mardi 23 avril 2024
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Ce nouveau test anti-Covid qui va (peut-être) tout changer

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Un nouveau procédé de test anti-Covid est expérimenté à Monaco. Simple et sans douleur, il pourrait permettre de tester plus de personnes, notamment les enfants, avec moins de contraintes.

Une expérimentation a été lancée à l’espace Léo Ferré auprès de volontaires.

Imaginez un test rapide et pas incommodant. Parfait pour tester les enfants. Plutôt que de tendre la narine, il suffirait de tendre la joue, puis d’ouvrir la bouche pour opérer un petit prélèvement. On vient, on repart. Merci, au-revoir. Les équipes de la Direction de l’action sanitaire (Dasa) et du Centre scientifique de Monaco (CSM) sont en train d’expérimenter la technique à l’espace Léo Ferré depuis le 18 février 2021. Deux types de prélèvements buccaux sont testés : l’un en PCR, avec prélèvement dans la face interne de la joue, l’autre antigénique. Ce dernier est même, peut-être, le plus intéressant, car plus rapide et facile d’usage. Non pas que personne n’y ait pensé avant, mais l’analyse du test buccal était encore trop chronophage pour être développée en pleine période de crise, à flux tendu. Maintenant que le temps le permet un peu plus aux équipes dédiées, le moment est venu de tester les tests. À la manière d’une opération militaire, l’expérimentation porte un nom de code : « Cordages », car l’enjeu est de taille. Enjeu sanitaire évidemment, et enjeu économique. Nombreuses en effet sont les entreprises qui cherchent à se positionner sur ce qu’on pourrait qualifier de « marché Covid-19 ». À Monaco, le fameux test buccal antigénique est développé par l’entreprise Stark. Une entreprise monégasque spécialisée à l’origine dans l’implant dentaire, mais dont les récentes études en matière de détection des antigènes de virus ont, semble-t-il, permis de gagner la confiance des autorités : « C’est une entreprise qui a déjà été primée à Monaco, et qui favorise l’utilisation de nouvelles techniques, explique le docteur Thomas Althaus, médecin épidémiologiste à la direction de l’action sanitaire et au CSM. Une étude menée en interne, auprès de 150 patients environ, a fait état de résultats prometteurs. D’où notre envie de poursuivre de nouvelles expérimentations. »

Technique de l’ELISA

Stark utilise en effet la technique de l’Enzyme linked immuno sorbent assay (Elisa), qui n’aurait encore jamais été testée en matière de recherche Covid. Cette technique consiste à piéger les « bons » antigènes, ceux qui révèlent le plus de signes d’intérêt. Mais, si cette technique peut s’avérer payante, la Dasa doit toutefois veiller à ce qu’elle soit fiable pour ne pas se risquer à délivrer trop de « faux négatifs » à l’avenir : « Il y a en effet beaucoup de prétendants qui estiment avoir trouvé la bonne solution pour tester, il y a un intérêt économique certain. Nous devons donc faire office de garde-fou pour juger ce qui est sérieux, de ce qui l’est moins », explique le docteur Thomas Althaus. Trois critères pour cela. Tout d’abord, s’assurer que la taille de l’échantillon de patients soit suffisamment conséquente. Il faut ici 1 500 tests pour se prononcer sur le résultat de l’expérimentation. Il faut ensuite veiller à respecter la méthodologie en vigueur, la technique de l’Elisa doit se faire obligatoirement en complément du test PCR nasopharyngé, qui reste la référence de base sur laquelle se fier. Enfin, le fabricant ne doit pas avoir accès à des données intermédiaires lui permettant de s’ajuster pendant la phase d’expérimentation, sous peine de créer des conflits d’intérêts et de biaiser complètement les résultats des tests. « Il n’y a donc que les équipes de Léo Ferré qui y ont accès », assure le docteur Althaus.

Pas encore de résultats

Aujourd’hui, alors que Monaco Hebdo boucle ce numéro le 2 mars 2021, environ 150 personnes, toutes volontaires, s’étaient prêtées aux tests buccaux. Mais pas n’importe lesquelles : il s’agit de personnes symptomatiques, ou bien de cas contacts confirmés. Ces tests ne sont pas destinés aux personnes dépistées à titre préventif, ni aux mineurs. Cette distinction est assurée afin d’obtenir des tests les plus exploitables possible, comme le rappelle Julie Malherbe, responsable du centre national de dépistage, à l’espace Léo Ferré. Il faudra donc encore un peu de temps pour atteindre le seuil des 1 500 tests nécessaires pour obtenir de premiers résultats. L’expérimentation sera reconnue comme fiable si la sensibilité des tests dépasse le seuil des 80 %, fixé par la Haute autorité de santé (HAS) : « Si la sensibilité est finalement de 70 %, cela ne voudra pas dire que le résultat sera mauvais pour autant, car le différentiel pourra être vite rattrapé en multipliant les tests, explique le docteur Thomas Althaus. En revanche, si l’expérimentation n’est vraiment pas concluante une fois les résultats obtenus, on abandonnera. Il n’y aurait aucun sens à poursuivre. »