Edito n°1181 : « Essentielle »

«A Monaco, la culture est essentielle. » Après le ministre d’État, Pierre Dartout, dans les colonnes de Monaco Hebdo n° 1180, cette semaine c’est le maire de Monaco, Georges Marsan, qui le répète. En principauté, la culture doit rester centrale. Pandémie de Covid-19 ou non, tout a été mis en œuvre pour que les spectacles puissent continuer. Avec un couvre-feu avancé de 20 heures à 19 heures, les activités culturelles se déroulent donc l’après-midi, le plus souvent à 15 heures. Chacun a donc dû s’adapter et bouleverser son fonctionnement et sa programmation. Dans le dossier que vous propose Monaco Hebdo cette semaine, on sent bien que les différents acteurs du monde de la culture monégasque restent malgré tout prudents. Car l’incertitude est toujours forte, et avec des jauges divisées par trois, les salles de la principauté sonnent le creux. Les plus optimistes diront que c’est « mieux que rien », les autres diront que beaucoup d’artistes renonceront à se produire, faute de rentabilité. Forcément réduite, l’offre culturelle du moment provoque aussi de graves baisses de chiffre d’affaires. « Nous prévoyons des pertes énormes », nous a ainsi confié la directrice et fondatrice du théâtre des Muses, Anthéa Sogno. L’Etat monégasque devra donc être attentif, afin que le pire soit évité. « Nous sommes subventionnés à hauteur de 70 % », rappelle le directeur de l’opéra, Jean-Louis Grinda, tout en parlant d’une « aide inconditionnelle » de l’État. La question des intermittents du spectacle, qu’ils soient artistes ou techniciens, est un autre sujet d’inquiétude. Ils sont environ 270 000 en France, et certains travaillent parfois en principauté. Le gouvernement français a décidé le 29 juillet 2020 de prolonger l’indemnisation des intermittents du spectacle jusqu’en août 2021. Ils ont donc une année de plus pour faire leurs 507 heures nécessaires pour percevoir des indemnités. Mais le flou règne sur 2021, et même sur 2022. Le volume de spectacles sera-t-il suffisant ? Bref, rien n’est parfait, et si tout le monde souffre, certains souffrent encore plus que d’autres. Le cinéma de Monaco en est le parfait exemple. Le plus souvent fermé, faute de nouveaux films à diffuser, le cinéma des Beaux-Arts a aussi eu l’immense douleur de perdre son directeur, Thierry Tréhet, le 6 janvier 2021, à l’âge de 61 ans, des suites d’un malaise cardiaque. C’est désormais son fils, Arthur, qui assume une relève qui s’avère très compliquée. Privé de films, le cinéma de Monaco souffre aussi de la concurrence des plateformes de streaming. Et l’avenir s’annonce sombre. Pour ceux qui en doutent, il suffit de s’attarder sur le choix fait récemment par Warner. Cette entreprise américaine, qui est l’une des plus grandes sociétés de production et de distribution au monde pour le cinéma et la télévision, a annoncé qu’elle sortirait ses 17 films prévus en 2021 simultanément en salle et sur sa plateforme HBO Max aux Etats-Unis. L’onde de choc a été immense dans le milieu du cinéma. La pandémie de Covid-19 aura-t-elle la peau des cinémas ? Désormais la question se pose.