vendredi 19 avril 2024
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Covid-19 : pourquoi le taux d’incidence a-t-il autant diminué à Monaco ?

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Le nombre de cas positifs au Covid-19 monte en flèche dans les Alpes-Maritimes. Mais à Monaco, le taux d’incidence a diminué.

Pour l’expliquer, le gouvernement met en avant les mesures instaurées pour contrer l’épidémie, tout en rappelant que rien n’est encore gagné.

L’écart s’est radicalement creusé. Alors que le département des Alpes-Maritimes est frappé de plein fouet par la recrudescence du nombre de cas positifs au Covid-19, avec un taux d’incidence (1) qui culmine à plus de 700 (734,8 à l’heure où Monaco Hebdo boucle ce numéro, le 2 mars 2021 — Monaco connaît l’effet inverse, depuis les premiers jours du mois de février 2021. Son taux d’incidence est ainsi passé de 436,84 entre le 1er et le 7 février 2021, à 289,47 entre le 9 et le 21 février 2021. La baisse du nombre de cas positifs au virus est plus que significative. Certes, ce taux repart légèrement à la hausse en principauté, après avoir stagné, mais cette tendance est sans commune mesure avec les résultats du territoire niçois. « Au départ, la courbe du taux d’incidence progressait en même temps que celle des Alpes-Maritimes, même si celle de Monaco progressait toujours un peu après, jusqu’au moment où nous avons enfin décroché », a expliqué lors d’une conférence de presse le 24 février 2021, Didier Gamerdinger, ministre des affaires sociales et de la santé.

Plusieurs explications

Comment expliquer cependant un tel écart de chiffres entre Monaco et Nice alors que les deux territoires sont si proches l’un de l’autre ? Le gouvernement monégasque avance pour explication la généralisation du port du masque, la limitation de l’accueil des Français et des Italiens, hors salariés, notamment dans les restaurants. Ou encore la fermeture des salles de sport, l’instauration du couvre-feu et la réactivation du télétravail seraient autant d’éléments susceptibles d’expliquer une telle chute du nombre de cas positifs au Covid-19, selon Didier Gamerdinger. Concernant le télétravail notamment, 11 000 salariés auraient déclaré à leur employeur qu’ils travaillaient à domicile actuellement, toujours selon Didier Gamerdinger : « Ils étaient un millier avant la crise », a rappelé le ministre, tout en précisant que des contrôles sont également réalisés en entreprises, dans la mesure du possible, pour vérifier que le télétravail est bien appliqué, comme l’impose la réglementation en vigueur depuis le 8 février 2021 : « Toutes les entreprises ne peuvent pas l’appliquer. Mais, dans des entreprises de prestation de service, de comptabilité, ou d’étude juridique, par exemple, c’est possible, et ça doit être fait. » La campagne de vaccination ne serait pas, non plus, sans effet pour Didier Gamerdinger : « Les personnes vaccinées peuvent toujours être contaminées. Mais, si elles contractent le virus, elles sont cependant moins exposées, et moins porteuses aussi, car leurs anticorps se sont développés. Elles partagent donc moins le virus. » À ce sujet, 8 028 personnes auraient reçu leur première injection, soit 21 % de la population selon le gouvernement, dont 69 % de personnes âgées de 75 ans et plus. Et 5 670 personnes auraient reçu leur deuxième injection, soit 70 % des personnes ayant reçu leur première injection de vaccin Pfizer-BioNTech, le seul actuellement disponible en principauté.

Entre 40 et 45 % de variants anglais

La campagne de tests anti-Covid aurait aussi permis de freiner la progression de l’épidémie, a assuré le ministre des affaires sociales et de la santé : « Nous poursuivons notre campagne de tests massive. Nous avons testé 5 310 personnes en une semaine, par exemple [du 15 au 21 février 2021 – NDLR]. C’est trois fois plus qu’à Nice et Marseille, qui sont pourtant des villes très vertueuses sur ce domaine », a précisé Didier Gamerdinger. Ces tests ne sont d’ailleurs pas destinés qu’aux Monégasques et résidents. Près de 50 % d’entre eux sont réalisés à destination de salariés français. « Nous traquons les variants aussi : tous les tests significativement positifs sont systématiquement testés pour détecter les trois variants », a ajouté Didier Gamerdinger. Dix prélèvements jugés « très évocateurs », dont certains issus du centre hospitalier princesse Grace (CHPG), ont ainsi été transmis à l’institut Pasteur pour un séquençage génomique. Parmi les tests réalisés, entre 40 et 45 % de variant anglais ont été détectés : « C’est, ni plus, ni moins, le même pourcentage que nos voisins », a tempéré le ministre des affaires sociales et de la santé. Un cas de variant brésilien, et un autre de variant sud-africain, ont aussi été décelés, pour lesquels « nous menons une enquête épidémiologique très poussée pour comprendre leur origine », a précisé Didier Gamerdinger. Et, si la technique PCR par voie nasopharyngée demeure la norme en matière de tests, des tests buccaux sont également réalisés, dont un test buccal antigénique expérimental, relativement rapide et sans douleur [lire note article dans ce numéro — NDLR]. Patrice Cellario, ministre de l’intérieur, a vanté pour sa part les résultats des contrôles et des verbalisations effectués pour imposer le port du masque. Le ministre d’Etat, Pierre Dartout, a salué quant à lui la prise de conscience des résidents et des Monégasques, qui auraient redoublé de vigilance après le « mardi noir », cette fameuse journée du 2 février 2021, où 44 cas positifs ont été enregistrés, et trois personnes résidentes étaient décédées.  « Si les chiffres ont certes diminué, nous ne sommes pas satisfaits pour autant. Il ne faut pas afficher du triomphalisme de mauvais goût, et sans fondement. Nous sommes à 280, ce n’est pas bon. On ne peut pas s’en contenter. Faisons attention, et continuons sur la voie tracée depuis quelques semaines », a insisté le ministre d’Etat.

1) Le taux d’incidence correspond au nombre de cas positifs enregistrés sur les 7 derniers jours, rapporté à 100 000 habitants.