mercredi 24 avril 2024
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Hobbs-Melville, une « faute lourde » de l’Etat??

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William Fogwell
William Fogwell © Photo Monaco Hebdo.

Après trois ans de procédure, la plus grande escroquerie jamais connue à Monaco est revenue, jeudi 12 mai, devant le tribunal civil pour déterminer la responsabilité du gouvernement dans cette affaire.

«Si l’Etat n’avait pas laissé les Fogwell poursuivre des activités illicites, mes clients n’auraient pas été victimes de leur escroquerie ». C’est devant le tribunal civil que Me Yann Lajoux a, jeudi dernier, demandé des comptes au gouvernement dans l’affaire Hobbs-Melville. Il défendait 25 des 450 victimes arnaquées par la société Hobbs Melville que dirigeaient William Fogwell et sa fille Shirley, en principauté, entre 1993 et 2000. Chacune d’elles demandait à titre de réparation 150?000 euros, plus les intérêts. C’est donc une somme avoisinant les 15 millions d’euros qui était réclamée à l’Etat monégasque. Me Lajoux a relevé les « irrégularités » que l’Etat n’a « pas constaté » à l’époque. « Le gouvernement monégasque n’a pas vérifié si le bureau de représentation pour Hobbs Melville à Monaco dépendait d’une maison mère, d’un groupe. Or, ce n’était pas le cas. C’est un premier manquement. Il y aurait dû avoir un refus d’autorisation d’exercice de la part des autorités », a-t-il plaidé. Autrement dit, les employés de l’antenne monégasque d’Hobbs Melville n’auraient pas dû pouvoir démarcher des clients pour leur proposer des placements sur les marchés financiers. Me Lajoux évoque aussi cette ancienne commissaire aux comptes qui avait « alerté l’Etat », avant de démissionner en 1996. « De faux bilans étaient présentés pour dissimuler l’activité réelle de la société », selon l’avocat, indiquant que « les contrats de ses clients avaient été signés à Monaco ». Outre l’Etat monégasque, Claude Palmero, l’ex-commissaire aux comptes de la société Hobbs Melville, qui avait repris le dossier entre 1996 et 2000, était cité à comparaître. « Pourquoi n’a-t-il pas dénoncé les activités de Fogwell au procureur général alors qu’il émettait des doutes sur Hobbs Melville auprès du conseiller de gouvernement pour les Finances en 1999?? Il a même soutenu la demande d’agrément d’établissement financier, refusée deux ans plus tard par le gouvernement », a soutenu Me Lajoux. « La preuve est faite qu’il y a eu faute lourde de l’Etat de Monaco entre 1993 et 2000 », a-t-il conclu.

« Pas un centime d’euro à Monaco »

Une accusation réfutée par la principauté, défendue par deux avocats. Le premier, Me Sbarrato, a soulevé une nullité concernant le représentant physique d’une société étrangère figurant parmi les demandeurs. Le second, Me Gastaud, a affirmé que « pas un centime d’euro n’est passé par Monaco ». Les fonds ayant été « versés sur des comptes bancaires domiciliés dans des pays exotiques » et les contrats « signés hors de la principauté » par les victimes de la société Hobbs Melville. Le défenseur a également avancé que « seules les autorités monégasques ont refusé l’agrément d’établissement financier à la société des Fogwell ». « Pourquoi les victimes n’ont-elles pas saisi la Suisse, les Etats-Unis, l’Italie ou l’Angleterre, qui le leur ont accordé?? Ce procès est mal venu car les anciens clients de Hobbs Melville ont cherché à faire de la discrétion fiscale. On porte atteinte à l’image de l’Etat monégasque », a-t-il soulevé. Quant au conseil de l’ex-commissaire aux comptes Claude Palmero, il s’est étonné qu’« aucun autre commissaire » n’ait été cité à comparaître. Il a ajouté que l’action « artificielle » qui visait son client reposait sur le fait que ce dernier était « bien connu » en principauté. La décision sera rendue le 20 octobre.