C’est le pari de généticiens qui annoncent pouvoir dès 2011 proposer l’analyse détaillée de l’ensemble des gènes de chacun. Et identifier du même coup dès la naissance les facteurs de risque de maladies cardiaques, cancers ou diabètes. Une perspective qui suscite les polémiques…
Si les tests génétiques font furie depuis des mois sur le net pour identifier ses prédispositions à telle ou telle maladie, il devrait être possible d’ici quelques années de s’offrir en quelques clics un diagnostic complet de ses facteurs de risques non pas à une seule, mais à toutes les pathologies d’origines génétiques?! A la clé?? Un bilan personnalisé de ses chances de développer cancer du sein, diabète, obésité, infarctus ou même pathologies neurologiques tout au long de son existence. Mieux encore?: le bilan pourrait être proposé dès les premiers mois suivant la naissance des enfants pour anticiper au plus tôt les problèmes et mettre en place traitements et régimes adaptés.
Tollé contre les dérives
Depuis quelques mois, plusieurs sociétés anglo-saxonnes annoncent pouvoir proposer l’analyse complète des gènes d’un individu – appelé séquençage- pour moins de 1?000?dollars en 2011 et moins de 100?dollars dès 2018?! Il y a quelques semaines, un Américain de 40 ans a d’ailleurs été le premier au monde à bénéficier d’un traitement préventif exclusivement basé sur le séquençage de son propre génome. Stephen Quake suit depuis des traitements contre le cholestérol ou le diabète, deux pathologies pour lesquels il a des prédispositions génétiques qu’il ignorait jusqu’alors.
Cette généralisation annoncée des techniques de séquençage suscite des espoirs sans précédent au sein de la communauté médicale?: sur les 20?000?à 25?000 gènes de nos patrimoines génétiques, plus de 6?000 sont d’ores et déjà connus pour être associés à l’apparition de maladies. Mais ces espoirs suscitent aussi les polémiques. Une dizaine de sociétés savantes françaises viennent de se fendre d’un manifeste pour alerter sur les dérives de cette médecine prédictive. «?Ces études peuvent conduire à une perception erronée du danger encouru car le risque de développer ces maladies dépend certes de facteurs génétiques mais aussi de facteurs du milieu?», préviennent les sages. Et pour cause?: si l’on sait de mieux en mieux identifier nos gènes, on est encore très loin de pouvoir interpréter leur rôle et leur influence exacte dans l’organisme. Une même mutation génétique peut avoir des effets inverses d’un individu à l’autre ou être transformé par un simple changement d’habitude de vie.
Plus qu’un art divinatoire incertain, la généralisation de ces diagnostics individualisés devrait surtout aider à affiner les prescriptions de médicaments. Selon certains experts, près de 50?% des traitements proposés aujourd’hui pour le diabète, l’asthme ou contre le cholestérol serait peu ou pas efficace chez un grand nombre d’individus. Faute de cibler suffisamment précis. En connaissant la carte génétique de chacun, il devrait être possible de mieux anticiper l’efficacité – et les éventuels effets toxiques- de tel ou tel traitement. Ce qui là aussi demandera du temps…