Après l’audience du tribunal correctionnel du 15 juin dernier, on ne regardera plus comme avant la jolie plante qui trône dans son jardin : le datura. On peut en avoir un usage toxique pour des jeux pervers.
Affaire sordide et inquiétante que celle du “datura”. Les faits : en octobre 2008, Didier O., 32 ans, surnommé “Panoramix” par ses connaissances, participe à deux soirées, à Monaco. Une jeune fille et un jeune garçon, tous deux mineurs, y sont drogués avec une décoction de datura et restent sans conscience pendant plusieurs heures. Que s’est-il passé pendant ce temps-là ? Les jeunes gens ne le sauront jamais car Didier O., suspecté de les avoir empoisonnés, ne s’est pas présenté à l’audience, et ce alors que le procès avait déjà été reporté à cause de son absence. Sans compter que les examens médicaux effectués par la jeune fille quelques jours après la soirée n’ont pas permis de déterminer si elle avait subi des abus sexuels. Seule certitude : les effets secondaires de cet empoisonnement (état comateux, bouffées d’angoisse, pensées délirantes) n’ont disparu que quelques jours plus tard pour les deux victimes.
18 mois de prison ferme requis
La jeune fille a même subi une véritable campagne d’intimidation de la part de son agresseur, déjà maintes fois condamné, notamment pour violences sur son ex-concubine. Elle a dû déménager. Et malgré une prise en charge médico-psychologique, sa vie a basculé dans la douleur et le traumatisme : elle n’a pas perdu que quelques heures ce jour-là, sa vie a été entièrement laminée. Les avocats l’affirment : « Il a volé l’essentiel, il a volé la mémoire », plaide Maître Giorgio, au nom du jeune garçon. « C’est une affaire qui me terrifie, et à plus d’un titre », enchaîne Maitre Lorenzi Martarello, qui représente la jeune fille. Avant de demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi par leurs clients : 20 000 euros pour la jeune femme ; 5 000 euros pour le garçon. Comme arguments de défense, Maitre Bergonzi soulève, lui, un moyen de nullité qui sera examiné avec le fond de l’affaire. Et surtout, il s’étend sur la lâcheté et la bêtise de son client. Alors que le procureur a requis 18 mois de prison ferme avec mandat d’arrêt, l’avocat de la défense demande la relaxe. Délibéré au 6 juillet prochain.
La datura, autrement appelée « plante du diable » est désormais fortement utilisée dans les soirées à des fins “récréatives” ou en remplacement du GHB, la fameuse drogue du violeur. Une plante très dangereuse puisque depuis 2002, le centre anti-poisons de Marseille recense 112 cas d’intoxications dans la région PACA.