Edito n°1241 : Pénurie

Pénurie. Depuis quelques semaines, le mot est lâché. Que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux, images à l’appui, certains produits manquent à l’appel. Des photos de rayonnages partiellement vides publiées sur Twitter provoquent l’interrogation, et parfois l’inquiétude. Aux États-Unis, une polémique autour d’une pénurie de lait pour bébés a viré à la crise politique. Plus près de nous, devant l’assemblée générale des actionnaires, le 13 mai 2022, Florent Menegaux, le patron de Michelin a confié au Monde : « Vous voulez un résumé de la situation ? On n’a rien connu de semblable depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est le chaos ! Un bazar innommable ! ». Dans son dernier communiqué financier, le numéro un mondial des pneumatiques souligne que « les perturbations opérationnelles et les tensions inflationnistes ont été exacerbées par le conflit en Ukraine et par la résurgence du Covid-19 en Chine ». Manque de matières premières, pénurie de semi-conducteurs, bateaux bloqués dans certains ports… La situation est complexe. Cette semaine, la rédaction de Monaco Hebdo a cherché à savoir en quoi la principauté est touchée par cette pénurie. Nous sommes donc allés à la rencontre des acteurs de la grande distribution implantés à Monaco, afin de mieux comprendre la situation. Quelques produits commencent à se faire rares, comme nous l’a confirmé Patrick Lampasona, directeur du supermarché Casino du port de Monaco : « Nous rencontrons actuellement des problèmes avec l’huile de tournesol et certaines conserves de légumes, parce que les fournisseurs n’arrivent plus à trouver d’emballage en ferraille ». Mais le ton est à l’optimisme, chacun expliquant que des solutions sont à l’étude, et que rien ne justifie l’affolement. Reste à contenir les achats en trop grandes quantités, réalisés par certains clients inquiets. « Il faut que les gens comprennent que s’ils ont une habitude de consommation normale, s’ils ne se stockent pas, on ne va pas créer de pénurie », martèle Felipe Villalobos, directeur des supermarchés U de la principauté. « Ce n’est pas une pénurie, c’est juste que les filières d’approvisionnement classiques ne sont plus les filières qui vont nous approvisionner pendant les semaines, voire les mois à venir », souligne pour sa part Rémi Feipeler, directeur de Carrefour Monaco. Le contexte est aussi favorable à la spéculation et aux profits pour quelques-uns. « Certains profitent de la situation pour augmenter les prix. Il y a des malins qui ont stocké, et qui arrivent à faire de beaux bénéfices », nous a confirmé Francis Poidevin, vice-président de l’association des industries hôtelières monégasques (AIHM). De quoi raviver l’incompréhension et la colère de certains consommateurs.