jeudi 28 mars 2024
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François Hollande à Monaco

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Le président français a maintenu sa visite officielle à Monaco le 14 novembre.

Après l’Elysée, le palais l’a confirmé vendredi dernier. Le président Hollande effectuera bien sa visite officielle à Monaco le 14 novembre. Une visite qui « témoigne des liens d’amitié forts et séculaires entre les deux pays et fait suite à la visite de travail du Prince Albert II à l’Elysée le 7 décembre 2012 », souligne un communiqué officiel du palais princier. Beaucoup doutaient de l’opportunité d’un tel déplacement pour le président de la République. Personne, même, n’excluait une annulation de dernière minute. Surtout après les huées ravageuses lors des cérémonies du 11 novembre. Pourtant à l’heure où nous écrivions ces lignes, le programme de la visite était plus ou moins bouclé*.

Tambour battant
Cette visite sera menée tambour battant. A son arrivée à l’aéroport, en fin de matinée, François Hollande, accompagné d’une délégation d’une quinzaine de personnes, dont Nicolas Hulot, envoyé spécial de l’Elysée pour la protection de la planète et Hélène-Conway-Mouret, ministre déléguée chargée des Français de l’étranger, sera accueilli à l’aéroport par l’ambassadeur de France à Monaco Hugues Moret et le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat. Direction Monaco. Par la route. Pas d’hélico, à l’inverse de ses prédécesseurs. Le choix est visiblement celui de la sobriété. La sécurité des véhicules officiels français sera assurée par la gendarmerie. Des gendarmes relayés, dès le franchissement de la frontière monégasque, par la force publique. Le président viendra bien évidemment avec sa garde rapprochée (le Groupe de sécurité de la présidence de la République). Mais côté monégasque, en plus des policiers en tenue, une cinquantaine d’officiers en civil seront sur le pied de guerre** dont l’USIVP, le GIPN monégasque. Une équipe médicale suivra quant à elle pas à pas le président.

Emploi et Europe
A l’arrivée au palais vers midi, après que les carabiniers ont rendu les honneurs militaires dans la cour d’honneur, « les chefs d’Etat s’entretiendront lors d’un tête à tête ». Au programme des discussions : inévitablement l’emploi des Français à Monaco (François Hollande devrait ramener un accord sur le télétravail) et l’environnement, surtout au moment de la conférence sur le climat de Varsovie ou encore la francophonie. Les deux hommes évoqueront sans aucun doute aussi les relations avec l’Union européenne, dans un contexte où Monaco espère un accord particulier avec l’UE mais aussi un libre accès des produits pharmaceutiques monégasques sur le territoire français. La question de la transparence fiscale sera forcément à l’ordre du jour : José Badia vient de remettre à l’OCDE la promesse que Monaco signera la convention sur la coopération fiscale et le geste ne peut être que salué par la France, qui a poussé à la roue sur ce dossier.
Dans la foulée, Albert II remettra à François Hollande la décoration de Saint-Charles. Juste avant le déjeuner officiel, qui aura lieu dans la salle du Trône, en présence des délégations de chaque pays. Le prince Albert et le président français se rendront ensuite chez Venturi, symbole de l’innovation franco-monégasque. Gildo Pallanca-Pastor a en effet repris en 2000 la marque française de voitures de sport alors en difficulté financière, en pariant sur la conception de véhicules électriques. Le groupe Venturi possède d’ailleurs une usine d’assemblage dans la Sarthe et une unité spécialisée dans l’électronique en Gironde.
Autre visite symbolique : le passage au Centre scientifique de Monaco, quai Antoine 1er. Parmi les cinq accords de partenariat dans les domaines de la recherche scientifique et l’environnement signés au Musée océanographique, certains concernent en effet le CSM, spécialisé dans la biologie coralienne et la recherche médicale. Les nouvelles conventions seront signées avec l’Ifremer (l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), le CEA (le Commissariat à l’énergie atomique est l’organisme de recherche sur les énergies nucléaire et renouvelables, les technologies pour l’information et la santé, la défense et la sécurité) et l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Concrètement, un accord avec EDF devrait permettre de voir prochainement la création d’un dispositif d’auto-partage à Monaco.

Carabiniers français
Quelque soit le bilan de ce déplacement, à Monaco, on s’en rappellera. Au niveau logistique, cette visite officielle, organisée en plein dans les séquences de la fête nationale, a induit réunion sur réunion. « C’est un gros travail. L’organisation nous préoccupe depuis 1,5 mois. Par exemple, on a du revoir complètement le programme du 14 novembre, initialement dévolu aux répétitions du dispositif militaire du 19 novembre », explique le colonel et chambellan Luc Fringant. Pour les carabiniers du prince en particulier, cette visite de chef d’Etat n’est pas comme les autres. Depuis sa création en 1817, la compagnie est composée de militaires français (seules les mobilisations pendant les deux grandes guerres ont exigé de les remplacer par des Monégasques ou des gardes Suisses, les fameux Papalins). « J’en suis à ma troisième visite de président français après celles de Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac. Il est vrai que pour les carabiniers, ces déplacements prennent une dimension particulière. On sert le prince, sa famille et la principauté mais quelque part, on a l’impression de servir aussi la France. Nous en sommes fiers », souligne le colonel et chambellan Luc Fringant qui rappelle également, non sans humour, que « lorsque le président français vient, on se souvient que les carabiniers, d’ordinaire un peu oubliés, sont bien là… » Et le 14 novembre, ils seront là et bien là pour rendre les honneurs militaires. « On va faire encore mieux que pour le président Sarkozy pour lequel j’avais déjà mis la barre très haut », promet le colonel Fringant.

*Mardi 12 novembre.
**Certaines mesures ont déjà été actées pour faciliter les déplacement du cortège officiel. A Monaco-Ville, les sorties à midi et à 16h des élèves ont été déplacées.

 

Où est l’influence française ?

Quel est l’avenir de l’influence française à Monaco ? L’hémorragie du nombre de résidents devra être compensée par une présence active, salariée ou entreprenariale.

Hélène Conway-Mouret

On ne le sait que trop. Depuis 30 ans, la communauté des Français résidant en principauté connaît une hémorragie. De 15 300 en 1985, ils sont actuellement environ 7 700. Ce qui représente une diminution de près de 50 % en 28 ans. La faute à une fiscalité qui alourdit encore le poids de la cherté des loyers en principauté. C’est cet argument qu’ont développé les représentants de l’Union des Français de Monaco devant Hélène Conway-Mouret, venue à Monaco le 25 octobre dernier pour préparer la venue de François Hollande. La rencontre avec la ministre déléguée chargée des Français de l’étranger à la Maison de France est d’ailleurs symptomatique des débats qui touchent la communauté française aujourd’hui. Quel est le poids de l’influence française, pourtant historique, à Monaco ? Comment la maintenir ? La langue de Molière est-elle en danger avec le regain de la communauté italienne et la montée d’autres nationalités ?

« Une injustice »
Le 25 octobre, le tour de table a permis à chacun d’exprimer son point de vue. « La fiscalité est vécue par les Français de Monaco comme une injustice », a ainsi indiqué Jean-Christophe Romanet, président de l’UFE-Monaco pestant contre « le fait que pour l’administration fiscale, nous soyons considérés comme Français de l’Hexagone uniquement lorsque nous devons nous acquitter de l’impôt sur le revenu et que nous sommes considérés comme Français de l’Etranger pour tout ce qui touche aux abattements fiscaux, réductions ou crédit d’impôts. » Avant de souligner qu’il faut compter 1 250 euros pour un studio et 2 000 à 2 500 euros pour un deux pièces. « Un locataire devra gagner respectivement 3 500 euros pour loger dans un studio et 6 000 à 7 500 euros pour un deux pièces… »
Autre problème selon l’UFE : « Il est aujourd’hui plus simple pour un jeune français de Monaco de rester salarié que de tenter l’aventure de l’entreprenariat », pour des raisons fiscales. Or, si la Principauté compte aujourd’hui 33 600 salariés français, dont une majorité de “pendulaires”, vivant en France, il est évident que l’influence française passe aussi par l’investissement et l’innovation de ses acteurs économiques. Par le passé, Georges Mas a lancé le mouvement avec le laboratoire Asepta, Pierre et Brigitte Mathez avec la société de transports Mathez Monaco International. Qui prendra la suite ?
Ces questions, les Français de Monaco ne devraient pas pouvoir les aborder avec le président de la République. A moins d’un changement de dernière minute, aucune rencontre n’est envisagée avec François Hollande.

Un secteur d’urgence pour les enfants du pays ?

Géraldine Motillon, présidente de l’association des enfants du pays, a rencontré le président du conseil national Laurent Nouvion le 7 novembre. L’occasion d’évoquer « entre autres, la nécessité de la mise en place d’un secteur d’urgence pour les enfants du pays dont les immeubles ou appartements sont rachetés. Ils ont alors 6 mois pour retrouver un appartement ou n’ont d’autre choix que de partir », selon l’AEP. Car concernant le projet immobilier de Villa Ida, l’association est résignée : « Il est clair que les appartements ne pourront être livrés avant cinq ans… » Or, les 1 200 appartements loués dans le secteur protégés sont occupés à 19 % par les Monégasques, 54 % par les Français et 18 % par les Italiens d’après un rapport récent de l’IMSEE.