jeudi 25 avril 2024
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Covid-19 : l’allègement des mesures sanitaires en question

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L’allègement des mesures sanitaires destinées à lutter contre la pandémie de Covid-19 inquiète un certain nombre de scientifiques. Le gouvernement monégasque reste attentif, alors que l’on constate une hausse des contaminations. Pour le moment, les urgences du Centre hospitalier princesse Grace ne sont plus sous tension.

Depuis le 14 mars 2022, les principales mesures prises pour enrayer la pandémie de Covid-19 ont été levées à Monaco. Mais depuis au moins quinze jours, on constate une nouvelle augmentation des cas. Alors que le taux d’incidence (1) était de 621 le 14 mars 2022, il était de 910 le 21 mars 2022. Quant au taux de positivité, il est passé de 12,4 %, à 17,18 % une semaine plus tard. Le gouvernement monégasque a beau insister, rappelant que retirer son masque ne signifie pas abandonner tous les gestes barrières, la baisse de vigilance semble se confirmer, alors que le printemps est là. Résultat, à Monaco comme dans le reste de l’Europe, on constate une augmentation du nombre de contaminations. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné une hausse de 8 % des cas détectés, soit 11 millions de cas. Des chiffres préoccupants, alors que l’utilisation de tests est en baisse un peu partout dans le monde. À l’occasion d’une conférence de presse donnée le 17 mars 2022, une experte de l’OMS, Maria Van Kerkhove, a estimé que le sous-variant d’Omicron, BA.2, expliquait en partie ces chiffres, parce qu’il est « sans conteste le variant le plus contagieux du virus SARS-CoV-2 que nous ayons vu jusqu’à maintenant ». En France, BA.2 est majoritaire depuis mars 2022, avec 52 % des cas, selon Santé publique France. Mais, pour le moment, en principauté, la tension hospitalière est contenue. Le 14 mars 2022, 15 personnes, dont 10 résidentes, étaient hospitalisées, et il n’y avait plus de patients soignés en réanimation. Une semaine plus tard, 11 personnes, dont 3 résidentes se trouvaient au Centre hospitalier princesse Grace (CHPG), et aucun patient ne se trouvait en réanimation. À ce jour, les formes graves de la maladie, c’est-à-dire celles qui peuvent conduire à des hospitalisations, semblent donc contenues. Néanmoins, en France, le nombre de morts du Covid baisse, mais lentement. Entre novembre et mars 2022, 190 décès ont été enregistrés chaque jour. Et depuis le 6 décembre 2021, il y a toujours eu au moins 100 morts quotidiens sur le territoire français.

BA.2 est « sans conteste le variant le plus contagieux du virus SARS-CoV-2 que nous ayons vu jusqu’à maintenant »

Maria Van Kerkhove. Experte de l’OMS

Pic

La communauté scientifique poursuit ses travaux, et on en sait aujourd’hui un peu plus sur le sous-variant d’Omicron, BA.2. D’après l’agence sanitaire britannique, il ne donnerait pas de cas plus grave qu’Omicron. Le risque serait même moindre, même si cette tendance demeure à confirmer. D’après le groupe consultatif technique de l’OMS sur l’évolution du SARS-CoV-2, il est possible d’être contaminé par BA.2, après avoir été touché par BA.1. Mais quelqu’un qui a contracté Omicron présenterait une bonne protection contre BA.2. D’après des modélisations publiées le 10 mars 2022 par l’Institut Pasteur [ces modélisations sont à lire ici : https://modelisation-covid19.pasteur.fr/realtime-analysis/omicron-variant-epidemic/ — NDLR], le pic des contaminations « pourrait dépasser 100 000 cas quotidiens en mars » 2022. On resterait donc loin des 365 000 cas quotidiens enregistrés en France pendant le pic de contagions, en janvier 2022. Ce qui s’expliquerait par le fait que, dans l’Hexagone, entre novembre 2021 et mars 2022, plus de 16 millions de personnes ont été contaminées. Alors qu’en 2020 Monaco comptait 39 244 habitants, le 21 mars 2022, 9 048 personnes étaient considérées comme guéries, soit 25,48 % de la population. Si l’on ajoute la couverture vaccinale, il reste donc de moins en moins de personnes qui ne disposent d’aucune protection immunitaire face au Covid-19.

Deux semaines seulement après l’avoir supprimé, l’Autriche a décidé de réintroduire le port du masque

Italie

Néanmoins, deux semaines seulement après l’avoir supprimé, l’Autriche a décidé de réintroduire le port du masque. Du coup, certains scientifiques s’inquiètent de la tournure prise par cette pandémie. « Les pays européens sont en train de constater les premiers effets de la désinvolture de leurs politiques vis-à-vis de la gestion de la pandémie, a lancé l’épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève, Antoine Flahault, le 18 mars 2022, sur son compte Twitter. La récente gestion de la pandémie est calamiteuse, car elle a conduit à une succession de stop&go sans stratégie, ni coordination, à l’échelle européenne : une veille sanitaire coûteuse et peu fiable, des mesures levées sans boussole, et des personnes vulnérables laissées à l’abandon. » Pour cet expert, un seul pays tire quelque peu son épingle du jeu : l’Italie. « L’Italie est peut-être restée l’un des pays les plus raisonnable, apparemment le seul à avoir résisté à cette compétition grotesque et irrationnelle, à la levée des mesures sanitaires. Espérons que les segments vulnérables de sa population en tireront les bénéfices mérités », a souligné Antoine Flahault. Avant de répéter, une fois encore : « Face à la répétition d’une crise sanitaire où le coronavirus se contracte en lieux clos, mal ventilés et bondés, rien n’a été entrepris pour tenter d’améliorer la qualité de l’air intérieur. On y passe 90 % de notre temps, il s’y passe 95-99 % des contaminations. »

1) Le taux d’incidence correspond au nombre de cas positifs enregistrés sur les 7 derniers jours, rapporté à 100 000 habitants. Le seuil d’alerte est fixé à 50.