vendredi 26 avril 2024
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Trump président : « Not a big deal » 

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Ils sont 270 Américains à avoir leur carte de résident à Monaco. Quelques jours après l’élection de Donald Trump, certains d’entre eux nous livrent leur sentiment.

Le bureau de vote artificiel du Stars’N’Bars, le plus américain des bars monégasques, n’a pas vu juste cette fois. Les 200 Américains qui s’y sont retrouvés le soir du 8 novembre pour suivre l’évolution du scrutin ont massivement choisi la démocrate Hillary Clinton contre le républicain Donald Trump. Lorsque Monaco Hebdo l’avait interrogée en mars dernier, lors des primaires, la directrice de l’association Monaco USA, Annette Ross Anderson, ne s’imaginait pas anticiper aussi bien le résultat final : « Le peuple américain est en colère, fâché et frustré. Surtout la middle classe. Ils cherchent un leader ». Trois jours après le vote, cette expatriée originaire du Maine, « dernier Etat à avoir voté pour Hillary Clinton », n’est ni déçue ni choquée. « Maintenant, c’est lui qui va guider notre pays. » Dans la famille, le sujet a divisé. « Mes trois frères ont voté Trump. Même si je suis plutôt républicaine, je n’étais pas une supportrice de Trump, car je ne pensais pas qu’il était le meilleur candidat pour porter les valeurs du parti », explique Annette Ross Anderson.

Racisme

« Not a big deal » non plus pour Kate Powers. Née à Dallas, au Texas, installée de longue date en Principauté, la gérante du Stars’N’Bars dit « vouloir faire confiance ». Cela n’empêche pas les deux amies de souligner leurs premières craintes. Annette Anderson s’inquiète pour le système de santé, l’Obamacare, le manque de soutien au mariage gay et l’hostilité de Donald Trump envers l’Europe. « Un million d’Américains vivent en Europe. Cela peut donc créer des problèmes pour les expatriés », pense-t-elle. Elle se rassure, en pensant que son job est « d’exécuter les lois » et aux diffèrents niveaux de décisions dans le système américain. Kate Powers focalise sur le racisme : « Est-ce que l’on va re-diviser pour conquérir ? Au final, nous sommes tous des immigrants aux Etats-Unis ». Elle s’alerte aussi des propos contre le changement climatique, elle qui s’investit énormément pour cette cause à Monaco. « Il faut que les Américains se réveillent et se secouent. »

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« Réchauffement »

Un sujet assez important pour être abordé dans la lettre de félicitations du Prince Albert à Donald Trump : « Je veux croire que vous montrerez votre détermination en préservant nos efforts pour protéger l’environnement et en particulier pour se battre contre le changement climatique, avec une considération toute particulière pour nos océans. » Quant au gouvernement princier, il n’a envoyé aucun mot au nouveau président des Etats-Unis. « Quand on sait que Donald Trump a tweeté que le réchauffement climatique était un « hoax créé par les Chinois », ça n’inspire pas confiance… », abonde Gaétan Mathieu, un journaliste français aux Etats-Unis. Installé à New York depuis sept ans, il a vu les visages se décomposer au fur et à mesure du dépouillement. « Tous les bars organisaient des soirées avec jeu, bingo, karaoké ou stand up. L’élection n’était pas très prise au sérieux, parce que tout le monde pensait qu’Hillary Clinton allait l’emporter très facilement. » A Manhattan, l’un des cinq arrondissements de New York, on a par exemple voté à 87 % pour la candidate démocrate.

Cour suprême

« Je dirais qu’une grande partie des républicains que j’ai rencontré n’adhère pas à ses propos sur les femmes, les hispaniques ou même sur les musulmans. Mais impossible d’envisager pour eux d’élire quelqu’un [comme Hillary Clinton, N.D.L.R.] qu’ils jugeaient élitiste, menteuse et corrompue » observe Gaétan Mathieu. A Monaco, Annette espère que Donald Trump sera au moins « intelligent et juste. Il n’est pas le président d’une société, mais d’un pays maintenant ». Après une campagne tonitruante et agressive, l’heure serait-elle à l’unité ? Et à quel prix ? « Oui, Donald Trump a beaucoup de pouvoir avec un congrès en sa faveur. Et surtout, avec la possibilité de nommer un juge républicain à la Cour suprême. Ce qui donnerait un avantage 5 à 4 aux conservateurs. C’est ça le plus dangereux. Parce qu’un juge de la Cour suprême est nommé à vie » rappelle le journaliste français. Quid enfin des relations économiques entre la Principauté et les Etats-Unis ? Des interrogations pourraient apparaître, notamment à cause de la promesse de campagne de Donald Trump d’abaisser de 35 % à 15 % l’impôt sur les sociétés. « Il veut aussi inciter les multinationales américaines qui gardent leurs liquidités à l’étranger à les rapatrier, en leur offrant un taux unique de 10 % pour une durée limitée » écrivait Le Monde le 11 novembre. Dans son message envoyé à Donald Trump, le Prince Albert se veut résolument positif : « Je n’ai aucun doute sur le fait que les chaleureuses relations qui existent entre nos deux pays ces dernières années se poursuivront et continueront à grandir et à se renforcer. »

 

(1) « Not a big deal » : pas une grosse affaire.

 Le vote, Etat par Etat

Donald Trump a remporté les Etats de l’Indiana, le Kentucky, la Virginie occidentale, la Caroline du Sud, l’Oklahoma, le Mississippi, le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Texas, le Nebraska, l’Arkansas, la Louisiane, le Wyoming, le Montana, l’Idaho, la Floride, l’Utah, l’Alaska, le Wisconsin et l’Arizona. De son côté, Hillary Clinton a gagné le suffrage dans le Vermont, le Massachusetts, le New Jersey, l’Etat de New York, le district de Columbia, le Delaware, le Maryland, Rhode Island, l’Illinois, le Connecticut, la Virginie, le Colorado, le Nouveau-Mexique, la Californie, l’Etat de Washington, l’Oregon et le Maine. Le détail des votes des nationaux et des binationaux ayant voté dans un autre pays que les Etats-Unis n’avait pas encore été divulgué le 15 novembre, alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro. A.-S.F.