Edito n°1251 : « Autosolisme »

Nous sommes en 2022, mais une écrasante majorité de trajets entre le domicile et le travail se font en voiture, et seul. Pourtant, peu à peu, les applications de partage de trajet commencent à émerger. Cependant, la progression est lente, et parfois difficile. Résultat, à Monaco, comme en France, le taux d’occupation moyen des voitures entre le domicile et le travail est situé autour de 1,1. Pour décrire ce phénomène, on parle d’« autosolisme », et donc d’« autosolistes ». Face à ce constat, le gouvernement monégasque a décidé d’agir. En septembre 2020, il s’est associé avec l’application Klaxit pour tenter de donner un coup de fouet à une pratique qui vivotait, sans jamais parvenir à s’imposer réellement. Loin de ressentir une quelconque culpabilité écologique, le conducteur qui se déplace seul n’a souvent pas conscience qu’il pourrait non seulement faire du bien à la planète, mais en plus amortir les dépenses liées à son véhicule, à l’heure où le prix des carburants alimente beaucoup de discussions [à ce sujet, lire notre dossier spécial Inflation : coup de chaud sur les prix, publié dans Monaco Hebdo n° 1250 – NDLR]. Mais ce n’est pas tout. Des voitures mieux remplies, c’est aussi moins de voitures, et c’est donc une circulation plus fluide, alors que Monaco est souvent paralysée par des embouteillages le matin et le soir. Si le covoiturage semble une solution évidente, un choix « gagnant-gagnant » même, il peine pourtant à se développer. Il faut dire que la voiture est parfois la réponse à des emplois du temps compliqués, liés à des impératifs familiaux qui demandent une réelle souplesse. Alors, pour doper le covoiturage, l’État monégasque a décidé d’être incitatif. Pour cela, il rémunère le conducteur qui accepte de faire du covoiturage, pendant que le trajet est gratuit pour les passagers. Mis en place en septembre 2020, ce dispositif a été prolongé jusqu’à fin 2023. Si la principauté compte plus de 53 000 salariés, Klaxit avait séduit 1 750 utilisateurs en juin 2022. Par « utilisateur », on entend une personne qui a fait du covoiturage au moins une fois dans l’année. « Depuis notre lancement, en septembre 2020, nous avons fait un peu plus de 50 000 trajets. En juin 2022, nous avons fait 7 830 trajets. En semaine, nous sommes autour de 400 trajets par jour », détaille François Fantin, directeur régional du développement PACA-Monaco-Auvergne-Rhône-Alpes de Klaxit. Persuadé qu’il ne peut pas y avoir de covoiturage sans subventions, François Fantin sait qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire de cette pratique une évidence. Mais il note une jolie progression. Monaco fait mieux que Nice, par exemple. C’est déjà ça.