vendredi 19 avril 2024
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« Prêts à faire face à une éventuelle deuxième vague »

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Pour faire face au Covid-19, la France vient de rendre le port du masque obligatoire dans les lieux publics clos. A Monaco, la même mesure existe depuis le début du déconfinement, le 4 mai 2020. Le département des affaires sociales et de la santé a répondu aux questions de Monaco Hebdo.

Alors que de plus en plus d’experts craignent un rebond de l’épidémie de Covid-19 et que la vigilance tend à baisser dans la population, pourquoi les autorités monégasques envisagent-elles de rendre le port du masque obligatoire partout, y compris dans la rue ?

Le port du masque n’est pas obligatoire partout, dans la mesure où la probabilité qu’un individu porteur du virus le transmette à un second individu qu’il croise à l’air libre est extrêmement faible, tant qu’une distance supérieure ou égale à 1,5 mètre est respectée. En revanche, il est obligatoire depuis le début de la levée du confinement dans tous les espaces fermés accessibles au public, ainsi que dans les espaces ouverts lorsqu’il y a un public important : Herculis, Fort Antoine, ou cinéma en plein air.

Dans une tribune publiée par Le Parisien le 12 juillet 2020, 14 médecins réclament le port du masque obligatoire au moins dans les lieux clos très fréquentés : qu’est-ce que cela vous inspire ?

Le port du masque est obligatoire dans les lieux clos à Monaco depuis le 4 mai 2020, date du déconfinement en principauté, selon les recommandations de la direction de l’action sanitaire et du gouvernement princier. Cette mesure est toujours actuellement applicable en principauté de Monaco, conformément à la décision ministérielle du 6 juillet 2020 modifiant la décision ministérielle du 28 avril 2020 portant instauration de mesures exceptionnelles, dans le cadre de la reprise progressive des activités en vue de lutter contre l’épidémie de Covid-19. Avec le recul, nous constatons que cette mesure est efficace et mérite d’être maintenue.

De plus en plus de médecins estiment que, désormais, la distanciation de plus d’un mètre en lieu clos ne suffit pas et qu’elle fait croire à tort aux personnes qu’elles sont protégées : partagez-vous ce point de vue ?

Le risque de transmission virale est important pour une distance inférieure à un mètre. Il est réduit au-delà. Plus la distance augmente, plus ce risque diminue. Des paramètres tels que la température, l’humidité et surtout la présence de courants d’air interviennent dans la diffusion des particules virales. Lorsque le port du masque est impossible comme quand on est assis au restaurant ou dans un bar, c’est une distance d’1,5 mètre entre individus de tablées différentes qui est prescrite. En principauté, cette configuration est respectée dans la mesure où les tables sont séparées d’un mètre de bord de table à bord de table. Pour les autres lieux clos, le port du masque est obligatoire, sauf pour les enfants de moins de 5 ans.

© Photo Direction de la Communication

« Le terme de « vague » évoque un tsunami, c’est-à-dire un phénomène incontrôlé. Avec les mesures préventives mises en place par le gouvernement princier, on peut s’attendre, en cas de recrudescence de la circulation du virus, à une augmentation contenue des cas, sans que l’on atteigne le dépassement des moyens »

Le 6 juillet 2020, un groupe de 239 scientifiques internationaux a alerté sur la possible transmission par l’air du Covid-19, et estime qu’il « existe bien assez d’éléments probants pour appliquer le principe de précaution » : allez-vous appliquer le principe de précaution ?

La transmission par l’air du Covid-19 est connue depuis le début de l’année 2020 et, malheureusement, dans le monde, un nombre important de soignants insuffisamment protégés en ont été contaminés. Ce type de transmission devient effective lors d’expositions répétées à des malades excréteurs du virus, ou lors de la réalisation de gestes médicaux invasifs, qui génèrent une aérosolisation des particules virales. Ce risque est pris en compte en dotant d’équipements de protection individuelle adaptés les personnels soignants et secouristes exposés. Le principe de précaution vise les risques hypothétiques. La transmission du Covid-19 dans l’air est un risque réel, et c’est donc le principe de prévention qui s’applique. Le gouvernement princier s’est doté d’un stock stratégique important d’équipements de protection individuelle adaptés aux différentes situations à risque pour les personnels susmentionnés. En ce qui concerne le public, le risque réel et important est représenté par les surfaces contaminées : boutons d’ascenseur, poignées de porte… Le moyen simple de s’en protéger consiste à se laver fréquemment les mains à l’eau et au savon, ou à se les désinfecter avec un produit hydroalcoolique.

Face au risque potentiel que représentent les personnes qui reviennent de l’étranger, de l’extérieur de l’Europe, mais aussi de l’Europe, quels contrôles avez-vous mis en place ?

Il est déjà demandé aux résidents revenant de zones dites « à risque », notamment les régions extérieures à l’espace européen, de se signaler à la direction de l’action sanitaire, via le centre d’appel (1). Une quatorzaine est alors prononcée par le directeur de l’action sanitaire, sauf si la personne est en mesure de présenter un test RT-PCR négatif, réalisé dans le pays de provenance moins de 72 heures avant l’arrivée en principauté, ou à l’arrivée en principauté. L’objectif n’est pas de contrôler les personnes, mais de prévenir la diffusion du Covid-19 sur le territoire monégasque. Cela ne peut se faire que par une attitude responsable des individus, et par une administration et des professionnels qui savent les conseiller utilement.

Dans le cadre de cette crise sanitaire, si d’éventuelles obligations nouvelles sont décidées par le gouvernement, cela se déroulera par quel biais ?

Comme jusqu’à présent les orientations sont arrêtées par le gouvernement princier en concertation avec les services compétents en fonction du contexte épidémiologique et dans un souci de préservation de la population et des travailleurs de la principauté. En pratique, les obligations et règles générées par la crise sanitaire relative au Covid-19 ont été édictées par décisions ministérielles prises en application du règlement sanitaire international. A noter que les professionnels des secteurs concernés ont été consultés et informés en temps utile.

Si une deuxième vague se dessinait dans les semaines à venir, les services de l’Etat et le centre hospitalier princesse Grace (CHPG) sont-ils prêts ?

Les services de l’Etat sont prêts à faire face à une éventuelle deuxième vague, notamment grâce à un stock stratégique, constitué par l’Etat, comprenant des masques, des équipements de protection individuelle et des produits hydroalcooliques. A noter qu’il existe une capacité importante de production locale de produits hydroalcooliques et de masques en tissus. En complément, le dispositif de prise en charge, composé du centre d’appel, du centre de suivi à domicile ainsi que du centre de suivi des tests, qui sont à l’heure actuelle en activité réduite, pourront être réactivés en fonction des besoins. Par ailleurs, la capacité en tests de la principauté a été fortement augmentée, notamment avec la constitution d’un stock de tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), et aussi la possibilité de faire réaliser des analyses RT-PCR en ville, en parallèle du CHPG et de certains laboratoires d’analyses médicales. Enfin, le CHPG pourra, en cas de besoin, rouvrir l’unité Covid pour les patients nécessitant une hospitalisation. Le terme de « vague » évoque un tsunami, c’est-à-dire un phénomène incontrôlé. Avec les mesures préventives mises en place par le gouvernement princier, on peut s’attendre, en cas de recrudescence de la circulation du virus, à une augmentation contenue des cas, sans que l’on atteigne le dépassement des moyens. En tout état de cause, un système de veille sanitaire permettant notamment la détection précoce de clusters naissants reste opérationnel.

1) Contacter le centre d’appel au 92 05 55 00 ou par email sur COVID19@gouv.mc.

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