jeudi 25 avril 2024
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CHPG : 11 millions pour
lutter contre les cancers

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L’hôpital de Monaco vient de franchir un cap important dans le traitement du cancer avec l’achat d’un équipement de dernière génération appelé Novalis TrueBeam. Une machine à l’allure futuriste qui traite de façon millimétrée les tumeurs.

La santé n’a pas de prix… mais elle a un coût. En 2016, le gouvernement a décidé de mettre le paquet en investissant 11 millions d’euros dans le service de radiothérapie du Centre hospitalier Princesse Grace (CHPG). Un gros budget qui a permis de financer de nouvelles machines dernier cri et de nouveaux logiciels. Objectifs : pouvoir traiter des tumeurs avec une plus grande précision. Et surtout, soigner des patients pour lesquels le CHPG n’avait jusqu’alors aucune solution thérapeutique. « Cette année, le gouvernement monégasque a accepté de renouveler l’ensemble de la chaîne de traitement du service de radiothérapie, explique Cécile Ortholan chef de service. L’équipement était déjà d’un bon niveau, mais nous souhaitions être équipés de machines de dernière génération. Nous avons eu la chance que le gouvernement adhère au projet ».

Rare

Depuis le 10 octobre, les médecins travaillent ainsi sur une nouvelle machine Novalis Truebeam, baptisée “Calypso” par l’équipe médicale (1). Son coût : plus de 4 millions d’euros, ce qui en fait l’appareil le plus coûteux du CHPG. Avec cette machine imposante qui pèse un peu plus de 4 tonnes et que l’on croirait presque sorti d’un film de science-fiction, le CHPG s’offre ainsi le nec plus ultra de la radiothérapie. Cet accélérateur de particules fraîchement arrivé à l’hôpital monégasque est en effet très rare. Seuls trois ou quatre grands hôpitaux français sont ainsi équipés. « Il n’y a pas d’appareil équivalent dans la région, note le docteur Ortholan. Il faut aller jusqu’à Montpellier pour trouver une même machine. » Grâce à la précision technologique millimétrée du “Novalis truebeam”, toutes les tumeurs, y compris les plus petites, peuvent désormais être traitées : « Certains patients avaient des tumeurs tellement petites qu’aucune de nos machines ne pouvaient les traiter. Nous étions donc obligés d’attendre que la tumeur grossisse pour qu’elle rentre dans le champ de compétence de la machine… C’était évidemment difficilement entendable pour les malades. Désormais, avec le Novalis Truebeam, il n’y a plus de limite technique. On ne peut pas dire à un patient : “Je ne peux pas vous irradier car la machine ne peut pas le faire”. On peut traiter toutes les tumeurs, pour lesquelles la radiothérapie est nécessaire, y compris les plus petites. Sans oublier les tumeurs en mouvement, comme c’est le cas dans le cancer des poumons par exemple. » Autre avantage : cette machine permet d’irradier et de cibler très précisément la tumeur, sans toucher les tissus sains situés à proximité. « Il y a donc moins de toxicité. Les rayons prennent exactement la forme de la tumeur. Ce qui nous permet d’irradier la tumeur et non pas les organes à côté », ajoutent les médecins. Mais cette machine n’est pas destinée « qu’aux cas compliqués ». Même les tumeurs « les plus simples » pourront en effet être traitées. Hors champ de la cancérologie, la Novalis Truebeam peut également soigner les pathologies non tumorales comme les tumeurs bégnines du crâne ou les patients atteints de névralgie du trijumeau.

Rentabilité

A l’heure actuelle, 400 patients par an sont soignés dans le service de radiothérapie, dont 20 % de résidents. Cette machine va-t-elle alors créer un nouvel afflux de patients ? « Je pense que l’arrivée de ces machines ultra-performantes va en effet créer une demande, mais il est toujours difficile d’évaluer combien précisément. Ce qui est certain, c’est qu’aussi bien en termes de personnels que de disponibilité des machines, nous avons largement de quoi gérer ce nouvel afflux potentiel de patients », assure Benjamin Serrano responsable de la division de physique. « Etant donné que l’on va pouvoir traiter des patients que l’on ne pouvait pas traiter auparavant avec les anciennes machines, mécaniquement, il y aura forcément plus de patients », rajoute le docteur Ortholan. Mais les médecins du service de radiothérapie l’assurent. Ils n’ont pas d’objectif de rentabilité : « Nous avons la chance de ne pas avoir cette pression là… Même si, bien évidemment, nous souhaitons traiter un maximum de patients et que le service fonctionne. S’il est nécessaire de mobiliser un médecin à plein-temps durant deux ou trois jours sur un seul patient, cela ne pose pas de problème. On ne fait pas de compromis sur la qualité des traitements ou sur la sécurité… Dans de nombreux autres hôpitaux, ils sont malheureusement obligés d’aller vite. A Monaco, nous pouvons faire du sur-mesure sur toute la chaîne de traitement. » Le confort pour ces médecins va être encore plus grand puisque dans un an, le service va être équipé d’une deuxième machine Novalis Truebeam. « C’est notamment important lorsqu’il y aura du retard dans les plannings. Nous pourrons transférer les patients sur l’autre machine. De plus, en cas de panne, il y a interruption de traitement, et dans certains cas, cela peut être délétère pour le patient. Avoir une deuxième machine est donc une sécurité supplémentaire », conclut Benjamin Serrano.

(1) Le service de radiothérapie est composé de trois médecins, de quatre physiciens, d’un dosimétriste, de cinq manipulateurs et de deux secrétaires.