Edito 1168 : Contestation

«Tout cela induit une défiance totale vis-à-vis des autorités, et pousse malheureusement les gens à chercher des explications dans les poubelles de la réflexion, et notamment du côté de toutes les thèses complotistes. » Pour Laurent Toubiana, il n’y a aucun doute. Ce chercheur épidémiologiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et directeur de l’Institut de recherche pour la valorisation des données de santé (Irsan) estime que la montée en puissance des réseaux de contestataires qui doutent de la dangerosité du Covid-19, avec des thèses plus ou moins farfelues, est à chercher du côté des mesures parfois incohérentes prises par les différents gouvernements en Europe. Depuis le début de cette crise sanitaire, il y a plus de 7 mois, différentes stratégies ont été mises en place pour tenter d’endiguer la pandémie de Covid-19. Pour expliquer cela, le professeur de santé publique au CHU de Lille, Philippe Amouyel, rappelle cette semaine dans nos colonnes qu’il a fallu faire face à un virus que l’on ne connaissait pas : « Dans l’esprit des gens, la médecine fait. Non, la médecine, là, elle apprend. Et ce que voient les gens, c’est la médecine qui apprend au fur et à mesure, qui progresse. C’est flagrant pour l’amélioration du taux de survie en réanimation. On voit bien qu’il y a eu un apprentissage, que les médecins ont travaillé ensemble, ils ont échangé leurs bonnes pratiques, donc ça a été efficace. » En attendant, un peu partout en Europe, un vent de ras-le-bol monte peu à peu face à ces restrictions, et on voit se créer des mouvements « antimasques » qui dénoncent des décisions gouvernementales jugées parfois liberticides ou incohérentes. Fin septembre 2020, à Marseille, la décision du gouvernement de fermer les bars et les restaurants a provoqué une véritable vague de contestation, relayée notamment par les élus locaux, signe que même chez les politiques, l’exaspération est montée d’un cran face à des restrictions qui sont de plus en plus mal vécues. A Monaco, le conseiller-ministre pour la santé et les affaires sociales, Didier Gamerdinger, mise sur le fameux « principe de précaution » et sur la mise en place de mesures « nécessaires et proportionnées ». Plus strict à la sortie du confinement, le 4 mai 2020, la principauté l’est désormais moins que la France, et Nice en particulier. Ce qui explique sans doute que, pour le moment, la contestation reste très faible à Monaco. Mais l’équilibre reste fragile.