Edito n°1254 : Préoccupation

Comment se déroule la rentrée sociale ? C’est à cette question que la rédaction de Monaco Hebdo a décidé de répondre cette semaine. Nous avons donc donné la parole au gouvernement monégasque, au président du Conseil national, et aux partenaires sociaux, afin de dresser un panorama du ressenti et des attentes de chacun. Si, globalement, le ton est loin d’être alarmiste, cela n’empêche pas que quelques sujets de préoccupation remontent à la surface. À commencer par les conséquences internationales de l’après-crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. « Pour protéger les populations et soutenir les économies des pays, en soutenant les salariés et les entreprises, les gouvernements ont créé une forte masse monétaire sans contrepartie en termes de production, puisque l’économie avait fortement ralenti, à cause notamment des confinements successifs. Cela a inévitablement généré une forte inflation, dont nous avons du mal à entrevoir le ralentissement à moyen terme », s’inquiète ainsi le président du Conseil national, Stéphane Valeri. La hausse des prix qui en découle fait du maintien du pouvoir d’achat l’une des questions fortes qui marque cette rentrée 2022. Interrogé par Monaco Hebdo, le conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé, Christophe Robino, a assuré suivre de près les dispositifs déployés en France et, plus largement, en Europe. Tout en rappelant que le gouvernement monégasque a revu à la hausse les prestations sociales des régimes de sécurité sociale : « Les différentes aides et allocations sociales sont régulièrement augmentées au regard de l’évolution de l’inflation. Et nous étudions la possibilité de déconjugalisation de l’aide aux adultes handicapés », a précisé Christophe Robino. Pour le secteur privé, reconnaissant que les « possibilités d’intervention du gouvernement sont plus limitées », le conseiller-ministre a invité les employeurs à discuter avec les partenaires sociaux. « Il convient néanmoins de rappeler que le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) a été réévalué, en mai 2022 et en août 2022, en fonction de l’inflation. Et que, sur cette base, doivent être ajoutés les 5 % monégasques », a rappelé Christophe Robino. De son côté, l’Union des syndicats de Monaco estime que le « salaire minimum doit être à la hauteur de 2 000 euros net, contre 1 702 euros aujourd’hui. Et c’est le minimum, car que faire avec 1 700 euros par mois dans la région ? », se demande son secrétaire général, Olivier Cardot. De son côté, la Fédération des syndicats de salariés de Monaco (F2SM), par l’intermédiaire de Cedrick Lanari , estime que « faire des négociations annuelles permettrait de maintenir les salaires à un niveau attrayant ». Au-delà de la question des salaires, le président de la Fédération des Entreprises Monégasques (FEDEM), Philippe Ortelli, pointe la problématique des déplacements, qui touche une majeure partie des quelque 53 000 salariés qui travaillent en principauté : « Il est inadmissible que des dizaines de milliers de pendulaires perdent quotidiennement deux heures de trajet pour venir et repartir de leur lieu de travail. Cela explique d’ailleurs les difficultés de recrutement rencontrées dans certains secteurs. […] Construire beaucoup plus de logements dans les communes limitrophes pour nos actifs doit être une priorité absolue, dont l’État monégasque bénéficiera via la TVA sur leur consommation. » L’attractivité de Monaco, son développement économique, mais aussi la paix sociale, en dépendent.