Edito n°1273 : Débat

Il n’y aura donc pas eu de match. Le résultat de l’élection nationale du 5 février 2023 est sans appel : c’est un monde qui sépare L’Union de Brigitte Boccone-Pagès et les Nouvelles Idées pour Monaco (NIM) de Daniel Boeri. La présidente sortante du Conseil national a réalisé un parcours sans faute, empochant 24 sièges sur 24 grâce à 89,64 % des suffrages. Du jamais vu depuis que le nombre de conseillers nationaux est passé à 24, suite à la révision constitutionnelle de 2002. Il faut remonter le temps jusqu’en 1998 pour trouver trace d’un tel résultat. Il n’y avait alors que 18 sièges à se disputer, mais l’Union Nationale et Démocratique (UND) de Jean-Louis Campora les avait tous obtenus, malgré la présence de deux autres listes, L’Union Nationale pour l’Avenir de Monaco (UNAM) et le Rassemblement Pour la Famille Monégasque (RPFM). Certains ont regretté que la campagne pour cette élection nationale 2023 soit trop calme, peu dense, et sans débat médiatisé, comme cela avait été le cas en février 2018, pour la première fois dans la vie politique monégasque. Résultat, alors que le taux de participation était, en moyenne, de 75,32 % pour les quatre précédentes élections entre 2003 et 2018, il a été de 57,25 % pour cette élection 2023. Une perte de près de 13 points que Brigitte Boccone-Pagès a relativisé le 7 février 2023, dans Monaco-Matin : « Notre légitimité n’est pas fragilisée. La baisse de la participation est largement compensée par l’ampleur du résultat. » Il faudra désormais démontrer concrètement que le débat d’idées, libre et démocratique, n’est pas étouffé pendant cette mandature 2023-2028, ce qui n’inquiète pas Brigitte Boccone-Pagès : « Cette liste comporte des personnalités qui n’ont pas pour habitude d’aseptiser le débat, bien au contraire. […] Chez nous, le débat est interne et naturel. A la fin, nous nous rassemblons sur des grandes majorités d’idées, pour sans cesse rechercher l’efficacité, la responsabilité, et le pragmatisme », a expliqué la tête de liste de L’Union à Monaco-Matin. Du côté de Daniel Boeri et des 13 autres candidats des NIM, c’est, bien sûr, la déception qui prédominait le 7 février 2023, alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro. Regrettant de ne pas avoir pu construire une liste complète de 24 candidats qui aurait pu lui permettre d’accrocher un ou plusieurs sièges, Daniel Boeri s’est attardé sur le taux de participation « le plus faible que nous ayons connu pour cette élection — n’aura servi les intérêts d’aucune des deux listes. Toutefois, je crois pouvoir le dire : grâce à la liste des NIM, la démocratie de notre pays a été préservée. Ainsi que notre image à l’international, ce qui est tout aussi important. De ce point de vue, je ne regrette rien » [à ce sujet, lire son interview « Une liste complète aurait vraisemblablement changé la donne », publiée dans ce numéro — NDLR]. A 78 ans, l’avenir de Daniel Boeri s’inscrit désormais en dehors de la vie politique monégasque. Il compte partir à l’étranger et se consacrer à l’écriture d’un nouveau livre. Mais il annonce aussi que les NIM devraient lui survivre, et que ce groupe politique réfléchit à une façon d’exister jusqu’aux prochaines élections de 2028. Ce qu’aucun mouvement politique n’est parvenu à faire récemment.