Edito n°1276 : Femmes

Célébrée depuis plus d’un siècle dans le monde, la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, résonne de plus en plus fort à Monaco. Symbole des luttes et des revendications pour les droits des femmes, cette journée est aussi un moment de questionnement sur d’autres sujets, comme le combat contre le sexisme et les inégalités face aux hommes. Mais ce sont bien sûr les féminicides qui heurtent le plus. Si à Monaco aucun cas n’est à recenser pour le moment, en revanche, les violences contre les femmes ont fortement augmenté, passant de 33 victimes en 2022, contre 23 en 2021. Du côté de l’association d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales (AVIP), et de sa directrice Valérie Campora-Lucas, c’est une soixantaine de personnes qui font appel à ses services chaque année. En France, les chiffres donnent le vertige. En 2022, selon les chiffres communiqués par Féminicides par compagnons ou ex (1), 111 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. En 2021, le ministère de l’Intérieur français a publié un rapport faisant état de 122 femmes tuées, contre 90 en 2020 et 146 en 2019. Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 28 février 2023, 23 femmes étaient mortes, sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. « Nous nous battons pour qu’il y ait moins d’inégalités entre les hommes et les femmes dans le travail par exemple, mais aussi contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel ou dans la vie de tous les jours », disait au Monde le 6 mars 2021 Alexia Dominey, 26 ans, coordinatrice du collectif Nous toutes des Alpes-Maritimes.

En principauté, cette problématique est au cœur des préoccupations du comité pour la promotion et la protection des droits des femmes, dirigé par Céline Cottalorda. L’administration monégasque va donc dispenser une formation interne, afin de combattre le sexisme au travail. « Le sexisme peut conduire à du harcèlement, à de la violence verbale, physique… Le sexisme, c’est vraiment le terreau des violences. Car le sexisme est basé sur le fait que la femme est subalterne, et l’homme est dominant », souligne Céline Cottalorda. Et puis, il y a aussi la question des salaires. Selon les chiffres publiés par l’IMSEE, en 2019, à Monaco, le salaire moyen des femmes était inférieur de 20,9 % à celui des hommes. Si dans le secteur public ce sujet n’existe pas réellement assure Céline Cottalorda, c’est dans le secteur privé que cette problématique se pose. Pour tenter de sensibiliser les employeurs du secteur privé de la principauté, le gouvernement monégasque s’apprête à lancer sur Internet un outil d’auto-évaluation anonyme. Les données récoltées seront donc purement déclaratives, mais ce sera un premier pas dans la bonne direction. Dans cette lutte globale en faveur des femmes, rien ne doit être négligé.

1) Le site Internet Féminicides par compagnons ou ex est consultable ici.