Questionné par les élus du Conseil national au sujet de l’attractivité du centre hospitalier princesse Grace (CHPG), lors de la séance publique budgétaire du 9 décembre 2022, le conseiller-ministre aux affaires sociales et à la santé, Christophe Robino, a avancé quelques pistes de réflexion, et rappelé que la rémunération n’était plus, aujourd’hui, un levier suffisant.
L’attractivité du centre hospitalier princesse Grace (CHPG) a été au cœur des débats, vendredi 9 décembre 2022, lors de la seconde séance publique dédiée à l’examen du budget primitif 2023. Interpellé par plusieurs élus du Conseil national à ce sujet, le conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé, Christophe Robino, s’est voulu clair. « Le salaire ne fait pas tout. Le bien-être au travail est une question essentielle. Et un certain nombre de mesures ont été développées au CHPG pour assurer une meilleure qualité au travail », a insisté Christophe Robino, avant d’évoquer les mesures engagées.
Bientôt la fin des horaires coupés ?
Parmi les points noirs identifiés, la question de l’organisation du travail au sein de l’établissement public monégasque a été soulevée par le président de la commission des intérêts sociaux et des affaires diverses du Conseil national, Marc Mourou. Dans le viseur de cet élu de la majorité Priorité Monaco (Primo !), le travail en coupure qui soumet certains agents hospitaliers à des horaires discontinus. Concrètement, cela signifie que ces salariés alternent, au cours d’une même journée, des séquences de travail et des périodes d’interruption d’activité. Une organisation du travail pas franchement adaptée aux salariés résidant loin de la principauté, et qui aujourd’hui peut s’avérer rebutante pour certains aspirants. « Comme dans beaucoup d’autres secteurs d’activité [restauration, hôtellerie… — NDLR], la coupure est un véritable problème, a concédé le ministre de la santé. Il faut revoir les organisations de travail, en particulier pour les aides-soignants. Pour les infirmières, la coupure a déjà été supprimée dans beaucoup de services. Des discussions se poursuivent au niveau de la sous-commission des ressources humaines entre les représentants de la direction, les représentants des partenaires sociaux des différents syndicats des agents hospitaliers du CHPG, et, bien sûr, des représentants de mon département, pour essayer de trouver les meilleures solutions, de façon à ce que nous puissions organiser le travail sans coupure ». Problème : cette mise en place pratique impose à la fois des modifications de roulements et des modifications d’effectifs. « Et aujourd’hui, même si nous n’avons pas de gros déficits en personnel au CHPG, nous n’avons pas, non plus, pléthore de candidatures. Il est donc difficile d’envisager de grands bouleversements dans les organisations de travail », a déploré Christophe Robino. Pour autant, le gouvernement ne désespère pas, et travaille de concert avec l’hôpital pour mettre fin à ce travail en coupure. Dans l’interview qu’elle a accordée à Monaco Hebdo, la directrice du CHPG, Benoîte de Sevelinges, déclare vouloir y parvenir d’ici l’entrée dans le nouvel hôpital, prévue en début d’année 2026.
Le projet de construction de logements au point mort
Outre l’organisation et les conditions de travail, la question du logement a également été abordée au cours de cette soirée budgétaire. L’élue Primo ! Marie-Noëlle Gibelli a en effet interpellé le conseiller-ministre pour connaître les intentions du gouvernement dans ce domaine. Si Christophe Robino a, dans un premier temps, rappelé que « depuis très longtemps, les personnels du CHPG sont habitués à venir de relativement loin », ce membre du gouvernement a toutefois reconnu que l’accessibilité demeurait un problème majeur en principauté, « la circulation n’allant pas en s’améliorant », a-t-il précisé. Concernant à proprement parler de la construction de logements à destination du personnel hospitalier, un temps évoqué pour contourner cette problématique, Christophe Robino a confirmé que ce projet était « faisable sous réserve de trouver du foncier ». Mais un autre obstacle de taille pourrait aussi venir contrecarrer les plans du gouvernement, comme l’a révélé le conseiller-ministre au cours de la soirée du 9 décembre 2022. « La problématique que nous avons, et c’est la raison pour laquelle nous avons engagé des discussions avec les autorités françaises, ce sont les obligations liées à la loi solidarité-renouvellement urbain (SRU), qui imposent la construction de logements sociaux dans des proportions non négligeables. Et dont l’accès, du coup, compte tenu du revenu moyen des salariés à Monaco comparé à celui des salariés français, fait que ces attributions pourraient nous échapper ». Par conséquent, « sans avoir trouvé d’accord avec les autorités et pouvoirs publics français, il est difficile d’envisager sereinement ce type de construction. C’est un élément qu’il faut prendre en compte », a insisté l’ancien élu du Conseil national. En attendant de trouver une issue favorable à cet épineux dossier, le gouvernement princier continue de creuser d’autres pistes pour renforcer l’attractivité du CHPG. « Je vous rassure, quitte à les attacher, nous faisons tout pour les retenir [les salariés — NDLR] », a ainsi lâché, non sans ironie, le conseiller ministre, bien conscient de l’enjeu.