérapeutes qui sont présents de manière totalement gratuite qui les accompagnent. Et au niveau juridique, on les aide à pouvoir porter plainte, on les accompagne au tribunal si elles en ont besoin… ». L’AVIP travaille au quotidien avec six personnes et quatre thérapeutes : « Un médecin qui pratique la sophrologie et l’hypnose, un art-thérapeute, un psychothérapeute et un psychologue, qui accueille des groupes de parole », détaille Valérie Campora. Un accompagnement pluridisciplinaire qui répond « aux besoins de chaque personne », précise la directrice de l’association. Avec ce nouveau local, mis à disposition par l’État et entièrement refait à neuf aux frais de l’association, les victimes disposent désormais d’un endroit confortable et rassurant. Un lieu neutre car il ne s’agit pas de services de police, ni de services sociaux. « Le but est que les victimes se sentent un peu, voire beaucoup chez elles, annonce d’emblée Valérie Campora. Ce sont donc plutôt des salons avec un accueil individuel. Et après en fonction de l’évolution, de ses besoins, on va adapter la prise en charge des thérapeutes. Ce, à n’importe quel moment, 7 jours sur 7 (1) ». Le tout, « en toute confidentialité » promet la directrice de l’AVIP : « Tout ce qui rentre à l’AVIP ne sortira qu’avec l’autorisation de la victime, s’il y a besoin de la mettre en contact avec d’autres services ». Par ailleurs, confrontée en 2019 à « deux cas de personnes qui se sont retrouvées sans logement », cette association a demandé au gouvernement un logement de transit pour faire face à des urgences et mettre les victimes en sécurité, « quand on est hors horaires d’ouverture de la DASO [direction de l’action et de l’aide sociales – N.D.L.R.] » par exemple.

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© Photo Iulian Giurca – Monaco Hebdo.

En 2019, 64 victimes ont été prises en charge par l’AVIP, dont 33 ont subi des violences conjugales.

« Il y aura les moyens qu’il faut »

À la question de savoir si la prise en charge de ces victimes ne relève pas d’une mission de l’État plutôt que d’une association, le ministre d’État préfère insister sur la complémentarité entre les différents acteurs : « Il y a de l’État, puisqu’il y a la sûreté publique pour le volet répression. Il y a les services de la Daso pour l’accompagnement des familles, le service à l’enfance maltraitée… Il y a tout le volet répression avec la justice. Mais c’est bien qu’il y ait cette complémentarité avec des associations. Et c’est important que l’on s’assure que tout fonctionne ». Avant d’ajouter : « Cette complémentarité entre société civile et administration fait l’efficacité du processus. Ce que l’on cherche, ce n’est pas une compétition entre les uns et les autres, c’est une complémentarité […]. Je ne crois pas que l’État puisse tout faire en réalité. Cette association va beaucoup plus loin que ce qu’on peut faire, donc on a besoin de cette complémentarité ». Outre ce nouveau local, une « augmentation du budget dans des proportions considérables » a été décidée par le gouvernement ces dernières années « précisément parce que cette association remplit une mission de service public », justifie Serge Telle. Une aide de l’État qui pourrait encore s’accroître dans les années à venir, si l’on en croit le ministre d’État : « Ce qui est important pour nous, c’est leur efficacité. Si elles nous disent qu’elles ont besoin de plus de moyens, elles nous ont dit qu’elles avaient besoin d’un appartement de transit… on est à l’écoute des besoins de cette association. De la même façon que les services administratifs confrontés à ça, qui sont beaucoup plus gros évidemment, continueront à voir leurs moyens augmenter si c’est nécessaire. C’est absolument essentiel qu’on puisse casser le cycle de la violence familiale, personnelle, de la violence faite aux enfants… Donc, il y aura les moyens qu’il faut ». Dont acte.

1) L’AVIP est joignable par téléphone au +377 93 25 00 07, par e-mail sur avip@monaco.mc, sept jours sur sept, et « en toute confidentialité », assure Valérie Campora, directrice de cette association.

Vidéo : notre entretien avec Valérie Campora, directrice de l’AVIP Monaco

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