Lampes et ampoules de luminothérapie se vendent de plus en plus pour passer le cap d’un hiver qui peut rimer avec coups de blues et dépressions saisonnières. Explications avec Gérard Pons, président de l’Association française de luminothérapie (1).
Monaco Hebdo?: On évoque souvent des troubles de l’humeur et une fatigue croissante à l’approche de l’hiver. En quoi peuvent-ils être liés au manque de soleil??
Gérard Pons?: La perte d’ensoleillement entraîne une augmentation de la sécrétion de mélatonine dans notre cerveau. Cette hormone, qui régule notre horloge biologique, a un effet somnifère et explique l’apparition de telles dépressions saisonnières. Certains y seront plus sensibles car la production de mélatonine est plus ou moins importante en fonction des individus. De manière générale, on estime que 2 à 3 % de la population est concernée, avec une prévalence chez les femmes.
M.H.?: Comment peut-on diagnostiquer ces troubles??
G.P.?: On a aujourd’hui des méthodes simples pour établir les diagnostics. Ils se font généralement chez les psys ou médecins du sommeil plus que chez le généraliste. Le diagnostic est déterminant car ces dépressions saisonnières peuvent avoir des symptômes très variés – perte d’appétit, sensation d’isolement, troubles de la personnalité… Il est aussi important de les différencier de leur forme atténuée plus courante, le « blues hivernal » qui consiste en un simple passage à vide passager.
M.H.?: Ces dépressions affectent-elles aussi les régions qui restent les plus ensoleillées comme les bords de la Méditerranée??
G.P.?: Bien sûr, d’ailleurs l’une des villes où le phénomène a été le plus fortement observé est Palo Alto, en Californie?! En réalité, il nous faudrait passer deux heures par jour d’exposition à une lumière naturelle de 200 lux pour éviter l’apparition de tels symptômes. Ce qui équivaut à la luminosité par temps correct à midi. Souvent, on n’a pas une telle exposition en hiver, même sur la Côte d’Azur.
M.H.?: Comment peut-on soigner de telles dépressions??
G.P.?: Le plus important est de bien s’éclairer avec des lampes et ampoules qui recomposent au mieux, en terme de puissance comme de spectre de couleurs, notre lumière naturelle. C’est le principe de la luminothérapie. Pendant longtemps, on prescrivait des bains de 30 minutes sous des lampes spécifiques pendant les périodes de crises. Aujourd’hui, on développe une approche plus préventive de « thérapie douce » grâce à l’usage d’ampoules et de lampes de luminothérapie que l’on peut installer à domicile et qui remplacent notre éclairage artificiel. C’est d’autant plus facile que le coût de la technologie a fortement diminué?: aujourd’hui, on peut installer un système chez soi pour moins de 300 euros.
M.H.?: L’usage de telles lampes et ampoules ne présente-t-il pas de dangers??
G.P.?: Il n’y a pas de danger si l’on suit les conseils de spécialistes. A la différence des U.V., la lumière diffusée par les systèmes de luminothérapie n’est pas nocive pour la peau. Les études en attestent. Par contre, il faut être vigilant sur son équipement car de plus en plus d’ampoules et de lampes sont commercialisées à prix cassés, mais avec une qualité incertaine. A moins de 150 euros pour une lampe et 25 euros pour une ampoule, la sécurité n’est pas garantie…