mardi 23 avril 2024
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Vintimille : renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne

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Mercredi 26 avril, la cheffe du gouvernement français, Elisabeth Borne, a présenté sa feuille de route des « cent jours » depuis l’Elysée. Parmi ses priorités, elle a évoqué le renforcement des contrôles à la frontière entre Vintimille et Menton, où la situation est particulièrement tendue, ce que les élus locaux dénoncent.

Le 26 avril 2023, la première ministre française, Elisabeth Borne, a détaillé sa feuille de route. Une feuille de route qui ira au-delà du 14 juillet 2023, et des « cent jours » affichés par le président Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 17 avril 2023. Le temps nécessaire à la mise en place de ces mesures pourrait s’étendre jusqu’au début de l’année 2024. Ce document doit permettre d’atteindre dans des délais courts des « résultats tangibles, visibles pour les Français », a assuré Elisabeth Borne, tout en promettant de trouver des majorités « texte par texte ». Quatre thèmes ont été développés : le plein-emploi, la réindustrialisation, et le pouvoir d’achat, la planification de la transition écologique, le renforcement de l’ordre républicain, et enfin, la santé et les services publics. Quant au projet de loi sur l’immigration voulu par le président Emmanuel Macron, faute de majorité, il ne devrait pas être présenté avant l’automne 2023. Soucieux de ne pas risquer d’endosser la responsabilité de ce report, le président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, a réagi. Il a indiqué aux Echos que son groupe politique allait déposer une proposition de loi, en lien avec la droite sénatoriale, sur l’immigration. Mais, pour montrer que le gouvernement a la volonté de s’attaquer à ce sujet sans attendre, Elisabeth Borne a annoncé le déploiement dès la semaine du 1er mai 2023 de « 150 policiers et gendarmes supplémentaires dans les Alpes-Maritimes » pour faire « face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne ». En parallèle, le gouvernement français compte aussi expérimenter une “border force”, une force aux frontières, qui sera testée à la frontière avec Vintimille. Elle travaillera en complément « des forces de sécurité intérieure, douaniers et militaires » et « sa mise en place devra être effective dans les six mois », a précisé la première ministre.

Elisabeth Borne a annoncé le déploiement dès la semaine du 1er mai 2023 de « 150 policiers et gendarmes supplémentaires dans les Alpes-Maritimes » pour faire « face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne »

Mineurs étrangers

Depuis quelques jours, les élus locaux français s’étaient tournés vers le gouvernement, faisant monter la pression, s’estimant impuissants face à la situation à la frontière entre Vintimille et Menton. Le président LR du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Charles Ange Ginésy, a estimé que l’Etat français devait s’emparer rapidement de ce sujet. C’est en effet au département que revient la responsabilité d’accueillir les mineurs étrangers qui ne sont pas accompagnés. Interrogé par Nice-Matin le 24 avril 2023, Charles Ange Ginésy a évoqué un « afflux massif », tout en avançant des chiffres : « + 40 % par rapport à 2022 : 1 315 mineurs sont entrés dans le département au premier trimestre 2023, contre 920 sur la même période en 2022. Sur les 15 000 mineurs entrés en France en 2022, plus de 5 000 sont entrés dans les Alpes-Maritimes. Cela concerne toute l’Europe. L’Italie a pris un dispositif d’urgence pour faire face à cet afflux. Il faudrait que la France fasse de même ». Il y a urgence, selon cet élu : « Quand un mineur non accompagné arrive, cinq jours sont nécessaires pour son évaluation par nos services et la confirmation par la justice. Alors, sous l’autorité du procureur, un office de placement est décidé, pour permettre une répartition nationale. Or, ces services judiciaires ne sont pas suffisamment nombreux pour permettre un écoulement naturel. C’est véritablement une embolie. […] Je demande que l’Etat prenne la main, sans que le département ne se désengage : nous resterons solidaires de la prise en charge. »

Le gouvernement français compte aussi expérimenter une “border force“, une force aux frontières, qui sera testée à la frontière avec Vintimille. Elle travaillera en complément « des forces de sécurité intérieure, douaniers et militaires » et « sa mise en place devra être effective dans les six mois », a précisé la première ministre

De son côté, dans un courrier daté du 26 avril 2023 adressé au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et dont Monaco Hebdo a pu prendre connaissance, le maire de Menton, Yves Juhel, estime que « la pression migratoire n’a jamais été aussi forte » et que sa ville « vit une situation intenable, comme en témoigne la récente réquisition par Monsieur le préfet des Alpes-Maritimes d’un gymnase situé en plein centre-ville, pour y accueillir des jeunes mineurs isolés ». Avant d’ajouter : « Nous ne sommes pas en mesure, nous, les collectivités locales, d’apporter une solution durable. La mise à l’abri dans les équipements municipaux des jeunes mineurs doit rester l’exception, et non la solution. Notre population ne le comprendrait pas. […] Il appartient à l’Etat et aux services en charge de l’accueil des mineurs isolés, à savoir ceux du Conseil départemental, d’exercer pleinement leurs responsabilités, sans avoir à se reporter sur les communes. » Visiblement peu convaincu par les annonces d’Elisabeth Borne, et souhaitant aller plus loin, Yves Juhel a fait une proposition concrète à Gérald Darmanin : « Afin de vous faire une idée précise de la situation, et de vous rendre compte des conditions dans lesquelles les services de police et de la justice exercent leur difficile métier, malgré l’annonce récente de renforts promis par Madame le premier ministre, je vous invite à venir aux postes frontières de Menton dès que votre agenda le permet. » Reste à savoir si Gérald Darmanin fera le déplacement.