Comme le veut la tradition, les chiffres de la délinquance en principauté ont été dévoilés lors de la cérémonie des vœux de la sûreté publique,

lundi 13 janvier, au musée océanographique. En 2019, le bilan reste très rassurant pour les Monégasques. 

C’est à se demander à quoi va bien pouvoir servir la reconnaissance faciale que souhaite mettre en place le gouvernement en principauté ? Alors que le recours à cette technologie a été au cœur des débats des séances publiques du mois de décembre 2019 (voir notre article publié dans Monaco Hebdo n° 1133), les chiffres de la délinquance en 2019 dévoilés ce lundi 13 janvier 2020 ont de quoi interroger sur l’utilité de la reconnaissance faciale à Monaco. Car, comme l’a justement rappelé le conseiller de gouvernement-ministre de l’intérieur, Patrice Cellario, « la délinquance baisse de manière régulière en principauté » depuis plusieurs années : – 16 % pour la délinquance générale depuis 2016 et – 52 % pour la délinquance de voie publique en trois ans. Des chiffres à faire pâlir d’envie les pays voisins…

Bilan positif

En l’absence excusée de Richard Marangoni, directeur de la sûreté publique, pour des raisons de santé, c’est au conseiller de gouvernement-ministre de l’intérieur qu’est revenue la tâche de présenter le bilan très positif de la sûreté en 2019. Car, avec un passage de 936 à 889 faits de délinquance générale (- 5 % par rapport à 2018) et de 121 à 90 faits de délinquance de voie publique (– 26 % par rapport à 2018), les feux sont au vert. Parmi les chiffres présentés lors de la cérémonie, on retiendra une baisse significative des cambriolages en 2019 (– 23 % par rapport à 2018, 26 cambriolages recensés en 2018) et surtout des vols à la tire (– 73 % par rapport à 2018). Les vols de deux roues sont en revanche en augmentation (+ 20 % en 2019 — 15 vols enregistrés en 2018). Au chapitre sécurité routière, on notera une augmentation des accidents de la circulation l’année dernière (+ 25 %). Conséquence de cette baisse de la délinquance en principauté, le nombre de gardes à vue (– 6 % par rapport à 2018, où 419 gardes à vue avaient été enregistrées), de personnes déférées (– 31 %) et de commissions rogatoires (– 10 %) a chuté lui aussi. Ces bons résultats mettent en lumière le travail effectué par les 579 personnes, dont 81 femmes, œuvrant, au quotidien, pour la sûreté publique. Le conseiller de gouvernement-ministre de l’intérieur, Patrice Cellario, a tenu à les saluer et à leur rendre hommage au cours de son intervention : « Malgré un contexte parfois lourd, la confrontation au danger et la pénibilité des services, le mérite en revient aux policiers qui s’engagent, au quotidien, avec un professionnalisme et un état d’esprit qui sont à citer en exemple. J’adresse à chacun et à chacune d’entre eux, mes remerciements sincères et chaleureux ».

Le prince Albert II alerte sur les addictions

Lors de son allocution, le prince Albert II s’est félicité de ce bilan, en rappelant que « la sécurité était, plus que jamais, une composante capitale de la qualité de vie et qu’elle contribuait de façon essentielle à la quiétude de la population de Monaco et au renom de notre pays ». Le souverain a aussi tenu à responsabiliser les Monégasques en les invitant « à ne pas se reposer passivement sur la vigilance de la sûreté publique, pour ne pas prendre les mesures de précaution qui s’imposent en matière de sécurité ». « La sécurité publique ne dispense personne du respect des règles de prudence qu’il convient d’observer et de transmettre aux jeunes générations », a insisté le prince Albert, vêtu pour l’occasion du costume de carabinier. Et alors que les infractions liées aux stupéfiants ont augmenté en 2019 de 2 % par rapport à 2018 et les conduites sous l’emprise de l’alcool de + 10 % (+ 42 % pour l’ivresse publique et manifeste), le prince a encouragé « les jeunes de Monaco et leur entourage à une vigilance de chaque instant à l’égard des addictions ». Des addictions qui les rendent vulnérables « au volant comme en deux roues » et qui « exposent autrui aux conséquences de leurs pertes de contrôles ». Là encore, le souverain en a donc appelé à la responsabilité et la vigilance de chacun car « la sûreté publique ne peut pas tout résoudre, au travers de ses seuls contrôles ». Avant de conclure : « Tout se gagne au quotidien. Ensemble, nous persisterons, dans la vigilance et la rigueur, à conforter la sécurité de ce havre de tranquillité qu’est la principauté ».

Dernière année du plan sûreté publique

En 2020, « le plan sûreté publique arrive au terme de son déploiement » a rappelé le ministre de l’intérieur. Ce plan, qui a été mis en place en 2016, avait principalement pour objectif de réorganiser la sûreté publique au regard de « l’accélération de l’insécurité » et des nouvelles menaces constatées à l’époque : « Ce plan s’est voulu source de réformes structurelles et fondatrices. Il aura entraîné une réorganisation stratégique innovante, qui a porté tant sur l’évolution de l’organigramme et des moyens techniques, que sur une politique volontaire de réaménagement de nouveaux bâtiments, adaptés à une police moderne », a déclaré le ministre de l’intérieur. L’année 2020 sonnera donc l’heure du bilan de ce plan. En attendant, le ministre de l’intérieur a profité de cette cérémonie pour dévoiler les projets 2020. Patrice Cellario a ainsi annoncé l’arrivée d’une nouvelle vedette pour la police maritime qui fêtera cette année son soixantième anniversaire, la création d’une unité formée à l’utilisation et à l’interception des drones, la refonte informatique de la section des résidents ou encore le début des travaux de surélévation de la direction de la sûreté publique. Des moyens supplémentaires seront également alloués à la protection des personnes vulnérables (personnes âgées, femmes victimes de violences…). À noter enfin, la création de l’unité de préservation du cadre de vie (UPCV). Composée de 10 agents, elle aura pour mission, à partir du mois de février, de veiller à la préservation du cadre de vie des Monégasques. Elle interviendra sur « la fluidification de la circulation, la lutte contre toutes les nuisances sonores mais aussi la prise en charge des incivilités », a détaillé Patrice Cellario. En revanche, point de mots de la part du ministre de l’intérieur sur la reconnaissance faciale, qui devrait toutefois animer les débats en 2020.