Edito n°1248 : Marmolada

L’information a fait la « une » de beaucoup de médias. Le dimanche 3 juillet 2022, le glacier de la Marmolada, dans les Alpes italiennes, s’est partiellement effondré. Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 5 juillet 2022, sept personnes étaient mortes, huit autres figuraient parmi les blessés, et quinze personnes étaient toujours portées disparues. En un instant, des tonnes de glace et de roche ont dévalé vers la vallée, à une vitesse estimée à près de 300 km/h par les secouristes italiens. Le glacier de la Marmolada aurait cédé sur l’une des cimes du massif, la Punta Rocca, à 3 309 mètres d’altitude. En cause, des températures anormalement élevées, puisqu’il faisait 10 °C au sommet. Résultat, le permafrost a fondu, provoquant ce drame. Soumis au changement climatique, les glaciers des Alpes sont tous concernés par ce phénomène. Quelques jours auparavant, le 29 juin 2022, le Haut Conseil pour le climat, présidé par la climatologue à l’université britannique d’East Anglia, Corinne Le Quéré, a publié son quatrième rapport annuel. Ce document, dans lequel cette instance française indépendante appelle à un sursaut face au réchauffement climatique, rappelle que si la prise de conscience et les solutions mises en place se développent, tout cela reste « insuffisant ». Intitulé « Dépasser les constats, mettre en œuvre les solutions », ce rapport de 180 pages souligne qu’en 2021, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 6,4 % par rapport à 2020. « Tous les grands secteurs émetteurs connaissent désormais une baisse de leurs émissions, qui est bien établie et structurelle dans les secteurs des bâtiments, de l’industrie et de l’énergie. Et qui reste à confirmer, dans les secteurs des transports et de l’agriculture », note tout de même le Haut Conseil pour le climat, dans un communiqué de presse publié le 29 juin 2022. Mais, alors que les vacances d’été sont là et que beaucoup s’apprêtent à prendre l’avion, le Haut Conseil pour le climat rappelle aussi que la « stratégie de décarbonation de l’aérien n’est pas engagée, malgré les démonstrateurs technologiques et industriels », ce qui pèse lourdement sur le niveau des émissions de gaz à effet de serre. La tragédie du glacier de la Marmolada est une conséquence du réchauffement climatique, et ces phénomènes extrêmes vont survenir à nouveau. Et, peut-être, de façon plus régulière encore, comme le souligne cette instance indépendante : « En France, l’année 2021 a été marquée par plusieurs événements météorologiques remarquables, dont la probabilité d’occurrence ou l’intensité ont été accentuées par le changement climatique, dû à l’influence humaine. » En attendant, des chercheurs de l’université de Padoue ont publié une étude alarmante. Ils estiment qu’à cause du réchauffement climatique, le glacier de la Marmolada pourrait être tout simplement rayé de la carte d’ici 2050. Un élément supplémentaire qui devrait conduire à prendre l’appel du Haut Conseil pour le climat très au sérieux. Avant qu’il ne soit trop tard.