jeudi 25 avril 2024
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Le volcan islandais touche aussi la Principauté

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Affichage avions au depart
© Photo Charly Gallo : Centre de Presse.

L’éruption volcanique du glacier Eyjafjallajökull, en Islande, sème la pagaille dans le transport aérien de toute l’Europe. Une éruption qui a aussi un impact pour Monaco.

Congrès incomplets, réunions  supprimées ou reportées, réservations d’hôtels annulées, voyageurs ou professionnels bloqués en Principauté ou ne pouvant pas la rallier… Monaco subit aussi le nuage volcanique, à distance.

Le tourisme fortement affecté

Le salon wireless information multimedia applications (WIMA) qui a eu lieu du 20 au 22 avril a enregistré une baisse de fréquentation de 35 % le premier jour. Avec aussi des stands vides, comme celui de Sony et de nombreuses autres entreprises d’Amérique et d’Europe du nord spécialisées dans les near field communication (NFC). Mais malgré ces conditions difficiles, l’organisation affirme être satisfaite du déroulement de la manifestation. Mais d’autres s’en sont moins bien sortis. Exemple : les entretiens internationaux de Monaco, qui devaient avoir lieu les 24 et 25 avril, ont été annulés et reportés à une date ultérieure. Certainement à l’automne, suivant les emplois du temps de chaque intervenant.
Le directeur de la direction du tourisme et des congrès de Monaco, Michel Bouquier, explique « qu’il commence à y avoir des annulations dans les hôtels, autant de particuliers que de petits groupes. Cela ne se ressent pas encore au Grimaldi Forum, en terme d’annulation d’événement. Mais je crains que, même si le volcan s’apaise, les images télévisées des naufragés des airs ne déclenchent une peur certaine chez les voyageurs potentiels. Et cela ne va pas encourager le tourisme. Pourtant, il était bien reparti à Monaco, avec des chiffres très positifs depuis le début de l’année : en février, on a enregistré 20 % de hausse de fréquentation par rapport à 2009. Et en mars +10 %. Alors que le mois d’avril s’annonçait exceptionnel jusqu’à l’éruption… D’ailleurs, on était sur les bases d’une augmentation de 15 à 20 % proportionnellement à l’année dernière. Résultat, on est stoppé net, en plein élan. Il faudra certainement quelques semaines de calme total pour que les voyageurs osent de nouveau prendre l’avion. A l’heure où je vous parle, je suis très inquiet pour l’industrie du tourisme monégasque. »

“La situation est dramatique”

Autre secteur touché par l’éruption : les transports qui paient aussi le prix fort de cette éruption. Blaise Giffoni, vice-président de l’association des exploitants de taxis indépendants, déplore un grand nombre de courses annulées à destination de l’aéroport de Nice, autant de la part des hôtels que des particuliers. D’après lui, cette histoire de volcan tombe au plus mal pour les taxis : « Cette année, on est au creux de la crise. On fait un chiffre d’affaires d’environ 30 % inférieur à celui de l’année dernière. » Ce qui n’arrange pas non plus les entreprises de locations de voiture avec chauffeur. Une entreprise de location de limousine qui souhaite garder l’anonymat compte « un maximum d’annulations. On devait travailler pour une grande réunion de professionnels du matériel technologique qui se déroule dans un grand hôtel monégasque. On s’était engagé pour accompagner deux vagues de 400 personnes sur deux semaines, et ça n’aura pas lieu, suite à de nombreuses défections dues au blocage des aéroports européens. C’est un beau contrat qui tombe à l’eau. Même si on a eu des demandes pour des courses de très longues distances, ça ne compensera jamais le manque à gagner. » Longues distances exceptionnelles, comme Paris ou Londres, avec des frais de location s’élevant à 4 000 euros. Ou moins exceptionnelles, comme Milan ou Genève. Ou des courses carrément folles, qui ont été refusées. Comme Moscou, Varsovie, Calais…
Pour le patron de Héli Air, Jacques Crovetto, « on a subi plusieurs restrictions de plein fouet, jusqu’à l’interdiction complète de vol samedi 17 et dimanche 18 avril. Résultat : zéro client ! Depuis lundi 19 avril, on en est à un quart du trafic normal. Aujourd’hui (ndlr : jeudi 22 avril), ça reprend très timidement, avec à peine 10 rotations par jour. D’ailleurs, on était déjà fortement en baisse : l’année 2010 est très mauvaise puisque on compte 50 % de rotations en moins qu’en 2009 qui était elle même moitié moins bonne que l’année précédente. Bref, la situation est dramatique. Surtout qu’on ne comprend pas vraiment les interdictions de vols délivrées par l’agence gouvernementale de contrôle de la navigation aérienne française. On nous assimile à des avions, alors qu’on peut voler plus bas, sans danger. D’ailleurs, il y a des zones, où on pouvait aller sans problème, mais qui nous ont été interdites : l’Italie et Saint Tropez, par exemple. Je trouve ces interdictions un peu exagérées. Avec un manque de finesse dans l’analyse. Même si, à ce jour, l’aéroport de Nice est de nouveau opérationnel, on ne tourne pas beaucoup. On est encore en attente ».

Les industries peu concernées

Du côté des entreprises de plus grande taille, la situation semble moins grave. Exemple : d’après la chargée de communication du labo Théramex, Ilaria Distefano, « on a pas vraiment subi cet événement car on n’a pas pas de site dans les zones impactées. Quelques cadres ont été bloqués. Mais ça n’a pas nuit à la bonne marche de l’entreprise et ils sont rapidement rentrés. » Même son de cloche à l’IM2S où quelques praticiens ont dû patienter avant de retrouver leur lieu de travail. Idem pour les laboratoires Asepta qui ne déplorent que deux salariés n’ayant pas pu se rendre en Syrie, au départ de Paris, dans le cadre de leurs exportations. Mais rien de vital. A noter que l’entreprise Single Buoy Moorings, qui ne souhaite pas communiquer sur le sujet, compte parmi ses absents… Le directeur de la communication lui-même ! Chez Mécaplast, toutes les livraisons sont assurées par voie terrestre ou maritime, donc pas de conséquence sur l’export. Si la vingtaine de salariés bloquées à Prague, Zurich, Barcelone, Madrid ou Lisbonne a réussi à rentrer rapidement en voiture de location ou en train, deux sont restées bloquées en Chine : le directeur du pôle d’expertise moteur et un responsable produit sont rentrés samedi dernier moyennant un surplus de 2 800 euros pour le billet d’avion ! Quant à Carrefour, on se déclare absolument pas touché par cet événement. Tant en terme d’approvisionnement que de personnel. Tout se déroulerait normalement.

La compagnie Cunningham ou l’art de la pirouette

Bien sûr, le secteur culturel est aussi touché. D’ailleurs, après avoir rempli la salle des Princes du Grimaldi Forum, les vendredi 16 et samedi 17 avril dernier en clôture de la saison 2 du Monaco Dance Forum (MDF), la compagnie Merce Cunningham est restée clouée au sol, dimanche soir, alors qu’elle devait rejoindre New York depuis l’aéroport de Nice. La quinzaine de danseurs et des membres de l’équipe administrative se sont donc retrouvés à l’hôtel-résidence Les Citadines à Nice, à proximité de l’aéroport, prêts à sauter dans le premier avion disponible. Mais le manager français de la troupe, mis au courant de la situation, a souhaité rentabiliser cette situation de blocage. Résultat, il a proposé des masters classes conduites par les artistes de la compagnie à l’école supérieure de danse de Cannes. Une proposition qui a été acceptée. C’est ainsi que du mardi 20 au jeudi 22 avril, des élèves-danseurs de 13 à 23 ans ont pu suivre 7 classes inédites et imprévues au programme. Et les professeurs temporaires ont été rémunérés comme professeurs invités. Ils ont enfin embarqué vers New York lors du week-end dernier, pour profiter d’une semaine de vacances bien méritée.