jeudi 8 juin 2023
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À Vintimille, l’élection municipale ne manque ni de candidats, ni d’intérêt

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Alors qu’à Monaco, une seule liste était en course pour l’élection communale, à Vintimille, au contraire, le premier tour de l’élection municipale a vu s’affronter six candidats têtes de liste les 14 et 15 mai 2023, dans un contexte politique vitaminé. Décryptage.

Toutes les comparaisons ne se valent pas, mais il est tout de même intéressant d’observer qu’en Italie, à Vintimille, une ville de près de 23 000 habitants, située à 28 kilomètres de la principauté, le premier tour de l’élection municipale a su rassembler six candidats têtes de liste, quand les élections communales à Monaco du 19 mars 2023 se sont déroulées avec une seule liste, celle du candidat sortant Georges Marsan, élu une sixième fois consécutive, un record à ce jour [à ce sujet, lire notre article Elections communales 2023 : la liste de Georges Marsan s’impose une sixième fois, la participation à 39 %]. Certes, la participation dans cette commune ligure n’était pas plus au beau fixe qu’à Monaco, ou en France, puisque seuls 52,21 % des électeurs se sont déplacés pour voter les 14 et 15 mai 2023. Mais force est de constater que cette élection a été plus mouvementée, en témoigne l’intervention de la police municipale, le 14 mai, le premier jour du scrutin, pour empêcher « certains candidats » d’aborder des votants pour leur donner des « indications de vote », comme l’ont révélé nos confères de Riviera24. Il faut dire qu’en Italie, l’intérêt était double : national et local, alors que le paysage politique a été radicalement transformé par l’élection de l’union des droites de Giorgia Meloni [à ce sujet, lire l’interview de Marc Lazar « 2022 restera dans les livres d’histoire de l’Italie »] au Conseil des ministres d’une part, et la démission forcée du maire de Vintimille, Gaetano Sculino, en juin 2022 d’autre part.

Vintimille
© Photo Maksymk / Shutterstock

L’ancien député de droite, Flavio di Muro, élu de 2018 à 2022, est arrivé en tête du premier tour avec 37,99 % des suffrages exprimés. Se présentant sous l’étiquette du centre-droit, il est soutenu par cinq listes de droite, notamment la Ligue du Nord de Salvini, Forza Italia de Berlusconi, et Fratelli d’Italia de Meloni

Boulevard pour la droite

Outre Vintimille, les Italiens étaient invités à voter les dimanche 14 et lundi 15 mai 2023 dans 595 communes, sur les quelque 8 000 qui composent le pays. Les élections municipales sont en effet partielles et ne s’organisent pas d’un bloc à la même date, comme c’est le cas en France ou à Monaco, même s’il s’agit bien de renouveler le conseil municipal pour cinq ans. Alors que Giorgia Meloni a remporté les élections législatives le 25 septembre 2022, elle est devenue la première femme à être élue à la présidence du Conseil des ministres. Désormais, l’union des droites, qui a permis son élection, est attendue au tournant et espère asseoir sa domination. Son parti national conservateur, Fratelli d’Italia [Frères d’Italie — NDLR], accompagné par la Ligue de Matteo Salvini, et Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, espèrent en effet dominer la politique italienne. Or, à Vintimille, un boulevard s’est ouvert après la démission — pour ne pas dire destitution — du maire Gaetano Scullino, mis sur le banc de touche après une série de démissions d’adjoints du conseil municipal, dont des membres de son propre camp, qui lui ont reproché la « mise à l’arrêt » de la ville, grevée par des querelles politiques [à ce sujet, lire Le maire de Vintimille destitué : quel impact sur le développement du port de Monaco ?]. Peut-être était-ce l’épisode de trop pour Vintimille, déjà placée sous tutelle en 2012, toujours sous Scullino, pour présomptions d’infiltrations de la ‘Ndgrangheta, la mafia calabraise. Depuis juin 2022, cette commune italienne est gérée par un commissaire préfectoral, Samuele De Lucia, l’ancien chef de cabinet de la préfecture de Massa-Carrare, en Toscane. Au milieu de ce désordre, le camp de Giorgia Meloni, porté par l’union des droites, se devait de saisir l’occasion de prendre la main dès le premier tour. Et c’est ce qu’il s’est produit.

Lors du second tour programmé les dimanche 28 et lundi 29 mai 2023, Flavio di Muro affrontera Gabriele Sismondini, en tête de quatre listes, dont celle du Parti démocrate, plus marquée à gauche, qui ont récolté 28,9 % des voix

Six têtes de liste

L’ancien député de droite, Flavio di Muro, élu de 2018 à 2022, est arrivé en tête du premier tour avec 37,99 % des suffrages exprimés. Se présentant sous l’étiquette du centre-droit, il est soutenu par cinq listes de droite, notamment la Ligue du Nord de Salvini, Forza Italia de Berlusconi, et Fratelli d’Italia de Meloni. Lors du second tour programmé les dimanche 28 et lundi 29 mai 2023, il affrontera Gabriele Sismondini, en tête de quatre listes, dont celle du Parti démocrate, plus marquée à gauche, qui ont récolté 28,9 % des voix. L’écart est donc de taille entre ces deux forces politiques qui sont à l’image de la politique italienne sur le plan national : une union des droites organisée, face à un camp progressiste plus morcelé. Derrière eux, Tiziana Panetta, candidate aux cheveux teints en rose, à l’image de sa vision sociale de la politique, a recueilli 12,52 % des voix. Cette candidate surprise, en tête des listes « Vintimille au cœur » et « fédération civique », s’est exprimée en faveur de la création d’un centre d’accueil pour migrants dans une ville, et un pays, où la question migratoire enflamme les débats. Grâce à son score plus que correct au premier tour, elle pourrait éventuellement faire basculer le second tour à gauche, en invitant ses électeurs à revenir aux urnes, pour glisser leur enveloppe en faveur de Sismondini, cette fois. La victoire n’est en effet pas encore assurée pour Di Muro, alors que l’ancien maire, Gaetano Scullino, son farouche opposant, a tout de même réussi à rafler 10,22 % des votes. Il tentera, lui aussi, de faire basculer l’élection dans l’autre camp. Anciens alliés de la Ligue, les deux hommes s’affrontent désormais, et tentent d’influer sur le vote des 21 451 électeurs inscrits sur la liste électorale. Mais, alors que seuls 11 202 électeurs se sont rendus aux urnes lors du premier tour, la véritable bataille politique semble être celle de la lutte contre l’abstention. Une bataille qui dépasse largement les frontières italiennes.

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Monaco Hebdo