Edito n°1172 : Menace

Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro 1172, deux hommes et deux femmes avaient perdu la vie, et plusieurs autres personnes avaient été blessées lors d’une attaque terroriste perpétrée à Vienne, dans la soirée du 2 novembre 2020. Un suspect était recherché, pendant que l’un des auteurs des coups de feu avait été abattu par la police. Les faits se sont produits dans une rue où se trouve la principale synagogue de la capitale autrichienne, rue Seitenstetten, vers 20 heures. Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, a dénoncé « une attaque terroriste répugnante », pendant que le ministre de l’intérieur, Karl Nehammer, évoquait un « sympathisant de l’Etat islamique » pour parler de l’individu tué par la police. Au total, quinze personnes étaient hospitalisées, dont sept dans un état jugé « grave ». Quelques jours auparavant, le 29 octobre 2020, c’est à Nice que le terrorisme aveugle a une nouvelle fois frappé. Après l’attentat sur la promenade des Anglais le 14 juillet 2016, qui avait fait 87 morts et 434 blessés, c’est la basilique de Nice qui a été le théâtre d’une attaque au couteau. Vincent Loques, un sacristain âgé de 54 ans, Nadine Devillers, 60 ans, et Simone Barreto Silva, une Brésilienne de 44 ans résidant en France, ont été tués par un Tunisien de 21 ans. Touché à huit reprises par les tirs de la police municipale, l’état de l’assaillant était jugé « sérieux ». Face à cette tragédie, les témoignages de soutien se sont multipliés de la part de la principauté. Le prince Albert II d’abord, mais aussi l’archevêque de Monaco, Monseigneur Dominique-Marie David, le président du Conseil national, Stéphane Valeri, ou encore le maire de la principauté, Georges Marsan. Interrogé par Monaco Hebdo, Cyrille Bret, haut fonctionnaire à l’inspection générale de l’administration, où il s’occupe en particulier des questions de sécurité, rappelle que « cet attentat s’inscrit dans une vague de terrorisme en France depuis au moins 2015. La violence armée est désormais bien installée dans le paysage de la sécurité française et européenne ». Si le contexte est connu, c’est l’imprévisibilité de ces actions qui embarrasse les experts de la sécurité. Car, désormais, les terroristes n’utilisent plus systématiquement des armes de guerre, souvent difficiles à se procurer. « Nous sommes face au terrorisme du coin de la rue, reprend Cyrille Bret. Ce sont des personnes que l’on croise tous les jours, avec des moyens que chacun peut utiliser. Un couteau, une camionnette, un outil de jardinage… Ensuite, par l’usage criminel de ces objets et par la médiatisation, ils parviennent à un effet d’épouvante collectif qui modifie nos vies. » A Monaco, le ministre d’Etat, Pierre Dartout, a immédiatement annoncé un renforcement du dispositif de sécurité, notamment autour de tous les lieux « sensibles », sans donner plus de détails. « Aujourd’hui, personne n’est à l’abri en Europe. Monaco ne doit pas être inquiet, mais être plutôt vigilant », estime Cyrille Bret. Et il faudra le rester longtemps, face à une menace toujours plus globale.