Edito n°1249 : Surtourisme

Faut-il interdire les bateaux de croisière à Monaco ? C’est la question que s’est posée cette semaine la rédaction de Monaco Hebdo. L’actualité est là pour nous rappeler que cette problématique est devenue, au fil du temps, une véritable préoccupation pour les associations, les ONG, les riverains, et un certain nombre de politiques. D’ailleurs, le 7 février 2022, un collectif de 25 maires, porté par le Marseillais Benoît Payan, a demandé, dans une tribune au Monde (1), un resserrement des normes concernant les émissions polluantes émises par les bateaux qui circulent en Méditerranée. « Notre jardin commun, la Méditerranée, se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux », lancent ces élus, tout en rappelant que « la Méditerranée est la mer de tous les passages et de tous les commerces depuis l’Antiquité : elle ne représente que 1 % de la surface des mers du globe, mais elle concentre 25 % du trafic maritime et 30 % du trafic pétrolier. Sa biodiversité est unique au monde, 500 millions de personnes peuplent ses côtes et, pourtant, le retard pris dans la protection de la nature et des populations est majeur ». Face à ce constat et à ce cri d’alarme, l’industrie des croisières répond, et assure mobiliser beaucoup d’argent pour être plus écolo : plus de 22 milliards ont ainsi été annoncés en 2019 par Cruise Lines International Association (CLIA), une association qui représente l’industrie internationale des croisières. Objectif : « Des navires dotés de nouvelles technologies et de carburants plus propres, afin de réduire les émissions atmosphériques et d’accroître l’efficacité énergétique. Les lignes de croisières CLIA ont pris l’engagement en décembre 2018, pour l’ensemble de leur flotte, de réduire leurs émissions de carbone de 40 % d’ici 2030 par rapport à 2008 », souligne cette association. En attendant, les politiques sont passés du discours à l’action. Ainsi, pour la première fois, le 17 juin 2022, Nice a expulsé un bateau de croisière jugé trop polluant et bruyant. Le ton monte contre ces géants des mers, ce qui a même conduit certaines villes à les exclure, comme Venise qui a cherché à les éloigner du centre historique, pour éviter le surtourisme. Du coup, en principauté, certains se posent la question. Faut-il franchir le pas et ne plus accueillir de bateaux de croisière ? En plus du bénéfice écologique, cela permettrait à la principauté de marquer les esprits à l’international, en s’érigeant comme un modèle sur ce sujet. C’est finalement une position médiane qui a été adoptée par le gouvernement. Depuis fin 2021, le port Hercule n’accueille plus que des bateaux d’une taille maximale de 250 mètres et d’une capacité inférieure, ou égale, à 1 250 passagers. Cela a eu pour effet de réduire le nombre de croisières à 130 en 2022, contre environ 200 les meilleures années. Mieux que rien diront certains, pendant que d’autres seront déçus.

1) « Notre jardin commun, la Méditerranée, se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux », tribune collective publiée dans Le Monde le 7 février 2022, par un collectif de 25 maires, à l’initiative du Marseillais Benoît Payan (PS).