jeudi 28 mars 2024
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Climat : le GIEC réclame des mesures immédiates

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L’urgence est là. Dans un nouveau rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat indique que le pic des émissions de gaz à effet de serre (GES) doit, au plus tard, être atteint en 2025, afin de pouvoir limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

On le savait, mais cette fois, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a chiffré l’urgence. Il faut réduire très fortement les émissions de gaz à effet de serre (GES), sans quoi il ne sera pas possible de parvenir à limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Le pic de ces émissions doit être atteint au plus tard d’ici 2025, et être combiné ensuite à une baisse générale des GES. Dans un communiqué de presse publié le 4 avril 2022, le GIEC indique que « dans les scénarios que nous avons évalués, pour limiter le réchauffement à environ 1,5 °C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur valeur maximale avant 2025, puis diminuer de 43 % d’ici à 2030 ; il faudrait une réduction parallèle d’environ un tiers du méthane. Même si nous y parvenons, nous risquons fort de dépasser temporairement ce plafond de température, mais nous pourrions redescendre au-dessous pour la fin du siècle ». Jim Skea, coprésident du groupe de travail III du GIEC, a été très clair : « Si nous n’agissons pas aujourd’hui, il sera trop tard : nous ne pourrons plus limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Sans une réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs, ce sera impossible. » Les conclusions du GIEC rendues publiques le 4 avril 2022 mettent en avant une série de solutions concrètes pour parvenir à atteindre cet ambitieux objectif. Il s’agit du troisième et dernier volet du sixième rapport d’évaluation du GIEC. Une synthèse est attendue pour septembre 2022.

« Si nous n’agissons pas aujourd’hui, il sera trop tard : nous ne pourrons plus limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Sans une réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs, ce sera impossible »

Jim Skea. Coprésident du groupe de travail III du GIEC

« Avenir vivable »

Parmi les mesures proposées, on note notamment le recours à des énergies renouvelables, la baisse drastique des énergies fossiles, mais aussi le changement des modes de vie de chacun. Sans oublier une augmentation des financements en faveur de l’innovation technologique. Les deux premiers chapitres, publiés en août 2021, puis en février 2022, ont mis en évidence l’accélération du réchauffement climatique et la force de son impact sur notre environnement. Quant à cette troisième étude, elle a été assurée par le travail de 278 chercheurs de 65 pays, à partir de l’analyse de 18 000 études scientifiques. Un « résumé à l’intention des décideurs », qui reprend donc l’essentiel de ce rapport scientifique de 3 000 pages, a été discuté pendant quinze jours par les représentants des 195 pays membres du GIEC. Ils ont pu échanger avec les scientifiques qui ont rédigé ce rapport, et qui gardent le pouvoir sur le texte final. Assez logiquement, les points de friction se seraient notamment concentrés sur la baisse des énergies fossiles, et sur l’épineuse question du financement. Après une baisse en 2020 suite à la pandémie de Covid-19, les émissions de CO2 ont à nouveau augmenté en 2021. Elles ont plafonné à 36,3 milliards de tonnes, ce qui représente une hausse de 2,1 milliards de tonnes (+ 6 %) par rapport à 2020. « Nous nous trouvons à la croisée des chemins. En prenant les bonnes décisions aujourd’hui, nous pouvons garantir un avenir vivable. Nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement, a estimé Hoesung Lee, le président du GIEC, dans un communiqué de presse publié le 4 avril 2022. Les mesures climatiques prises dans de nombreux pays me rendent optimiste. Plusieurs politiques, réglementations et instruments du marché se révèlent efficaces. Si nous les appliquons plus systématiquement, à plus grande échelle et de manière plus équitable, ils pourront contribuer à réduire radicalement les émissions et à stimuler l’innovation. »

« Pour limiter le réchauffement à environ 1,5 °C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur valeur maximale avant 2025, puis diminuer de 43 % d’ici à 2030 ; il faudrait une réduction parallèle d’environ un tiers du méthane. Même si nous y parvenons, nous risquons fort de dépasser temporairement ce plafond de température, mais nous pourrions redescendre au-dessous pour la fin du siècle »

Le GIEC, dans un communiqué de presse publié le 4 avril 2022

Fossiles

De son côté, Priyadarshi Shukla, coprésident du Groupe de travail III du GIEC, juge que « si nous opérons les bons choix en matière de politique, d’infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 […]. Nous pourrions ainsi réaliser un énorme potentiel de réduction des émissions. Il a également été établi que ces changements de mode de vie peuvent améliorer notre santé et notre bien-être. » Sinon ? Sans efforts suffisants, la planète pourrait enregistrer une hausse des températures comprise entre 3,2 °C et 5 °C à la fin du siècle. Il faudra donc s’attaquer prioritairement aux combustibles fossiles qui sont considérés comme étant les principaux responsables du réchauffement climatique. Pour contenir le réchauffement à 1,5 °C, la consommation doit diminuer de 95 % pour le charbon, de 60 % pour le pétrole, et de 45 % pour le gaz en 2050, par rapport à 2019. La plantation de forêts et de systèmes techniques pour capter le dioxyde de carbone sera aussi cruciale. Secteur par secteur, ce rapport du GIEC présente les différentes pistes à envisager. « Avoir les bonnes politiques, les bonnes infrastructures, et les bonnes technologies pour changer nos modes de vie et nos comportements, peut entraîner une baisse de 40 % à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 », a assuré Priyadarshi Shukla, le coprésident du groupe de travail III du GIEC. Villes, industries, transports en commun, agriculture… Il est urgent de repenser nos modes de vie et notre manière d’appréhender notre rapport à l’environnement. Sous peine de le payer très cher.