samedi 20 avril 2024
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« À Jeune J’écoute, nous faisons de la “haute couture” éducative »

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Depuis sa création en 1981, l’association Jeune J’écoute accueille et accompagne chaque année une centaine d’enfants et d’adolescents en souffrance, scolarisés ou résidant à Monaco. Pour leur venir en aide, Claude Boisson et Anne Fissore, respectivement président et directrice de l’association, comptent sur une équipe éducative et psychologique dévouée. Mais aussi, et surtout, sur un financement composé de subventions et de dons privés, comme ce fut le cas dernièrement avec une marche caritative.

Quelles sont les missions de l’association Jeune J’écoute et à qui s’adresse-t-elle ?

Claude Boisson : L’association Jeune J’écoute s’adresse à des jeunes qui sont scolarisés, résidents ou salariés à Monaco, car nous accueillons des personnes jusqu’à 26 ans. Nous effectuons à la fois un travail de prévention, d’insertion, de réinsertion et thérapeutique. Car il faut parfois accompagner psychologiquement ces jeunes. C’est la raison pour laquelle nous disposons d’une psychologue-psychothérapeute en complément des éducateurs.

Quelles sont les forces de votre association ?

Claude Boisson : Nous avons plusieurs forces : une harmonie, la qualité du personnel, nos locaux, l’anonymat pour les jeunes, une reconnaissance institutionnelle et sociale. Nous n’avons pas besoin de faire de publicité, les jeunes viennent par le bouche-à-oreille, par les travailleurs sociaux, par les familles. Ce que le gouvernement a fait sur le plan social en 20 ans est extraordinaire. Il y a eu une prise de conscience chez les responsables et conseillers de gouvernement successifs qui ont créé des postes. Aujourd’hui, il y a des relais partout. Les jeunes peuvent être orientés par ci, par-là. Et Jeune J’écoute a toute sa place dans ce système.

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Quel âge ont les jeunes que vous recevez ?

Anne Fissore : Nous accueillons des jeunes de 3 à 26 ans. Mais la majorité des jeunes qui viennent à l’association sont essentiellement des collégiens, en particulier des 5ème et 4ème, et des enfants de classes de primaire, du CP au CM2. Le mercredi matin, nous avons aussi un accueil pour les enfants des écoles maternelle, les 3-5 ans. C’est ce que nous appelons la « Petite Écoute » que nous avons lancée il y a une dizaine d’années.

Pourquoi avez-vous lancé cette « Petite Écoute » ?

Anne Fissore : Il fallait ouvrir un lieu aux parents et enfants pour qu’ils puissent consulter des professionnels dès le plus jeune âge, pour tenter de comprendre les difficultés d’insertion au sein de l’école, dans les relations avec les camarades, les difficultés dans les apprentissages. Car malheureusement, dès la maternelle, ça peut être compliqué pour beaucoup d’entre eux. Nous sommes toujours dans la prévention. Nous ne réussissons pas toujours, car pour certains jeunes, les situations sont tellement complexes et lourdes qu’il faut du temps, parfois des années, pour leur permettre de se structurer suffisamment, pour pouvoir travailler, construire une famille…

Avec qui travaillez-vous en principauté ?

Anne Fissore : L’association travaille en relation avec les différents travailleurs sociaux de la principauté, essentiellement les psychologues scolaires et les assistantes sociales des écoles, qui sont en première loge. Car c’est souvent à l’école qu’on se rend compte des problématiques d’un enfant. Ensuite, nous avons des relais dans les Centres d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP) et dans les Centres médico-psychologiques (CMP). Nous travaillons également en partenariat avec la direction de l’action sanitaire et sociale (DASS).

« L’association travaille en relation avec les différents travailleurs sociaux de la principauté, essentiellement les psychologues scolaires et les assistantes sociales des écoles, qui sont en première loge. Car c’est souvent à l’école qu’on se rend compte des problématiques d’un enfant »

Anne Fissore. Directrice de l’association Jeune J’écoute

Pourquoi les jeunes viennent vous voir ?

Anne Fissore : Les jeunes qui viennent à Jeune J’écoute peuvent présenter des troubles très importants. Certains ont des troubles qui relèvent du spectre de l’autisme ou des retards de langage extrêmement importants, avec parfois une agressivité importante à la maternelle. Pour l’école primaire, c’est un peu la même chose, les enfants peuvent présenter des troubles du comportement, des troubles dans les apprentissages, des difficultés à être en relation avec leurs camarades… D’autres ont des relations familiales complexes avec des divorces qui virent à la guerre ouverte et qui prennent des années pour se résoudre. Et l’enfant devient l’enjeu entre un père et une mère. La palette est donc assez large. Nous sommes un peu comme des médecins généralistes. Nous ne sommes pas spécialisés dans un domaine en particulier mais nous sommes formés pour pouvoir accueillir des enfants qui ont diverses problématiques. Parce que Monaco étant petit, on ne peut pas créer des institutions spécifiquement pour des enfants qui ont tels ou tels troubles. Jeune J’écoute s’est vraiment construite sur les besoins spécifiques à Monaco. Nous nous sommes adaptés aux évolutions.

C’est-à-dire ?

Claude Boisson : La société se dégrade, donc de plus en plus de familles rencontrent des problèmes quels qu’ils soient. Avec l’éclatement de la cellule familiale, de plus en plus de familles sont en danger. Et Jeune J’écoute représente vraiment une soupape de sécurité pour les jeunes.

Anne Fissore : Il y a des vagues. Pendant une ou deux années, nous allons avoir beaucoup d’enfants qui vont relever de problématiques « dys » (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie) avec de grandes difficultés à l’école, à la fois pour les apprentissages mais aussi pour les relations avec l’instituteur et les autres élèves au sein de la classe. Nous avons aussi eu toute une période avec beaucoup plus de problématiques liées au harcèlement au collège, mais aussi en primaire.

Jeune J'écoute
« Quinze nationalités différentes se côtoient à Jeune J’écoute ce qui est assez représentatif de ce que l’on trouve à Monaco. Enfin, 28 % sont de nationalité monégasque ce que nous ne voyions pas il y a dix ans. Les Monégasques n’osaient pas venir à Jeune, J’écoute. » Claude Boisson. Président de l’association Jeune J’écoute. © Photo Jeune J’écoute

Comment intervenez-vous auprès des jeunes ?

Anne Fissore : Jeune J’écoute s’est construite par rapport à ce que nous pouvions constater sur le terrain. Et il en va de même sur la façon dont nous procédons avec eux. Nous avons un tas de possibilités, ce qui fonctionne sur un enfant ne fonctionnera pas sur un autre. Quand un enfant ou un ado arrive, nous essayons d’abord de voir comment il est et nous tentons des choses, pour voir ce qui marche ou pas avec lui. Et nous nous ajustons tout le temps. Nous faisons de la « haute couture » éducative. Jeune J’écoute est avant tout un lieu de vie, où on vient le soir après l’école. On y dépose son cartable, on y goûte, on y fait ses devoirs, on y joue et on y est en relation avec des adultes. C’est tous ces instants vécus ensemble au quotidien qui permettent de créer une relation de confiance avec l’enfant ou l’adolescent. Nous déterminons ensemble ce qui leur pose problème dans l’existence et nous leur expliquons comment nous pouvons les aider. Et nous prenons tout le temps nécessaire.

« Les jeunes qui viennent à Jeune J’écoute peuvent présenter des troubles très importants. Certains ont des troubles qui relèvent du spectre de l’autisme ou des retards de langage extrêmement importants, avec parfois une agressivité importante à la maternelle »

Anne Fissore. Directrice de l’association Jeune J’écoute

En plus du temps, il faut aussi des moyens humains ?

Anne Fissore : Il faut aussi des moyens humains. Nous sommes suffisamment nombreux pour pouvoir faire un accueil à la fois de groupe mais aussi de manière très individualisée. Et très spontanément, les enfants sentent vite la possibilité qu’ils ont ici à être eux-mêmes, à dire ce qu’ils ressentent… les choses se font de manière assez spontanée quand la relation de confiance s’est créée.

En moyenne, combien de temps dure l’accompagnement ?

Anne Fissore : L’accompagnement dure, en moyenne, 2 ou 3 ans. Mais nous connaissons certaines familles depuis longtemps. D’autres ne viennent qu’une année. Tout dépend des difficultés rencontrées. Parfois ce sont des petites choses simples mais quand la problématique est plus lourde, quand ça relève par exemple de la dépression, du mal de vivre ou de complexité relationnelle, c’est différent car il faut du temps pour comprendre à qui on a affaire. Ce temps est essentiel pour apporter la réponse la plus adaptée.

Qui accompagne les jeunes au sein de l’association ?

Anne Fissore : Nous avons deux éducateurs spécialisés qui travaillent auprès des adolescents, deux éducateurs spécialisés qui travaillent auprès des enfants et une psychologue à temps plein qui fait tout un travail thérapeutique avec les enfants et les adolescents. Elle prend aussi du temps pour être sur la vie de groupe. Cela permet un peu de démystifier son rôle.

« Quand on parle avec les jeunes, ils nous disent que tout le monde fume et que l’on peut s’en procurer facilement. On n’arrive pas à y croire, vu le contexte monégasque. Mais les jeunes nous le disent »

Claude Boisson. Président de l’association Jeune J’écoute

Claude Boisson : Nous avons également une secrétaire qui est une administrative, mais qui a un rôle social énorme. Car elle est la première personne que voient les jeunes. Le contact et le relationnel sont très importants.

Prenez-vous en charge des victimes de cyberharcèlement ?

Anne Fissore : Le cyberharcèlement, c’est nouveau. Il est arrivé avec les téléphones portables, les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Ce qui pouvait s’arrêter parfois à la grille de l’école continue maintenant au domicile. Souvent, nous conseillons d’abord aux parents de réquisitionner le téléphone pour couper court à la continuité de ce harcèlement. Le vocabulaire évolue également mais du harcèlement, il y en a toujours eu. On ne l’appelait pas harcèlement mais nous avons tous, dans nos jeunes années, connu des enfants qui se faisaient plus moquer que d’autres à l’école. Le souci, c’est qu’aujourd’hui avec les téléphones portables, et les réseaux sociaux, les choses deviennent de plus en plus vues à la loupe et de manière importante. Avant, 4-5 personnes étaient au courant, aujourd’hui avec les portables, c’est 100-150. L’écho peut être très important et c’est très compliqué à vivre pour les victimes. Et bien souvent, la première des solutions pour les parents est de retirer l’enfant de l’école. Car au harcèlement s’associe une phobie scolaire. Il faut donc essayer de comprendre ce qui se trame et ce qui se joue pour l’adolescent.

Les conséquences de ce harcèlement peuvent être dramatiques et même conduire au suicide ?

Anne Fissore : Au début de ma carrière, il y avait très peu d’enfants dans des situations de dépression, ou qui avaient des envies de suicide. Aujourd’hui, il y en a beaucoup plus qu’il y a 30 ou 35 ans. Il y a un mal de vivre, un mal-être, une difficulté à avancer. Doucement mais sûrement, il y a une évolution sociétale qui s’est faite et nous en prenons maintenant la mesure parce qu’il y a aussi des phénomènes qui se passent comme le Covid.

Quel impact a eu l’épidémie sur les jeunes ?

Anne Fissore : On constate un avant et un après-Covid. Tout simplement, parce qu’ils n’ont plus envie de sortir. Pour tous ceux qui avaient du mal à parler au sein de la classe, qui se stressaient lors des évaluations… le Covid a été une voie royale. Ils étaient tranquilles à la maison, sans le regard de leurs camarades. Certains ont même augmenté leurs notes pendant cette période, car ils étaient détendus pour travailler. Mais pour d’autres, en revanche, ça a été plus difficile, car il y avait justement un manque de relation avec les autres. Ils ont pris une espèce d’habitude [de ne pas sortir – NDLR], mais qui avait déjà commencé avant le Covid, avec les jeux en réseau. Aujourd’hui, les jeunes sont en lien avec leurs copains depuis chez eux, alors qu’avant, on sortait jouer dans la rue, avec un ballon par exemple. Si les jeux vidéo prennent toute la place, ça ne va plus. Il faut un dosage.

Comment vous êtes-vous organisés durant le Covid ?

Claude Boisson : Le Covid a été une épreuve pour les jeunes et pour les équipes, parce qu’elles ont travaillé autant, sinon plus. Ils ont donné leur numéro de téléphone portable personnel aux jeunes pour pouvoir communiquer. Il y avait du coup une intrusion dans la famille. Nous avons ainsi pu découvrir comment ça pouvait se passer à domicile.

Anne Fissore : Jamais je n’aurais imaginé pouvoir être éducateur à distance et faire du télétravail éducatif. Mais nous avons réussi. Pendant le Covid, nous avons fait des choses incroyables. Nous faisions des visioconférences, du sport et des jeux ensemble à distance… Le Covid est venu pointer du doigt et accentuer des problématiques qui étaient déjà existantes avant. Mais elles ont été exponentielles. Beaucoup de jeunes ont littéralement explosé en vol, c’est-à-dire qu’il y en a pour lesquels ça a été extrêmement douloureux, très compliqué. Des enfants ont été hospitalisés en psychiatrie. Il y a eu un réel changement de ce côté-là. Quand on est dans une activité professionnelle, scolaire… on peut masquer les choses mais quand tout s’arrête, ça peut être d’une extrême violence pour tous ceux qui ont des problématiques liées à un état dépressif.

Vous parlez d’addiction aux jeux vidéo : constatez-vous aussi d’autres addictions, aux drogues et à l’alcool par exemple ?

Claude Boisson : Quand on parle avec les jeunes, ils nous disent que tout le monde fume et que l’on peut s’en procurer facilement. On n’arrive pas à y croire, vu le contexte monégasque. Mais les jeunes nous le disent. Nous n’avons pas de cas de toxicomanie « dure » à Jeune J’écoute. Nous n’avons pas de jeunes qui viennent dans des états anormaux.

Anne Fissore : J’ai la sensation que tout ce qui touche un peu au cannabis est devenu un peu banal. Les plus âgés peuvent avoir un souci avec l’alcool. Mais c’est aussi en lien avec l’adolescence donc il faut comprendre ce qui se passe. Si l’alcool vient remplir un rôle dans l’existence de l’adolescent, ce n’est pas la même chose. Tout est question de dosage.

Faites-vous intervenir des addictologues à l’association ?

Anne Fissore : Il y a un addictologue spécialement dédié aux adolescents au Centre hospitalier princesse Grace (CHPG). Nous l’avons rencontré et nous savons que nous pouvons faire appel à lui en cas de toxicomanie ou d’addiction importante.

Par quelles voies vous sollicite-t-on ?

Anne Fissore : Les enfants et les adolescents peuvent venir spontanément. Le bouche à oreille fonctionne extrêmement bien. L’association existe depuis plus de 40 ans donc nous sommes connus et nous sommes respectés pour notre discrétion. Parce que Monaco est un petit village, tout le monde connaît tout le monde. Dès qu’on a une étiquette dans le dos, ici c’est plutôt une pancarte. Tout ça est très difficile à vivre pour beaucoup d’entre eux donc Jeune J’écoute est une bulle d’oxygène, un petit havre à part. Les familles peuvent venir, c’est libre et gratuit. Souvent, elles sont adressées par les travailleurs sociaux de la principauté : les assistantes sociales des écoles, le CMP… Nous travaillons vraiment en collaboration et en harmonie pour aider les familles.

Claude Boisson : Nous ne cherchons pas à être les meilleurs et les plus beaux. Si on juge à un moment donné que tel éducateur et tel endroit peut davantage correspondre, on n’hésite pas. Un travail de confiance se fait entre professionnels. Concernant la provenance, 38 % viennent par le bouche à oreille, 19,57 % sont orientés par l’éducation nationale, 10 % par le CMP, 10 % par la direction de l’action et de l’aide sociales (DASO), 10 % par des psychologues, 6,5 % par le CATTP et 4,5 % par des médecins. Par ailleurs, quinze nationalités différentes se côtoient à Jeune J’écoute ce qui est assez représentatif de ce que l’on trouve à Monaco. Enfin, 28 % sont de nationalité monégasque ce que nous ne voyions pas il y a dix ans. Les Monégasques n’osaient pas venir à Jeune, J’écoute.

Proposez-vous également un accompagnement aux familles ?

Anne Fissore : Oui, c’est extrêmement important, car nous ne pouvons isoler l’enfant du cadre dans lequel il vit. Nous devons donc forcément travailler en collaboration avec les parents. Nous tentons avec eux de comprendre et d’ajuster la réponse qui pourra permettre à leur enfant de sortir de son mal-être. Quand on est papa ou maman, il y a un lien affectif très fort avec l’enfant, et il est difficile d’avoir du recul. Chez Jeune J’écoute, nous pouvons parfois nous permettre de dire ou de faire des choses avec l’enfant alors que c’est plus compliqué pour les parents. On parle de l’accompagnement des enfants et des adolescents, mais on pourrait parler d’accompagnement des familles parce que ça ne peut pas se faire sans les familles.

Claude Boisson : Chez les plus jeunes, vous ne pouvez avancer qu’avec l’accord des parents. Sinon, ils interfèrent. Et ils se jouent des choses, parfois nous voyons des choses assez perverses. Si ça se passe trop bien avec les enfants, les parents se sentent un peu dépossédés. Il y a tout un travail de culpabilité des parents, au niveau de la responsabilité. Certains sont complètement perdus, ils ne savent plus quoi faire donc il est très important de travailler avec eux.

Que proposez-vous concrètement aux jeunes qui viennent à l’association ?

Anne Fissore : Nous essayons toujours de leur proposer des choses qui peuvent leur correspondre au moment où on les accueille. Tous les mercredis après-midi, nous proposons un atelier de créativité car ces enfants ont besoin de développer leur imaginaire, d’avoir du temps pour rêver, pour penser… Les enfants adorent aussi les jeux de rôle. Ils nous permettent de comprendre et de voir aussi comment l’adulte se comporte avec l’enfant car ce dernier reproduit, et dit ce qu’on lui dit… Et parfois, nous pouvons percevoir les violences qu’il peut y avoir dans une famille.

« La princesse Caroline est véritablement impliquée. Elle suit notre association, parfois elle nous donne des idées, des conseils. Elle vient aussi une ou deux fois par an à Jeune J’écoute, pour assister à un conseil d’administration, et rencontrer les jeunes. Elle a vraiment voulu que cette association se crée, et ça fait 40 ans qu’elle nous suit »

Claude Boisson. Président de l’association Jeune J’écoute

Quoi d’autres ?

Anne Fissore : Nous proposons aussi des ateliers voix, des ateliers tags pour les adolescents… Il nous est par exemple arrivé de faire du théâtre, de la voile, du futsal… Ça varie toujours d’une année sur l’autre mais l’atelier de créativité du mercredi après-midi reste fixe pour leur permettre d’exprimer les choses à travers le dessin, la peinture…

Quel est le rôle de la princesse Caroline, votre présidente d’honneur ?

Claude Boisson : La princesse Caroline est véritablement impliquée. Elle suit notre association, parfois elle nous donne des idées, des conseils. Elle vient aussi une ou deux fois par an à Jeune J’écoute, pour assister à un conseil d’administration, et rencontrer les jeunes. Elle a vraiment voulu que cette association se crée, et ça fait 40 ans qu’elle nous suit. C’est une chance car on sent qu’elle a envie de s’occuper de cette association et ça nous aide.

« Les membres du conseil d’administration sont à la fois heureux et tristes. Heureux parce qu’on considère que tout ce qui a été entrepris est réussi et fonctionne bien. Et tristes, parce que s’il n’y avait pas de jeunes en difficulté, il n’y aurait pas besoin d’éducateurs »

Claude Boisson. Président de l’association Jeune J’écoute

Quels sont vos futurs projets ?

Claude Boisson : Nous avons pris un engagement avec le gouvernement qui est de ne pas augmenter les frais de personnel. Ils augmentent car il y a des grilles et des minima à respecter mais nous ne nous embarquons pas dans des projets. Nous accueillons beaucoup de jeunes mais nous disposons d’une équipe conséquente. Ce ne serait pas raisonnable de vouloir d’autres personnes. Concernant les projets, nous n’en avons pas de concrets en soi. C’est toujours l’adaptation.

Anne Fissore : Peut-être que nous allons avoir besoin d’un financement de huit jours en voilier. Nous ne savons pas encore. Mais c’est possible.

Plus de 40 ans après sa création, quel bilan faites-vous de l’association Jeune J’écoute ?

Claude Boisson : Les membres du conseil d’administration sont à la fois heureux et tristes. Heureux parce qu’on considère que tout ce qui a été entrepris est réussi et fonctionne bien. Et tristes, parce que s’il n’y avait pas de jeunes en difficulté, il n’y aurait pas besoin d’éducateurs. Quand on me demande si Jeune J’écoute marche bien, je réponds « oui ». Mais ça signifie que pas mal de jeunes ont des problèmes. Je préférerais dire que l’association ne marche pas. Quelque part, on se nourrit un peu de la misère des autres.