vendredi 29 mars 2024
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Feu vert pour les BMA

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Serge Berrebi et Denis Sassou N'Guesso.
Serge Berrebi et Denis Sassou N'Guesso. © Photo DR.

Après avoir fait « pschitt » à Monaco, l’affaire des biens mal acquis visant trois chefs d’Etat africains est relancée à Paris.

Avec la nomination de deux juges d’instruction parisiens, Roger Le Loire et René Grouman, l’affaire des « biens mal acquis » vient de prendre un tournant décisif. Alors que les premières investigations avaient été classées sans suite en 2007, la justice française, sous la bénédiction de la cour de cassation, va prendre à bras le corps la plainte pour recel de détournement de fonds publics déposée par un collectif d’organisations non gouvernementales dont Transparency International. Une plainte qui attaque directement trois chefs d’Etat africains, Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou N’guesso (Congo) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) pour avoir acquis, en détournant l’aide publique au développement ou les fonds publics, de jolies villas, des cabriolets de sport et autres hôtels particuliers.

A la frontière monégasque, cette nomination rassure Serge Berrebi. Cet homme d’affaires français, créancier de longue date de l’Etat congolais, a bien l’intention de récupérer la douzaine de millions d’euros qui lui est due. Il suit l’affaire des biens mal acquis et l’action des organisations internationales depuis le départ. En 2009, c’est lui qui avait saisi le Siccfin, l’organe anti-blanchiment de la principauté, ainsi que la police monégasque. « J’avais appris qu’il pouvait y avoir des comptes ouverts à Monaco par Edith Bongo, fille de Denis Sassou N’Guesso et épouse d’Omar Bongo, décédée le 14 mars. Et qu’une grande banque monégasque avait accordé une procuration à un neveu du président sur un compte dont il se servait pour payer des factures de travaux effectués, pour le compte de la République du Congo, au Congo même. »

Argent envolé

C’est alors le branle-bas de combat. En l’absence de réponse des autorités, Serge Berrebi entre en contact avec Sherpa, une ong de juristes qui bataille contre les biens mal acquis, obtenus grâce au détournement de fonds publics. Son président William Bourdon écrit au procureur général de Monaco Jacques Raybaud ainsi qu’au prince Albert. En mettant la pression, à la veille du sommet du G20 du 2 avril 2009?: « Edith Bongo Ondimba aurait servi de prête-nom auprès de plusieurs établissements bancaires de la Principauté afin de dissimuler les capitaux tant de son époux que de son père. Par crainte que les fonds logés auprès de ces divers établissements bancaires ne soient transférés vers d’autres destinations, nous avions alors recommandé le gel des comptes litigieux. » Et là pour Serge Berrebi, c’est la douche froide?: « l’affaire fait pschitt. » Selon l’AFP, la justice monégasque aurait bien identifié deux comptes ouverts, il y a plus de 10 ans, au nom d’Edith Bongo et approvisionnés, à l’époque, pour un montant supérieur à 2 millions d’euros. Mais en revanche, le parquet n’aurait constaté aucune infraction pénale au regard de la loi monégasque. Du coup, l’argent bloqué peut s’envoler vers d’autres cieux en toute liberté. Vers le Liechtenstein, selon Serge Berrebi, persuadé que les sommes concernées approchaient davantage la cinquantaine de millions d’euros?: « Vous pensez vraiment qu’il n’y avait que 2 millions d’euros à Monaco, soit l’équivalent d’un studio vue sur mer. Trop d’énergie a été déployée. »

Mais l’homme d’affaires floué ne compte pas s’arrêter là. Après avoir lancé un site internet, il va « transmettre les éléments de la procédure monégasque » aux juges parisiens. Mais aussi à Milan, contestant le fait que le Congo, classé par le Fonds monétaire international (FMI) comme « pays pauvre très endetté » bénéficie d’une annulation de dettes, flouant notamment les pays membres du club de Paris et donc leurs contribuables.

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