Edito n°1169 : Exemplarité

Il est finalement moins grand que prévu. Le déficit enregistré par les finances de l’Etat pour le budget rectificatif 2020 est estimé à 165 millions d’euros. C’est donc 312 millions d’euros de moins que les quelque 477 millions envisagés précédemment par le gouvernement monégasque. Dès septembre 2020, lorsque nous avions interviewé le conseiller-ministre pour les finances et l’économie, Jean Castellini (lire Monaco Hebdo n° 1164), la tendance se dessinait déjà. Face à l’impact du coronavirus, le déficit était inévitable, mais pas forcément dans les dimensions envisagées. Le gouvernement a-t-il surréagi ? « Absolument », nous avait alors expliqué Jean Castellini, tout en justifiant cette position ainsi : « Il vaut mieux assumer d’avoir vu trop gros dans l’urgence. Car cela nous a donné les moyens de notre politique. Cela a d’ailleurs été très bien compris par les élus du Conseil national. […] Mais aussi par les acteurs économiques qui auraient, en revanche, mal compris que l’impact de cette crise sanitaire soit sous estimé au départ. Car cela nous aurait ensuite obligé à voter des budgets successifs sans arrêt en augmentation de dépenses, comme de grands pays l’ont fait. » Parmi les raisons qui expliquent cette situation moins catastrophique que prévu, on peut citer des recettes immobilières à 181,5 millions, qui atteignent un meilleur niveau qu’envisagé, et qui dépassent même les résultats de 2019. Autre bonne nouvelle dans ce marasme : les bonnes performances enregistrées par la place financière monégasque. Mais cela n’a pas éclipsé un climat social tendu. Face à l’impact économique du Covid-19, les entreprises souffrent, à l’image de la Société des bains de mer (SBM), poussée à lancer un plan social qui promet d’être historique. Comme un symbole, ce dossier a monopolisé une partie des débats de ce budget rectificatif 2020, car l’inquiétude est grande face à la situation critique de cette entreprise d’Etat, qui cherche à faire une économie de 25 millions d’euros. Qui dit « entreprise d’Etat » dit aussi « pacte social », a rappelé le président du Conseil national, Stéphane Valeri, qui a réclamé une véritable exemplarité dans la conduite des négociations autour de ce plan de restructuration. Il faudra aussi de l’exemplarité dans le traitement du projet de loi sur l’annualisation du temps de travail déposé par le gouvernement. « L’objectif est de sauver des emplois, pas d’en casser », a promis le ministre d’Etat, Pierre Dartout. Ce qui n’a pas convaincu l’Union des syndicats de Monaco (USM), farouchement opposée à ce texte et à cette logique, « qui n’ont pas créé le moindre emploi en France » ont-ils estimé. Positionné en arbitre, le Conseil national et son président ont demandé « deux à trois semaines » pour se positionner. Sans se refuser la possibilité d’amender ce projet de loi, si nécessaire.