Edito n°1188 : Dangers

Cette fois, c’est fait. Un peu plus de cinq mois après le début des négociations, la Société des bains de mer (SBM) a bouclé son plan social. Au total, 227 départs volontaires ont été négociés. Ils seront accompagnés de 4 licenciements forcés. Ces 231 départs, sur un total d’environ 4 000 salariés, devaient permettre d’atteindre l’objectif de départ, fixé le 2 octobre 2020 par le président-délégué de la SBM, Jean-Luc Biamonti : une économie annuelle de 25 millions d’euros. Il n’en sera rien. Dans une interview accordée à nos confrères de Monaco-Matin, Biamonti explique que l’économie générée par ces départs sera finalement de 18,5 millions. Il manque donc 6,5 millions, qu’il sera difficile de trouver ailleurs. Surtout si on considère le niveau très élevé de rémunération des dirigeants, et les investissements qui ne sont pas, parfois, tout à fait ciblés. En tout cas, ce ne sera pas sur les conventions collectives que cet argent pourra être épargné. En effet, alors qu’elles devaient être renégociées pour, là encore, tenter de générer de nouvelles économies, les conventions collectives seront finalement préservées. Ce qui a provoqué une vague de satisfaction chez les salariés et les syndicats de la SBM, mais aussi du côté des élus du Conseil national. Ces derniers ont estimé qu’en agissant de la sorte, cette entreprise continuait à remplir son rôle social, et réaffirmait même « le pacte social historique » qui la lie à la population monégasque. En revanche, du côté des syndicats, les critiques ont continué à pleuvoir sur les membres du comité exécutif de la SBM. Soupçonnés de continuer à percevoir de l’argent en pleine période de crise sanitaire, « leur prime quantitative » en occurrence, ces dirigeants restent dans le collimateur du syndicat des jeux. Alors que les salariés ont été placés sous le régime du chômage total temporaire renforcé (CTTR), les syndicats estiment que les quelque 4 000 salariés de cette entreprise ont « joué le jeu » et continuent de le faire, alors que la pandémie de Covid-19 est loin d’être un souvenir. À travers cet épisode, on sent bien que, si un accord a fini par être trouvé dans cette crise profonde que traverse la SBM, le climat social est loin d’être au beau fixe. Si Jean-Luc Biamonti a répété que l’origine de ce plan social remonte aux années qui ont précédé cette crise sanitaire, il sait aussi que, désormais, sa marge de manœuvre est réduite. En effet, impossible de demander aux salariés de se serrer encore un peu plus la ceinture. Il faudra donc affronter la période d’avril à septembre 2021 dans la plus grande incertitude comptable, et sans autre levier à actionner. Si cette séquence sera cruciale pour la SBM, puisqu’elle conditionne en grande partie l’exercice 2021-2022, ce dernier s’annonce aussi comme l’exercice de tous les dangers.