Edito n°1238 : Manipulation

Maintenant, on sait. Pour les cinq prochaines années, la présidence de la France sera assurée par Emmanuel Macron. Comme en 2017, Marine Le Pen a échoué, mais le Rassemblement National (RN) a réalisé le meilleur score de son histoire, avec 41,5 %, contre 58,5 % pour son adversaire. À Monaco, les Français installés en principauté ont aussi voté [à ce sujet, lire notre article Présidentielle 2022 : forte hausse du vote blanc chez les Français de Monaco, publié dans ce numéro, NDLR]. Comme au niveau national français, c’est le président sortant qui s’est imposé en principauté, avec 53,83 des suffrages exprimés. En élargissant au niveau du département des Alpes-Maritimes, le résultat est identique. Emmanuel Macron a gagné, même si c’est avec un très faible écart cette fois, avec 50,13 % des suffrages, et un taux de participation à 72,11 %. Si à Nice, Macron a récolté 55,39 % des votes, avec une participation de 67,86 %, autour de Monaco la situation est très différente. Dans ces communes, c’est Marine Le Pen qui s’est systématiquement imposée. À La Turbie, elle a fini devant Macron, avec 53,91 % des suffrages, et un taux de participation à 71,72 %. À Cap d’Ail, le scénario est identique : victoire de Le Pen, avec 52,81 % des voix (participation à 69,36 %). Elle s’est aussi imposée à Roquebrune-Cap-Martin (53,35 % des voix, avec 73,85 % de participation), à Beausoleil (50,24 %, 66,48 % de participation), et à Menton (56,79 %, 71,42 % de participation). Jamais le RN n’a semblé aussi fort, que ce soit à Monaco ou dans les communes limitrophes. Désormais, tous les regards sont tournés vers les élections législatives, qui se dérouleront les dimanches 12 et 19 juin 2022. Marine Le Pen sera candidate à sa réélection. Elle tentera de conserver la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, où elle a été élue en 2017. Le leader de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a qualifié ces élections législatives de « troisième tour », et il compte bien bâtir une majorité lors de ces élections pour s’opposer à Emmanuel Macron. En marge de ce contexte électoral, une petite musique est apparue. Dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 avril 2022, l’élue trumpiste de l’Arizona au Sénat, Wendy Rogers, a lancé sur Twitter l’idée qu’une fraude aurait été commise lors du second tour de la présidentielle française. Dans la foulée, un mouvement lié au complotisme électoral s’est mis en marche sur Internet, que ce soit sur Telegram, sur Twitter, ou sur des chaînes conspirationnistes, notamment. Voilà pourquoi cette semaine Monaco Hebdo s’est interrogé sur l’influence d’Internet pendant les périodes électorales. Avec environ 8 000 Monégasques qui votent pour les conseillers nationaux et pour les conseillers municipaux, la principauté est particulièrement sensible aux réseaux sociaux, dont l’influence est de plus en plus pesants d’un scrutin à un autre. Face à la manipulation de l’information, faut-il créer à Monaco une structure de vigilance dédiée, comme la France vient de le faire en lançant Viginum ? Alors que les élections nationales de février 2023 approchent, le débat reste ouvert.